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Des valeurs citoyennes pour l’orientaton sociale d’une politique de développement: L’impact de la solidarité

Publié le vendredi 11 juin 2021  |  La Nation
Candide
© aCotonou.com par DR
Candide Ahouansou, ancien ambassadeur du Bénin
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Le Chef de l’Etat a décidé de donner une meilleure orientation sociale à la politique de développement qu’il mène depuis son accession à la magistrature suprême en 2016. S’il est vrai que sa nouvelle stratégie ne requiert pas un changement fondamental du système économique sous lequel les affaires publiques sont conduites jusqu’alors, du moins devra-t-elle s’accommoder de nouvelles valeurs pour la sous-tendre et garantir son efficacité.


Nous proposions alors d’instaurer, sans avoir pu la justifier comme il convenait en raison des exigences de la presse écrite, la célébration d’une journée de solidarité pour soutenir l’orientation en question et terminions notre réflexion par les termes suivants : Dans un système démocratique, émettre des idées fait la quintessence de la vie sociopolitique. Ne pas les prendre en considération, tout au moins pour les examiner, c’est là qu’est le désagrément ». Dans la présente, nous justifions le bien-fondé du recours à la valeur solidarité.

De la nécessité de la prise en compte de nouvelles valeurs
A notre jugement, l’orientation dont il est question ne devrait pas être perçue sous le seul angle technique d’accroissement des investissements sociaux ou de renforcement des composantes sociales des projets de développement, mais aussi sous celui de la nécessaire adhésion et de la contribution du peuple en vue de sa réalisation. Et cette contribution ne peut se faire que par le biais de l’expression et de la prise en compte des idées venant aussi de ce peuple. Il est de ma profonde conviction que nous pouvons nous féliciter du fait qu’ici, en République du Bénin, nous sommes un champ verdi d’idées, mais que celles-ci finissent, trop souvent, par se laisser intimider et décourager, à leur corps défendant, par manque d’écoute. Nous sommes un champ verdi d’idées, autrement les réformes audacieuses et salutaires entreprises jusqu’alors par le régime en place n’auraient pu se faire. Mais, l’on devrait convenir que les idées ne sont pas l’apanage des seuls cabinets ministériels ;
l’intellectuel ordinaire en a, le citoyen ordinaire en a aussi, et il sied de ne pas en faire abstraction ni de les balayer d’un revers de main sous le seul et fallacieux prétexte qu’elles ne viennent pas des décideurs. Autant le régime révolutionnaire de naguère a développé en nous la fibre patriotique, autant le régime de la Rupture développe en nous la confiance en notre intelligence collective ; aussi sied-t-il de ne pas contrarier ce mouvement dans les faits.

De la nécessité de l’instauration de journées nationales thématiques

L’Organisation des Nations Unies a instauré une multitude de journées internationales qu’elle invite la communauté internationale à honorer chaque année. Par ces journées thématiques, elle exhorte les gouvernants à sensibiliser leurs populations aux différents sujets de développement en vue d’un bien-être global de l’humanité ; cela sans préjudice des journées que pourront organiser les autorités nationales selon leurs besoins spécifiques. Notre pays a retenu depuis fort longtemps le bien-fondé de ce principe et a institué un certain nombre de journées de réflexion. Célébrer une journée de manière cyclique et régulière avec une thématique spécifique, c’est conscientiser le peuple sur un sujet, lui faire saisir et admettre l’importance du sujet pour le bien être-social et aussi son bien-être personnel, en définitive. Célébrer une journée devrait servir soit à promouvoir une idée à l’échelle nationale soit à renforcer une lutte que mène l’Etat contre un phénomène négatif qui freine l’épanouissement de l’individu, et partant, le développement. C’est une arme d’éducation sociale massive et de développement que l’on ne devrait pas mésestimer ;
et c’est dans ce cadre que nos gouvernants successifs ont institué un certain nombre de mois, de quinzaines et de journées. Nous citerons entre autres, le mois du service public portant zéro dossier en instance dans les tiroirs, le récent mois du ‘’ consommer local’’ initié par le Conseil des ministres de l’Uemoa, la quinzaine de l’emploi, une défunte quinzaine de solidarité nationale, la journée nationale de l’arbre, la journée du Vodoun, et la journée des affaires sociales.

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Nous suggérons l’instauration d’une journée de solidarité nationale
Nous nous sommes rendu compte que cette journée avait une histoire liée au sort que les deux derniers gouvernements ont réservé à la solidarité dans notre pensée politique et dans l’ossature gouvernementale de notre pays. En effet, ce fut en 2012 que la solidarité entra dans notre pensée politique en tant que valeur citoyenne avec la création d’un Haut-commissariat pour la solidarité nationale. C’est alors que l’on célébrait, non pas une journée mais une quinzaine de solidarité nationale. Mais en 2016, le régime de la Rupture rompit avec cette valeur en la supprimant de l’ossature gouvernementale et, semble-t-il, en la dissolvant dans les affaires sociales. C’est ainsi que dès 2016, nous avons renoué avec la célébration d’une journée des affaires sociales instaurée depuis 1988. Il est de notre opinion qu’affaires sociales et solidarité ne se recoupent pas. L’expression affaires sociales rime avec assistance et actions ponctuelles à l’endroit de populations spécifiques dans le besoin. La notion est donc objectivement sectaire, sans jamais pouvoir prétendre dégager une philosophie susceptible de rassembler le peuple dans son entièreté.
Solidarité investit tous les domaines d’activités socioéconomiques. Elle est facteur de rapprochement des couches sociales dans un environnement national où les riches côtoient les les pauvres, où les moins pauvres côtoient les plus pauvres qu’eux et où les plus pauvres côtoient les pauvres extrêmes. La gestion des affaires publiques est par nature mais aussi par principe solidaire, et il me parait bien difficile de gérer une société à si grands décalages sociaux sans y injecter une bonne dose de solidarité.
La solidarité est également un bon support au développement socioéconomique et notre peuple le sait. Lui qui a participé aux opérations des 120 jours pour équiper nos hôpitaux, aux opérations des 90 jours pour équiper nos centres de formation technique et aux quinzaines de solidarité pour venir en aide aux plus démunis ; ou qui a compris le bien-fondé de ces opérations, faute de n’avoir pu y participer.
Dans le cadre de son soutien général au développement, la solidarité peut aussi se particulariser en servant de support à un système de partenariat économique public-privé. Elle intègre alors, de manière solidaire, des secteurs d’activités professionnelles différentes tout en étant complémentaires.
La solidarité est aussi facteur de développement culturel et de transmission du savoir. Par développement culturel nous entendons l’enrichissement continu des connaissances en tous genres ; et ce développement est aussi bien assuré par l’enseignement dans les écoles que par la transmission empirique résultant du rapprochement des gens, tandis que la solidarité est, dans sa nature, facteur de rapprochement des gens. Il y a donc un lien fonctionnel entre la transmission du savoir et la solidarité. Lorsque je me rapproche de mon cuisinier et que je lui explique les bienfaits ou les ravages sur ma santé, de tel ou tel ingrédient qu’il introduit dans le repas qu’il me prépare, je l’éduque et j’élève son niveau culturel quand bien même de manière empirique. Lorsque je partage avec lui mes connaissances fraichement acquises sur la Covid-19 qui frappe le monde entier, je lui donne l’occasion de se mettre au même niveau d’information que moi et cela est acte de fraternité, sous bassement de la solidarité. Lorsque j’ai le courage et l’honnêteté de lui dire ses droits syndicaux et nos devoirs réciproques, nous nous rapprochons l’un de l’autre et nous nouons des liens de solidarité citoyenne. Toute transmission relève objectivement de la solidarité, et pour cause. Transmettre spontanément et gracieusement est un acte généreux et noble qui ne peut être mû que par un esprit de disponibilité à partager avec autrui ce que l’on sait aux fins d’élever son niveau de connaissance et de le rapprocher de soi, de quelque manière. Transmettre, c’est faire preuve de solidarité et aussi assurer le développement continuel du pays.
C’est pour toutes ces raisons que nous souhaitons non pas le rétablissement d’une quinzaine de solidarité, mais la célébration d’une journée de solidarité qui sera inscrite sur le calendrier et fêtée chaque année de manière cyclique et à date fixe de sorte qu’elle s’imprime à jamais dans les esprits.


Comment promouvoir l’esprit de solidarité
La solidarité est une valeur citoyenne de base dont l’on devrait pourvoir l’esprit dès la tendre enfance. L’on devrait commencer par inculquer la notion aux enfants en puisant dans nos traditions empreintes de solidarité endogène et leur enseigner par manuels illustrés interposés, toutes les valeurs pouvant stimuler la solidarité, telles la tolérance, l’empathie et la gentillesse plus accessibles à leur entendement. C’est, au demeurant, la meilleure manière de les prémunir, mais aussi de les aguerrir contre l’esprit de méchanceté qui les guette et qui fera l’objet de notre prochaine réflexion en la matière.
L’on pourrait regretter qu’une valeur aussi fédératrice de la nation entière qu’est la solidarité n’ait pas trouvé place dans l’ossature gouvernementale. La disparition du Haut-commissariat à la solidarité nationale a entrainé celle de la prise de conscience de cette valeur, d’autant qu’il n’y a pratiquement plus d’institution qui en arbore l’esprit. Mais l’on pourrait rétorquer qu’il existe un ‘’fonds d’aide à la solidarité nationale’’ dépendant du ministère des Affaires sociales et qui a pour mission de mener des actions de lutte contre la vulnérabilité, l’exclusion, mais aussi de promouvoir la réadaptation ainsi que l’intégration sociale des personnes handicapées. Il est alors évident que ce ‘’fonds d’aide à la solidarité’’ n’a pas la dynamique nécessaire pour aider à la réorientation de la politique du Chef de l’Etat. Et il convient de se demander, en considérant sa dénomination et son rôle, si c’est la solidarité nationale qui a besoin d’assistance ou si c’est l’assistance qui a besoin de la solidarité nationale.
En tout état de cause, il est de ma profonde opinion que si le régime de la Rupture voulait entrer pleinement et de manière singulière dans l’histoire, il conviendrait qu’après la phase du développement tous azimuts, il matérialise à jamais sa phase sociale en instaurant cette journée de solidarité nationale.



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