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Bénin/Vague d’arrestations et Législatives de 2023: Vincent Foly accuse Les Démocrates et alerte

Publié le mardi 29 juin 2021  |  Matin libre
Vincent
© Autre presse par DR
Vincent Foly,journaliste éditorialiste
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(Si la situation évolue dans ce sens, 2023 sera un boulevard pour le pouvoir)

« Législatives de 2023 : quel type d’opposition pour 2023 et autres défis d’urgence ? ». Ainsi s’intitule le plateau « 100%Bénin » de Sikka Tv, qui recevait entre autres, Eugène Azatassou, l’un des vice-présidents du parti de l’opposition Les Démocrates, et le journaliste éditorialiste Vincent Foly (photo). Connu pour ses prises de position contre la gouvernance Talon à la tête du pays depuis 2016, le directeur de publication du quotidien d’information La Nouvelle Tribune (fermé depuis 3 ans) ne s’est pas empêché de critiquer la passivité des responsables du parti de l’ancien chef de l’Etat, Yayi Boni, face à la vague d’interpellations et d’emprisonnements enregistrés pendant la période électorale. Dans son analyse, Vincent Foly attire l’attention sur un probable scénario d’exclusion qui guetterait à nouveau cette force de l’opposition aux législatives de 2023, si rien n’est fait pour inverser les rapports de forces. Lire le verbatim de la séquence.

« La technique qu’il attend que le gouvernement développe en 2023 est déjà en place : l’exclusion, c’est la politique d’exclusion. Ça ne va pas changer. Et le professeur dit tantôt, oui si nous ne nous asseyons pas, il n’y aura rien et que la situation risque d’être ce que nous avons connu. On ne peut pas s’asseoir si on n’impose pas l’inversion de ce que j’appelle les rapports de forces. Si le pouvoir qui est là ne sent pas qu’il y a une opposition pugnace, capable de lui résister, il ne va pas s’asseoir avec elle. Actuellement, ce qui se passe est extrêmement grave. L’opposition est complètement tétanisée. Aux lendemains des élections, les leaders ont été arrêtés. On attendait une réaction des Démocrates, je suis devant lui ; il y a eu leur leader, celui qu’ils avaient porté pour être leur candidat, qui a été arrêté. Je n’ai vu aucune réaction de leur part. Il pourra certainement me dire qu’est-ce qui s’est passé. Il y a eu le professeur Aïvo, il y a eu d’autres arrestations. Mais nous sommes en démocratie, et ils ont créé un parti, le parti a des ramifications dans le pays, moi j’attendais que ces démembrements de ce partis s’organisent et répondent au pouvoir. Or, actuellement, c’est le calme plat. Les gens vont être jugés dans quelques jours, et tout le monde se tait. Il y a comme une situation inacceptable de silence plat dans la classe politique comme si ce qui se passait devant nous était normal. Or, ce qui se passe devant nous, si la situation évolue dans ce sens, 2023 sera un boulevard pour le pouvoir qui aura beau jeu de dire : écoutez, moi je veux bien que l’opposition vienne pour le Parlement moins monocolore ; il va trouver des Iréné Agossa, des Kohoué, des Hounkpè pour former une petite frange de députés qui ne pourra rien changer. Et on dira que nous avons un Parlement multicolore, un Parlement pluraliste. Et ce qui risque d’arriver avec ce que le pouvoir fait, c’est qu’on peut arriver. Et moi je dis de veiller à cela, je parle au professeur, que dans la foulée des procès qui se déroulent qu’on en vienne, comme en Côte d’Ivoire, moi j’ai vu hier le parti de Soro a été dissout par le Tribunal. Et je ne sais pas… Si vous vous taisez, on peut arriver à dissoudre Les Démocrates, et là ce serait extrêmement grave pour notre pays. (…) Par rapport à ce que le professeur a dit, il a parlé de la nécessité de s’asseoir après tout ce qui s’est passé aux législatives, aux communales et à la présidentielle. Et il a dit : moi je veux voir la technique qui va être mise en place. Et je dis au professeur que la technique est déjà là ; c’est-à-dire l’exclusion. Ça ne va pas changer. Il ne s’agit pas de rester dans une position défensive.

Ils sont déjà un parti : Les Démocrates et qui a des structures dans presque tous les départements pour ne pas parler de toutes les communes du pays. Et je suis désolé de constater que depuis la présidentielle, on ne sent pas l’existence de ce parti… Nous avons une opposition, au moins dans le pays, représentée par des partis qui ont été exclus. Il y a l’Usl qui n’est pas dans le processus, il y a Les Démocrates qu’on connaît, et avant ça c’était les Fcbe, mais en dehors de ça nos amis communistes qui sont dans une position d’opposition, ils n’ont jamais dit qu’ils sont avec le pouvoir, et nous avons une kyrielle de partis, une bonne dizaine aujourd’hui qui disent qu’ils sont de la Mouvance. Ça au moins c’est clair. Dans l’opposition réelle là, nous avons Les Démocrates, nous avons nos amis communistes, et nous avons les gens de l’Usl et peut-être Restaurer l’espoir, j’ai oublié. Et j’oublie certainement certains qui ont déclaré qu’ils sont de l’opposition. (…) Ce qui est important, c’est de savoir quelle stratégie l’opposition va mettre en place dans ce contexte que nous avons. Et moi j’ai décrit ce contexte d’après la présidentielle qui est un contexte de calme plat, et d’un calme qui ne nous rassure pas. Actuellement, des leaders de cette opposition sont en prison, certains sont en exil je veux parler du ministre Koutché, pour ne pas parler du ministre Djènontin. Comment tous ceux-là vont se rassembler ? J’avais déjà dit avant la présidentielle qu’il faut appliquer ce que les Marxistes appellent, c’est Mao qui a eu ce mot, je crois que le professeur ne va pas me démentir, qu’il faut distinguer la contradiction principale des contradictions secondaires. Résoudre la contradiction principale. Quelle est la contradiction principale que nous avons à régler, c’est celle qui nous oppose à celui qui a mis la démocratie entre parenthèses ; celui qui est au pouvoir. Et il faut chercher à se rassembler. J’ai prêché ce rassemblement en disant l’argumentaire n’a pas changer, nous avons toujours un pouvoir qui est antidémocratique ; n’ayons pas peur de le dire et je peux développer largement, pour dire que même ceux qui sont dans la Mouvance, ils ne sont pas à l’aise. Aucun d’entre eux n’a eu le courage, vous avez vu il y a des figures de proue dans cette Mouvance : il y a le ministre Bio Tchané, le ministre Koupaki, il y a l’ex ministre Sèhouéto Lazare. Qui d’entre eux à lever la tête pour dire je veux être candidat au sein de cette Mouvance ? On n’a vu personne. Donc le problème que nous avons, nous avons un pouvoir qui écrase même les gens de la Mouvance, qui les empêche de s’exprimer ; on n’a jamais vu ça dans notre pays. Il y a des gens qui étaient proches d’avoir les 70 ans, qui auraient pu dire nous voulons nous présenter. On a vu qu’un silence plat comme si : écoutez, je gouverne pour vous, taisez-vous le reste je m’en occupe, je m’occupe de l’opposition. L’opposition sait déjà à quoi s’en tenir. Elle est muselée, elle a à assumer ça ; et nous avons un pouvoir monolithique, qui instaure une sorte de pensée unique, qui dirige le pays à sa guise et qui impose sa loi aux deux parties y compris la Mouvance et l’opposition. Donc cette situation ne peut pas durer. Il faut faire en sorte que les rapports de forces puissent être inversés. Nos amis des Démocrates ont créé une force terrible ; un parti mais j’ai vu à un moment donné, ils couraient derrière le récépissé, avant la présidentielle ; eh, le récépissé va venir. Et puis, ils ont brandi ça comme un trophée de guerre en disant nous avons notre récépissé. Or, pour aller à la présidentielle, personne n’a besoin de parti parce qu’on nous a toujours dit que le candidat à la présidentielle c’est la rencontre d’une personne avec son peuple. Il n’a pas besoin de parti… Ils sont été quelque peu naïfs en trainant inutilement derrière un récépissé. Et pendant ce temps, le pouvoir s’est organisé et a tout goupillé, a trouvé le système de parrainage sur lequel les gens auraient pu faire un combat pour dire que c’est le sommet de l’exclusion qui était venu : le parrainage ; parce qu’on a dit, il faut au moins seize élus pour aller à la présidentielle. Dès qu’on a dit ça, on a oublié qu’on a dit dans cette disposition du code électoral, seize élus au moins. Ça a permis à celui qui est au pouvoir d’arracher 118 alors qu’il n’avait besoin que de 16. Et la Cour constitutionnelle qui aurait pu réguler en disant vous en avez eu plus que les autres, essayons de partager pour avoir plus candidats, n’a pas pu faire ça. (…) Il y a nécessité de s’organiser face au rouleau compresseur du pouvoir qui est prêt à appliquer la seule méthode qu’il connaît : l’exclusion… Les assises nationales que nos deux amis appellent de leur vœux ne peuvent pas intervenir si le pouvoir ne sent pas quelque chose l’oblige à aller. Vous savez, en 90, la Conférence nationale n’est pas venue comme un cheveu sur la soupe. C’est qu’il y avait un mouvement qui appelait à cette dynamique-là, et le président Kérékou a été obligé de tenir. Il faut faire en sorte que le président Talon soit obligé de s’asseoir avec ses opposants ».



Transcription Worou BORO
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