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Mettons fin à la pauvreté énergétique en Afrique: Universaliser l’accès à l’électricité grâce aux énergies renouvelables

Publié le mardi 6 juillet 2021  |  Matin libre
Célébration
© aCotonou.com par EG et JT
Célébration des 50 ans de la CEB: son DG Karimou SIKA annonce l’exploration de nouveaux chantiers
Lomé, le 27 juillet 2018. Salle de conférence de la CEB (Communauté Electrique du Bénin). A l’occasion de la célébration des 50 ans d`existence et d`activités de l`institution qu`il dirige, Karimou Chabi SIKA, DG de la CEB, annonce l’exploration de nouveaux chantiers au profit des populations du Togo et du Bénin. Au titre de ces chantiers, figure en grande place l’exploration du domaine de la télécommunication grâce aux fibres optiques dont dispose la CEB. Créée le 27 juillet 1968, cette Communauté a pour principale mission de fournir l’énergie électrique en quantité, en qualité et à moindre coût au Togo et au Bénin dans un esprit d’équité environnementale et sociale.
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Par Frans Timmermans et Fatih Birol

Près de 800 millions de personnes n’ont toujours pas accès à l’électricité à travers le monde, dont 600 millions en Afrique subsaharienne. C’est une injustice flagrante à une époque où les inégalités entre riches et pauvres ne cessent de se creuser. Et pourtant, grâce à la baisse rapide du coût des énergies renouvelables et aux investissements verts qui devraient faire suite à la pandémie, nous pourrions mettre un terme à la pauvreté énergétique au cours des 10 prochaines années. Donner accès à l’énergie à tous d’ici à 2030 est possible, mais pour cela il faut aller plus vite. C’est pourquoi l’Agence internationale de l’énergie et la Commission européenne invitent leurs partenaires à placer l’accès à l’énergie au cœur de la coopération avec l’Afrique.



Grâce aux avancées technologiques qui ont permis une baisse sans précédent du coût des énergies renouvelables, les prix de l’électricité ont atteint des niveaux historiquement bas. Ces vingt dernières années, ce sont surtout les centrales à charbon qui ont permis la généralisation massive de l’accès à l’électricité. Mais aujourd’hui, il n’y a plus de raison d’investir dans le charbon. Le continent africain est un champ idéal pour exploiter l’énergie solaire, prouvant déjà aujourd’hui qu’une trajectoire « plus propre » est possible. Entre 2014 et 2019, 20 millions d’Africains ont eu accès à l’électricité pour la première fois. Le plus souvent, c’est grâce à des installations solaires et hydroélectriques de plus en plus compétitives. Ces sources d’énergie abondantes sur le continent peuvent aussi contribuer à développer l’emploi au niveau local tout en évitant de lourdes factures énergétiques liées à l’importation.

Malheureusement, malgré les progrès technologiques, le monde n’est pas en voie d’atteindre l’accès universel à l’énergie en 2030, ainsi que nous nous y sommes engagés et la crise du COVID-19 a causé plus de retards. L’année dernière, le nombre d’habitants d’Afrique subsaharienne sans accès à l’électricité a augmenté pour la première fois en huit ans. Les restrictions dues à l’épidémie ont mis un coup d’arrêt au raccordement de logements, d’entreprises, d’écoles et d’hôpitaux, alors même que le ralentissement de l’économie mondiale faisait peser des contraintes lourdes sur les budgets des États africains. Cela a limité leur marge de manœuvre en matière de financement des investissements dans les énergies propres, faisant basculer des millions de personnes dans l’extrême pauvreté, et les privant aussi de services fondamentaux comme l’accès à l’électricité.

Les coûts initiaux d’installation font partie des obstacles au déploiement du solaire et autres technologies renouvelables en Afrique. En effet, si la matière première énergétique – les rayons du soleil et le vent – est gratuite, cela ne vaut qu’à partir du moment où les centrales solaires et éoliennes sont construites et mises en service. Or, dans les économies en développement, la mise en place de mini-réseaux ou de systèmes solaires individuels autonomes coûte très cher, en particulier dans les communautés rurales dont les moyens financiers sont limités.


En outre, les sociétés prêtes à se lancer dans de nouveaux projets d’énergie renouvelable ne sont pas toujours en mesure de garantir la stabilité immédiate des recettes et ont du mal à attirer les investisseurs. De manière générale, le coût du capital est nettement plus élevé dans les économies en développement, ce qui constitue un obstacle supplémentaire à la réussite de tout projet d’énergie renouvelable. Ces difficultés sont à présent exacerbées par la pandémie qui affecte bien plus durablement les économies de nombreux pays en développement, en Afrique mais aussi ailleurs.

Il existe des solutions : adopter des modèles économiques novateurs fondés sur l’abonnement de services et le crédit-bail (pay-as-you-go) pour échelonner les coûts initiaux ; perfectionner les cadres stratégique et réglementaire en place pour permettre l’avancée d’un plus grand nombre de projets ; et mobiliser davantage les organisations internationales et régionales afin d’accompagner l’essor du secteur et d’amoindrir les coûts de financement des projets d’énergie renouvelable.

Il est urgent que tous les États et organisations internationales concernés réaffirment leur engagement pour mettre un terme à la pauvreté énergétique d’ici à 2030, notamment à l’occasion du Dialogue de haut niveau sur l’énergie que l’ONU s’apprête à tenir. À charge pour nous de soutenir cet engagement par une action plus forte.

L’Union européenne et l’Agence internationale de l’énergie travaillent ensemble afin que l’accès aux énergies propres fasse partie intégrante de l’action internationale pour atteindre la neutralité en gaz à effet de serre. C’est ainsi qu’il sera possible de réduire l’inégalité d’accès à l’énergie sans augmenter les émissions nocives des énergies fossiles. l’AIE et la Commission européenne, à travers de son initiative en faveur des Énergies Vertes, placent l’accès aux énergies propres au cœur de leur collaboration avec les États africains. Nous nous emploierons à accroître le nombre des personnes, entreprises et secteurs ayant accès à des services énergétiques durables et modernes à un prix abordable en Afrique. En 2021, l’Initiative en faveur des Énergies Vertes de la Commission entre dans une nouvelle phase, qui consistera à allouer des fonds, à apporter une assistance technique et à mettre à disposition d’autres instruments financiers pour soutenir l’investissement dans la production d’électricité d’origine renouvelable et pour agir en faveur de l’efficacité énergétique dans toute l’Afrique.

Au cours des sept prochaines années, la lutte contre le changement climatique représentera 30% du budget de l’Union européenne alloué à la coopération internationale. Mais le financement public ne suffira pas. Les investissements du secteur privé seront donc déterminants et de nombreuses entreprises européennes sont déjà prêtes à intervenir. Mais pour que nous réussissions à en finir avec la pauvreté énergétique en Afrique, il faut que le monde agisse de concert : en arrêtant de financer la production d’électricité au charbon, en intensifiant la coopération visant à étendre les filières propres en Afrique et en augmentant l’échelle du soutien financier apporté par les économies avancées.

À l’évidence, l’accès aux énergies propres ne se limite pas au cadre de l’action climatique. Les énergies renouvelables offrent des débouchés intéressants et un moyen de produire de l’électricité à bas coût. Investir dans les énergies propres constitue une véritable stratégie de développement économique. Nous comptons sur tous afin d’agir de manière concrète avec nous et d’en finir ainsi avec la pauvreté énergétique au cours de la décennie à venir.
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