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Zambie: Kenneth Kaunda inhumé au cimetière des chefs d’État contre la volonté de sa famille

Publié le vendredi 9 juillet 2021  |  Matin libre
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© AFP par Joseph Mwenda
Le président zambien Michael Sata
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En Zambie, la Haute Cour de Justice rejette le recours déposé par l’un des fils de Kenneth Kaunda dans son bras de fer avec le gouvernement autour du lieu de l’enterrement du père de l’indépendance. Le juge a décidé d’autoriser l’inhumation mercredi 7 juillet de Kenneth Kaunda au cimetière des anciens chefs d’État, à Embassy Park, face au siège du gouvernement. La veille, des membres de sa famille avaient demandé qu’il soit enterré auprès de sa femme.



Dans une lettre, le juge de la Haute Cour dit comprendre les motivations de la famille de Kenneth Kaunda de vouloir une cérémonie dans l’intimité. Mais rajoute que l’intérêt général doit l’emporter. C’est donc une cérémonie publique qui s’est tenue ce mercredi 7 juillet à la cathédrale de Lusaka en présence du président Edgar Lungu, des dignitaires et des membres de l’opposition.

Et c’est au cimetière des anciens chefs d’État que le père de l’indépendance a été enterré, conformément aux souhaits du gouvernement, mais contre ceux d’une partie de sa famille.

Son fils Kawecha avait en effet déposé un recours mardi pour réclamer que son père soit inhumé auprès de son épouse Betty Kaunda, recours finalement rejeté. Mais le fis cadet de Kenneth Kaunda, Tilyenji, veut toujours y croire. Selon lui, il faut procéder à deux inhumations. Enterrement mercredi au carré présidentiel, et jeudi ou vendredi, exhumation puis nouvel enterrement au cimetière familial à State Lodge.

Tournure politique…

Ce bras de fer autour de l’enterrement de Kenneth Kaunda a également pris une tournure politique à un mois de l’élection présidentielle. Une évolution qui n’a pas vraiment surpris O’Brien Kaaba, professeur à l’université de Zambie.


« Je m’attendais à de telles dissensions. En Zambie, déjà deux présidents sont décédés pendant leur mandat (Levy Mwanawasa et Michael Sata) et à chaque fois leurs funérailles ont été détournées par des stratèges en campagne. Étant donné que nous avons bientôt des élections, ce n’est pas étonnant qu’il y ait de tentatives de récupération. Car le parti au pouvoir veut exploiter la mort de Kenneth Kaunda à des fins politiques et utiliser ses funérailles comme une stratégie de campagne. Qu’ils n’aient pas voulu que la famille organise une cérémonie privée ne doit donc pas nous surprendre. Je pense que les autorités cherchent à se rendre sympathiques aux yeux de la population et espèrent voir cette sympathie se manifester dans les urnes. »

Que reste-t-il de l’esprit de Kaunda en Zambie?

Nic Cheeseman : Comme beaucoup de dirigeants de sa génération, on se souviendra toujours de Kenneth Kaunda comme l’un de ceux qui s’est battu contre la domination coloniale. L’une des choses que les Zambiens pleurent, ce n’est pas seulement Kaunda en tant qu’individu, mais la mémoire de cette époque où les Zambiens étaient vraiment fiers. Ils venaient de gagner leur liberté, ils étaient indépendants, ils étaient sur le point de construire une nation. Et l’une des choses que les gens pleurent, c’est la perte de cela. Car aujourd’hui la Zambie, en défaut de paiement de sa dette, semble presque revenir à une situation où elle est contrôlée par des forces extérieures.

RFI : Kenneth Kaunda, en 1991, accepte des élections libres. Après sa défaite, il quitte le pouvoir. N’est-ce pas aussi une certaine idée de la démocratie que les Zambiens pleurent aujourd’hui ?

Oui et non, car c’est difficile de présenter Kaunda comme un modèle de démocratie alors qu’il avait mis en place un système de parti unique. Je crois que sa mort peut être perçue comme la mort d’un certain style de leadership, inspirant et respectueux. Il n’apparaît pas comme aussi corrompu et irresponsable que les leaders qui lui ont succédé dans la Zambie multipartite. Prenez Edgar Lungu, l’actuel président, il est accusé d’utiliser la répression et la violence dans beaucoup d’endroits pour se maintenir au pouvoir. C’est vrai qu’on aurait pu reprocher à Kaunda la même chose dans les années 1990, mais aujourd’hui il jouit d’une bonne image, car on se souvient de lui comme quelqu’un qui était moins corrompu que Frédérick Chiluba et moins clivant que Edgar Lungu.

Est-ce que les candidats à l’élection présidentielle revendiquent l’héritage de Kenneth Kaunda ?

Il n’est pas certain que les principaux candidats puissent facilement revendiquer son héritage. Nous avons vu le parti au pouvoir tenter le coup, à travers ce voyage sponsorisé par le gouvernement pour exposer le cercueil de Kaunda dans les provinces. Certains ont dit que ce n’était pas la volonté de la famille. Mais Edgar Lungu, en ce moment semble être très mal en point, et il n’a pas fait beaucoup en campagne. D’habitude, des gouvernements ont tendance à exploiter la mort d’une personne au pouvoir pour essayer de renforcer le statu quo. Et je m’attendais à ce que ce soit le cas en Zambie. Mais je pense que c’est probablement parce que Lungu ne va pas bien et qu’il n’est pas en mesure de voyager et de parler que nous n’avons pas vu le genre de choses que nous aurions pu attendre parce qu’il n’était pas en mesure de le faire.



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