Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article
Société

Ressources naturelles: Ce que le Bénin a hérité du colon

Publié le lundi 2 aout 2021  |  La Nation
Le
© Autre presse par DR
Le parc de la Pendjari
Comment


Par Fulbert Adjimehossou,


La France a laissé en héritage au Bénin bien de réserves et forêts classées. Certaines sont devenues le fleuron du tourisme et de la biodiversité.

Pendjari. C’est l’une des destinations touristiques les plus attractives du Bénin. C’est aussi l’une des plus vieilles réserves de faune et de flore dont les origines remontent bien avant les indépendances. Avant d’acquérir son statut de Parc national de la Pendjari par décret n°132/P.R/MAC/EF du 6 mai 1961, juste quelques mois après les indépendances, elle a été plus tôt une chasse gardée de l’administration coloniale. D’une réserve partielle de faune en 1954, la « boucle de la Pendjari » devient une réserve totale le 6 avril 1955. Les zones cynégétiques ont été créées quatre ans plus tard, à quelques pas de l’accession du Bénin à la souveraineté internationale.
Cette réserve n’est pas la seule héritée du colon. « En dehors du parc de la Pendjari, il y a le parc W, les forêts classées qui sont à mettre à l’actif de la colonisation. Au même moment, nos aïeux avaient des forêts sacrées. On devrait pouvoir poursuivre l’œuvre. Mais des réserves, nous avons manqué malheureusement d’en créer à notre tour », note Joséa Dossou Bodjrènou, directeur exécutif de l’Ong Nature Tropicale.
A 40 km de Cotonou à vol d’oiseau, la Forêt classée de la Lama, créée par arrêté en date du 24 décembre 1946 reste un écosystème très prisé au sud du Bénin. A la suite du colon, tout comme la Pendjari, la Lama a connu de grands aménagements. Ecologue, le Professeur Brice Sinsin y est très souvent présent pour des enseignements et la recherche. « J’y ai mis pied pour la première fois en 1984. Il n’y avait pas de piste. C’était difficile d’accès. On était complètement bloqué par l’argile. Mais elle a été très bien aménagée. C’est le bijou de conservation que je vois à travers le monde. Car c’est le meilleur des plans d’aménagement que j’ai vus en zone forestière», confie l’ancien recteur de l’Université d’Abomey-Calavi.


Des bijoux, mais aussi des couacs

Dans les archives consultées, on dénombre aisément plus d’une soixantaine de décisions relatives au classement de forêts et à la mise en place de périmètres de reboisement, entre 1940 et 1960. Beaucoup de ces écosystèmes ont été rattrapés aujourd’hui par l’urbanisation. C’est le cas des périmètres de reboisement de Pahou (18 avril 1940), de Parakou (21 avril 1949), de la forêt de l’Atlantique (4 novembre 1953) et de la ‘’Rôneraie’’ de Ouèdo (22 décembre 1943). De nombreuses décisions ont été prises pour réglementer les exploitations forestières. Le décret du 4 juillet 1935 abrogé par la loi 87-012 du 21 septembre 1987 reste l’ancêtre du code forestier du Bénin. Mais tout n’a pas été rose.
Professeur Michel Boko, climatologue, dénonce des erreurs qu’il met sur le compte de l’économie coloniale. « Avant l’esclavage et la colonisation, les Béninois avaient de bonnes pratiques de gestion de leur environnement et des écosystèmes. C’est l’économie coloniale qui a détruit ces pratiques, notamment par les introductions des espèces allochtones et surtout par l’économie de plantation, bien décrite par Bernard Kayser. Le problème qui se pose pour nous est la reconquête des méthodes ancestrales de conservation de nos écosystèmes », se plaint l’enseignant-chercheur à la retraite. 61 ans sont passés après les indépendances, et le Bénin imprime ses marques, la politique environnementale qui lui convient.
Commentaires