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Modernisation du secteur agricole au Bénin: Une soif de crédit pour booster la production

Publié le jeudi 5 aout 2021  |  La Nation
Agriculture
© Autre presse par DR
Agriculture au Bénin
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Par Fulbert Adjimehossou,

Au Bénin, les producteurs ressentent de plus en plus le besoin de recourir à des crédits agricoles. En 2020, le gouvernement a dû mettre en place une ligne de 100 milliards de F Cfa pour des facilitations financières à cet effet. Plus de 4, 472 milliards de F Cfa ont été déjà accordés.

Un crédit agricole est essentiel pour la vie d’une exploitation. C’est Claude Dénakpo qui le dit. Pour ce promoteur agricole résidant à Zinvié, à 35 km de Cotonou, tout comme l’argent est le nerf de la guerre, les moyens financiers apportent de l’oxygène pour la croissance agricole. Fort d’une décennie d’expérience dans la pisciculture, il a ses raisons. « Dans le sous-secteur piscicole, les installations sont coûteuses. Il y a un véritable besoin de fonds de roulement. Sans me tromper, c’est le sous-secteur qui demande le plus de moyens. Le crédit agricole est donc déterminant pour investir et faire face aux charges de l’exploitation », argumente-t-il.
Et il n’est pas le seul à le croire. Dans une étude publiée en février 2021 dans les annales de sciences économiques de l’Université d’Abomey-Calavi, Augustin Chabossou et Armand Akpa ont réussi à faire le lien entre l’inclusion financière et la croissance agricole. « L’augmentation de l’accès des services financiers à partir de la multiplication des points de services conduit à une augmentation du crédit qui conduit finalement à une augmentation de la production agricole. Autrement dit, l’inclusion financière est un moteur important de la croissance agricole au Bénin », renseigne l’étude.
Ainsi, pour beaucoup de promoteurs agricoles, le crédit est devenu le terreau pour booster la production. En juillet 2020, le gouvernement a décidé de mettre en place, au Fonds national pour le développement agricole (Fnda) « une ligne d’abondement de 100 milliards F Cfa ». Une partie permettra à l’institution de garantir à hauteur de 50 % les besoins de financement exprimés par les exploitants agricoles. Une autre servira à amortir le taux d’intérêt de ces exploitants qui ont des projets d’équipements à 2 %.


Dans les locaux du Fnda à Akpakpa, les dossiers affluent. « Nous avons plus de 3 000 demandeurs. Parce que les producteurs sont restés assoiffés très longtemps de financements. Depuis la disparition de la Caisse nationale de crédit agricole (Cnca), il n’y avait plus d’instrument public dédié au financement de l’agriculture. Ce qui se fait aujourd’hui, c’est de l’inédit », confie Léonard Valère Houssou, directeur général du Fnda. A la date du 30 juin 2021, plus de 4,47 milliards de F Cfa de crédit ont été déjà accordés pour 54 projets. La filière de l’ananas est en tête avec 2,51 milliards F Cfa et un taux d’engagement de 65 %. Vient ensuite la filière des œufs de table pour 594,3 millions de F Cfa de crédit octroyé. Les filières maïs, maraichage, diversification et arboriculture fruitière sont encore loin du taux d’engagement de la filière ananas.
Pourtant, à en croire Valère Houssou, les critères ne sont pas si complexes. Il faut être une Pme/Pmi agricole, une coopérative immatriculée ou un exploitant individuel fiscalement identifiable. Les bénéficiaires doivent disposer d’un projet transformé en « business plan» et identifier eux-mêmes une banque ou un système financier décentralisé.
L’Agence territoriale de développement agricole (Atda) de la zone de production est implicitement associée. « Dans le montage de votre dossier, vous devez faire en sorte d’être reconnus par votre Atda d’origine. Leur rôle est de savoir que le projet existe pour apporter aux producteurs l’encadrement et les informations nécessaires. Le promoteur doit être en mesure de fournir un dossier complet. N’oubliez pas qu’il s’agit du crédit. Il faut connaître le client et son activité. Vous ne pouvez pas demander un crédit à une banque sans avoir des états financiers certifiés. Les premiers bénéficiaires sont ceux qui ont, soit les meilleurs dossiers ou ceux qui sont mieux préparés », martèle le Dg/Fnda.
Cap sur l’inclusion financière

L’engouement n’est pas prêt de baisser. Dans un contexte de changement climatique, les demandes de crédit pour créer des solutions d’adaptation et répondre aux besoins du marché devraient s’accroitre. Les producteurs et institutions financières en sont conscients. Les chercheurs eux aussi ne cessent de prévenir.
« L’adaptation implique l’adoption d’un certain nombre de technologies, dont la maîtrise de l’eau. Ces technologies nécessitent l’apport de crédit. Pour la maîtrise de l’eau, il faut une action collective d’un ensemble de petites exploitations. Ce qui pose d’autres challenges. Pour rendre accessible le crédit agricole, il y a déjà le Fnda. Mais il faudrait mettre aussi en place l’assurance agricole», souligne Prof. Albert Honlonkou, économiste. C’est une occasion que le secteur des assurances devra saisir aussi pour diversifier ses offres et accroitre éventuellement son taux de pénétration.
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