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Transport en commun: Les gestes barrières, un vain mot dans les minibus

Publié le vendredi 27 aout 2021  |  La Nation
Bus
© Autre presse par DR
Bus de transport en commun (illustration)
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Par Joel TOKPONOU,

L’utilisation des cache-nez et la distanciation sociale ne sont plus de mise dans les transports en commun. Une porte ouverte à la propagation du coronavirus.

Le respect des gestes barrières dans les minibus n’est plus une réalité. Passagers et conducteurs font preuve d’une grande légèreté, favorisant la propagation du coronavirus déjà en pleine recrudescence.
Mardi 24 août 2021. Il est bientôt midi à la gare routière de Togba dans la commune d’Abomey-Calavi. Un parc riche d’une dizaine de minibus qui convoient au quotidien les clients, pour la plupart vers le grand marché de Dantokpa. La pluie diluvienne qui s’abat sur plusieurs localités de la région du Sud-Bénin depuis le matin favorise les conducteurs de minibus. Le marché est florissant pour eux. Les conducteurs de taxi-motos sont délaissés en faveur de ces véhicules branlants alignés sur la gare. Les uns après les autres, les passagers, trempés jusqu’aux os, s’engouffraient dans le minibus bleu qui était de tour. A un rythme beaucoup plus rapide qu’en temps ordinaire, le véhicule est rempli et démarre en trombe. On y dénombre une quinzaine de passagers, serrés les uns contre les autres. Seuls quelques-uns portaient de cache-nez. « Au suivant», lance un jeune homme qui pousse de toutes ses forces un autre minibus, le conducteur étant au volant, pour l’avancer de quelques mètres, un peu loin des quatre autres.
En une trentaine de minutes, sous la pluie battante, le véhicule de 18 places est rempli de quinze passagers. A eux s’ajoutent le conducteur et le « racoleur », cet apprenti chauffeur qui a pour fonction d’accueillir les passagers et les disposer soigneusement dans le minibus puis de collecter les sous. Dans ce minibus, point de cache-nez porté par les passagers. « Nous devons rester à trois sur le banc. A quatre, nous sommes trop coincés sur notre banc alors que le coronavirus sévit toujours », se désole une passagère toute en colère. Contre toute attente, c’est une autre passagère qui lui répond: « Depuis un bon moment, ils ont repris leurs anciennes habitudes. C’est désormais quatre personnes sur chaque siège. Si ce n’était pas la pluie, j’avais déjà perdu l’habitude des minibus qui vous exposent au coronavirus ».
Ces parenthèses fermées, les passagers passent à d’autres sujets plus « croustillants». Pendant tout le trajet, les discussions tourneront surtout autour de l’histoire de la vie de couple houleuse vécue par une passagère.

Covid pour tous

Dans ce minibus comme dans tous les autres qui pullulent sur les routes de Cotonou, le gel hydroalcoolique et le cache-nez sont des objets rarissimes. Alors que le coronavirus connaît une explosion et que les autorités s’en inquiètent, passagers et conducteurs versent dans la négligence. Selon le ministère de la Santé publique, à la date du 19 août 2021, le Bénin compte 125 décès liés à la Covid et 3 324 cas actifs pour un total de 12 021 cas confirmés. Une propagation grandissante de la maladie qui coïncide avec la troisième vague dans certains pays européens.
Pour pallier ce mal, le gouvernement sensibilise sans cesse les populations à la vaccination. Gratuitement, dans plusieurs centres de santé, les personnes qui le souhaitent peuvent recevoir des doses du vaccin. Le gouvernement a également reçu fin août 250 bouteilles d’oxygène qui devraient aider à une meilleure prise en charge des malades au centre de traitement installé à Allada.
Dans le même temps, de nouvelles restrictions sont imposées. Il s’agit de l’interdiction des manifestations culturelles et festives devant regrouper un grand public. Mais les passagers et conducteurs semblent bien indifférents à l’actualité sanitaire du pays.

Clandestinité !

« Nous continuons de mettre l’accent sur les gestes barrières dans les minibus», soutient François Koto, un des coordonnateurs de la gare de Togba. Mais la réalité est toute autre. Reconnaissant les écarts entre les directives des responsables de la gare et les actes des conducteurs, il accuse une frange de conducteurs qui font preuve de légèreté. « Ce sont quelques conducteurs qui font des surcharges lorsqu’ils constatent que les coordonnateurs sont absents de la gare. D’autres respectent les consignes sur le parc mais prennent d’autres passagers en chemin », relève le responsable de la gare. « Ils trichent lorsque nous manquons de vigilance », martèle-t-il.
François Koto précise également que des allègements avaient été faits par les autorités en charge du transport en commun. « Nous avons autorisé les conducteurs à prendre désormais trois passagers par siège au lieu de deux », clarifie-t-il. Cet allègement, l’autorité l’explique par la réduction de la clientèle du fait du bitumage de la voie Calavi Kpota- Togba. Les clients préférant les taxis-motos, il fallait faire des réajustements pour la survie des minibus, insiste François Koto.
En attendant que les conducteurs adoptent et fassent adopter les gestes barrières dans leurs véhicules, les postes de vaccination restent ouverts pour toute la population.
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