Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article



 Titrologie



La Presse du Jour N° 2028 du 6/12/2013

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Politique

Sept ans après son accession au pouvoir en 2006 : Que reste-t-il de l’héritage laissé à Yayi par Kérékou ?
Publié le jeudi 12 decembre 2013   |  La Presse du Jour


Ouverture
© AFP par SEYLLOU
Ouverture de la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA
Jeudi 24 octobre 2013. Dakar. Plusieurs chefs d`Etats sont arrivés à Dakar où ils prendront part à la 17ème session ordinaire de la Conférence des Chefs d`Etat et de Gouvernement de l`UEMOA et au sommet extraordinaire de la CEDEAO.Photo : Boni Yayi, président du BENIN


 Vos outils




Les regards sont tournés vers 2016. Quel héritage Boni Yayi va-t-il laisser à son successeur ? C’est la question que beaucoup de Béninois se posent à voir le rythme avec lequel les scandales s’enchaînent au sommet de l’Etat. Mais avant d’apporter une réponse à cette pertinente question, intéressons-nous à ce que son « bien-aimé » Boni Yayi a fait du précieux héritage que lui a laissé son prédécesseur Mathieu Kérékou.

En 2006, les manœuvres pour maintenir Mathieu Kérékou au pouvoir n’ont pas prospéré. Malgré les jérémiades de feue El-Hadja Yassarth (Paix à son âme) et des autres femmes pleureuses, Kérékou a quitté le Palais de la Marina en cédant son fauteuil à Thomas Boni Yayi élu au second tour de la présidentielle de 2006 avec un peu moins de 75 % des suffrages exprimés.

Honnêteté intellectuelle oblige, le Bénin n’était pas un Eldorado quand le Vieux Kaméléon passait la main au « bien-aimé » Président Boni Yayi. Mais à son successeur, il avait laissé trois héritages importants : l’unité nationale, les milliards du MCA et l’indépendance des institutions républicaines. Aujourd’hui, on n’a pas besoin de loupe pour constater que ces précieux héritages sont hypothéqués.



D’abord l’unité nationale


L’unité nationale a été plus d’une fois mise à rude épreuve tant par le Chef de l’Etat que par certains de ses valets. On se souvient des déclarations faites par le premier magistrat de notre pays le 1er août 2012.

On se souvient également des propos tenus par certains caciques du régime au cours de la campagne pour la présidentielle de 2011 à Bassila et un peu partout dans le Nord-Bénin. Abdoulaye Bio Tchané était présenté par ses propres frères comme un fils du Nord qui veut aider les politiciens du Sud (allusion faite à l’Union fait la Nation) à chasser Boni Yayi du pouvoir. Ces propos régionalistes ont failli mettre le Bénin à feu et à sang. Certes le calme est revenu dans les esprits des uns et des autres. Mais hélas ! Tout peut arriver à tout moment (on ne le souhaite pas) avec les nombreuses injustices dont sont victimes certains Béninois du fait de leur appartenance à une région qui n’est pas celle du Chef de l’Etat.



Ensuite les milliards du MCA


Comme je le disais plus haut, le Vieux Kaméléon n’a pas laissé à son successeur un pays économiquement semblable à un Eldorado. Tout n’était pas rose. Mais ce n’était pas non plus la disette.

Malgré les 200 millions de F Cfa que Yayi a dit avoir trouvé dans les caisses de l’Etat, il payait régulièrement les salaires et trouvait de l’argent pour faire le tour du monde à la recherche d’hypothétiques investisseurs étrangers (Pour quel bilan ?). Mieux, parmi tous les projets que Mathieu Kérékou avait laissés à son successeur, il y avait le fameux Programme du Millenium Challenge Acount (MCA) d’un montant de plus de 300 milliards de Cfa. Après avoir consommé les crédits inscrits au premier compact de ce projet, le Président Boni Yayi a couru vainement derrière le second compact. Dans ce dossier, les nouvelles ne sont pas bonnes. Le Bénin ne bénéficiera pas de ce second compact. Et pourquoi ? A cause de deux facteurs majeurs : la corruption rampante, galopante et exponentielle puis le non-respect des droits de l’homme. Sous le régime du changement, la corruption est devenue un sport national.

A ce fléau s’ajoute une mal-gouvernance économique indescriptible. Avec Yayi, les scandales au sommet de l’Etat sont devenus pratiquement la norme. Ils s’enchaînent à l’infini. On peut citer le scandale du sommet de la Cen-Sad où de simples gants pour maçon ont été achetés à des prix d’or (400.000 F Cfa l’unité), des exonérations accordées à tour de bras à des proches, des détournements de fonds publics opérés sans vergogne… Il y a aussi le scandale des machines agricoles, le scandale des structures illégales de collecte d’épargnes (affaire ICC-Services et consorts), le scandale de la construction du siège de l’Assemblée Nationale, de la Centrale électrique à Turbines à gaz de Maria-Gléta, le scandale de l’avion présidentiel…et j’en oublie.



La violation des droits de l’homme aussi


Avec le régime du changement, c’est aussi la violation répétée des droits de l’homme. Cela nous permet de déboucher sur le traitement qui est fait aujourd’hui aux Institutions de la République. Jouissent-elles encore de leur indépendance ? Non et non ! Elles sont en coupe réglée. Aujourd’hui, les décisions que rend la Cour Constitutionnelle sont régulièrement contestées. L’une d’entre elles a été attaquée par un requérant et la Cour Constitutionnelle a été obligée de revoir sa copie. De la même manière, la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication qui a fait son «Djakpata» contre la presse privée est devenue impuissante face aux dérives des médias du service public, notamment la télévision nationale. Cette chaîne de service public est au service du Chef de l’Etat. Toutes les actions menées par l’opposition pour qu’enfin le droit des Béninois à accéder à cette chaîne de façon équitable comme le prescrit la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, sont restées sans succès.

Contrairement à ce qui se dit par certains ministres du gouvernement, des Béninois croupissent aujourd’hui en prison parce que le pouvoir en a décidé ainsi. L’honorable Désiré Vodonon est un exemple parmi tant d’autres. A côté de ce cas qui crève l’œil, on peut citer les cas relatifs aux disparitions mystérieuses et aux agressions suspectes dont sont victimes certains militants de l’opposition et des responsables d’organisations de défenses des droits de l’homme. Le cas Dangnivo Urbain, cadre du ministère des finances et proche du Parti Social-démocrate de Bruno Amoussou n’est pas encore élucidé jusqu’à ce jour. Alors qu’on y est, c’est à Martin Assogba, Président de l’ONG-Alcrer qu’on a tenté d’ôter la vie dans la nuit du lundi 9 décembre 2013. Sous Yayi le respect des droits de l’homme a bel et bien foutu le camp.



Du pain sur la planche


Le tableau est bien sombre. On ne doit pas se méprendre. La tâche ne sera pas facile pour celui qui succèdera à Boni Yayi. Non seulement il faudra que celui-là réconcilie les Béninois avec eux-mêmes, mais aussi et surtout, il devra les mettre résolument au travail car les dettes à rembourser par l’Etat à ceux à qui Yayi a fait du tort sont colossales. Talon va réclamer pour la Sodéco 1000 milliards de F Cfa et plus pour d’autres contentieux qui l’opposent à l’Etat béninois, apprend-on. Il en sera ainsi pour d’autres opérateurs économiques avec qui Yayi et son gouvernement n’ont pas joué franc. Inévitablement, le Bénin que laissera Yayi en 2016, « de force ou de gré », comme le dit l’honorable Candide Azannaï, sera lourd à porter par son successeur. Il a du pain sur la planche.

Affissou Anonrin

 Commentaires