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évolution diplomatique en Afrique : Nécessité de pratiques de Soft Power

Publié le mercredi 17 novembre 2021  |  Fraternité
Bernadin
© Autre presse par DR
Bernadin KOUHOSSOUNON, Docteur (PhD.) en Relations internationales et Diplomatie. Enseignant-chercheur à la Faculté des sciences politiques et des relations internationales à l’Université Matej Bel de Banská Bystrica (Slovaquie). Il a signé plusieurs publications scientifiques en Pologne, en France, en Slovaquie et au Bénin
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Le « mal développement » du continent africain n’est pas à nier. Et s’agissant de ses diverses causes, elles sont d’ordre exogène qu’endogène. Si certains efforts positifs sont à reconnaître, l’Afrique est encore à la traîne dans l’ordre mondial. C’est pourquoi chacune de ces causes mérite d’être étudiée en profondeur afin de préconiser des solutions idoines en vue de changer le paradigme. Puisque, cela y va de l’intérêt général du rayonnement de cette région du monde, il s’agira notamment ici de rehausser les pratiques de Soft Power en Afrique dans la dynamique de persuader les diverses populations à une prise de conscience des enjeux majeurs qui y sont attachés. Après un aperçu du concept « Soft Power », la présente approche s’attellera à l’actuelle place du « continent noir » dans l’ordre mondial puis, à la nécessité de changer le paradigme africain. L’étude n’exclura non plus de recommander vivement des pratiques du Soft Power susceptibles d’acquérir une bonne réputation, une dignité et des attitudes sociales concourant au développement authentique et durable escompté sur le continent.

Qu’est-ce que la pratique du Soft Power ?
L’expression Soft Power est souvent utilisée en relations internationales. Contrairement à Hard Power, elle désigne les diplomaties d’influence qui sont à caractère « doux », et ce, depuis la parution de la publication de l’article de Joseph Nye en 1990. C’est le pouvoir d’influencer au bénéfice des intérêts d’un Etat, d’un gouvernement ou soit d’une entreprise par la manière douce. Si la grandeur de l’armée et de l’économie font des Etats-Unis la puissance mondiale, la pratique du Soft Power par l’entremise des films, des musiques, de la langue, de l’art culinaire, du cinéma comme la promotion du patrimoine culturel américain concourt à propager l’image positive et attrayante du pays de l’Oncle Sam. Et tout ceci est assisté bien sûr d’un patriotisme exalté au niveau des populations américaines.
Nombreux sont aujourd’hui les acteurs qui ont compris le Soft Power comme étant l’un des meilleurs instruments stimulateurs de stratégies d’influence sur l’échiquier international. C’est la capacité de jouer favorablement sur sa propre image en usant du tact, de mettre en avant le côté positif de son peuple et de sa communauté. Il est difficile de mesurer la puissance douce que constitue le Soft Power. Néanmoins, l’image, le divertissement et l’usage approprié de noms, de termes et de qualificatifs mélioratifs peuvent être admis comme facteurs essentiels aidant à promouvoir cette puissance douce.

Abordons le premier facteur "image" pour dire que la visibilité positive d’un pays que l’on transmet au reste du monde a sans doute des impacts positifs considérables sur la perception que les étrangers vont avoir vis-à-vis de ce pays et de sa population. Si les grandes villes comme Paris, New York, Bruxelles sont connues de tous en raison du charme, de belles avenues et d’attrayants sites touristiques qu’elles offrent, c’est quand même à mettre à l’actif de pratiques de Soft Power qui les accompagnent et leur confèrent le titre élogieux de destinations privilégiées. En clair, le charme et l’exploit impressionnant en infrastructures de ces Métropoles sont toujours magnifiés au détriment des problèmes sociaux auxquels elles sont confrontées. Ainsi, ce facteur déconseille toute publication de vidéos, de photos affreuses ou soit des propos inhumains ou dégradants et des actes d’incivilité de ces villes. De la publicité, mais rien que de la publicité positive et attractive assistée de façon permanente du patriotisme.
Si le divertissement consiste à détourner le profit en faveur des loisirs, il est devenu un secteur d’activité économique florissant. La musique, les jeux collectifs, le sport, le théâtre, le cinéma, les musées, les films, etc. constituent des vecteurs de ce divertissement. En guise d’illustration, on peut mentionner le Black Panther qui, pour sa représentation de la culture africaine et afro-américaine est un film inédit faisant réellement preuve d’une grande pratique de Soft Power. Non seulement il a rencontré un succès au plan mondial, mais il a notamment exalté la race noire en récoltant ainsi plusieurs nominations aux Oscars. Par conséquent, le divertissement constitue un canal par excellence pour la valorisation de la richesse culturelle, cultuelle, éthique et spirituelle d’une communauté donnée. Encore que « L’industrie culturelle est de plus en plus intégrée aux programmes de développement [...] » (Diop & Benoist, 2007, p. 11). En résumé, le divertissement par le truchement de pratiques de Soft Power a un apport indéniable pour le rayonnement international d’une nation.
Intéressons-nous au troisième facteur en nous inspirant du rappeur Kery James qui pense que « Les mots ont un poids ». En effet, chaque terme, chaque mot ou appellation qu’on utilise renvoie à une influence positive ou négative selon l’usage et le contexte. Par conséquent, ceci nécessite l’usage approprié de chaque terme. Par le biais d’un jeu de mot, l’on a la possibilité de révéler la face humiliante ou soit élogieuse d’une communauté donnée. Par exemple, si les occidentaux utilisent l’expression commerce triangulaire pour atténuer les prévarications faites à l’encontre des peuples africains durant l’esclavage, ils esquivaient l’utilisation du mot razzia en tant que terme approprié des exactions commises. Nous pouvons aussi mettre dans cette rubrique la promotion faite aux auteurs et aux inventeurs d’un pays donné. Puisque des auteurs et inventeurs d’autres cieux fournissent plus d’effort pour leurs travaux innovants mais ne sont pas autant reconnus et magnifiés que ceux qui, à l’international sont reconnus comme célébrités. Dans l’optique d’être attractifs et rayonnants sur l’échiquier international, les Etats se font une vitrine qui, de loin leur sert à la fois de présentation et de valorisation des atouts, du charme et de lʼhospitalité qu’ils incarnent. Les pratiques de Soft Power sans lesquelles une telle vitrine ne peut véritablement exister nécessitent ainsi d’être de qualité supérieure afin de susciter fascination et intérêts de par le monde.

L’Afrique et l’ordre mondial
Le regard que portent les africains sur l’Occident est diamétralement l’opposé de celui que les occidentaux portent généralement sur le continent noir. Nombreux sont ceux qui fustigent les complaintes dont l’Afrique et ses Etats se servent fréquemment pour justifier leur faible niveau de développement. Si les complaintes ne sont pas susceptibles de répondre aux attentes des différents peuples, il est quand même évident que la jeunesse africaine comprenne le mal qui a été fait à ce continent comme les complicités qui ne cessent d’être montées contre lui. Les affres de l’esclavage, de la colonisation et du néocolonialisme que subissent l’Afrique et ses populations constituent des preuves tangibles qui ont laissé des séquelles incontestables retardant ainsi l’éveil de la conscience des peuples et l’épanouissement des Etats africains.
Contrairement à la culture occidentale pour laquelle sont exaltées gloire, magnificence et compassion, la culture africaine est sciemment entachée de préjugés et déformations au point où elle a tendance à incarner la peur, la barbarie et la mystification. En d’autres termes, l’image et le prestige authentiques que devrait avoir l’Afrique lui ont été volés pour l’unique but de l’infiltration des impérialistes dans les sociétés et réalités socio-culturelles du continent afin dʼy asseoir en retour croyances et pratiques occidentales. Or, « Lorsqu’un peuple perd le contact avec son histoire, ses racines s’étiolent et son ardeur à progresser faiblit », (Jean Pliya, 2014, p. Vii). Et si les faits historiques et douloureux dont il s’agit ont énormément profité aux occidentaux, les pays africains continuent de subir les séquelles sous diverses formes et ne peuvent donc se passer d’en avoir souvenance. Les répercussions d’une telle situation par rapport au progrès de ces pays et peuples africains ne sont point à nier. C’est en faisant un rapprochement avec le mal-développement et les actes dégradants et humains dont ont été victimes le continent noir et ses diverses populations que Achille Mbembe affirme que « Sans les saignées esclavagistes, le rapport de force entre l’Afrique et l’Europe aurait été différent ».
Si le nombre d’acteurs convoitant l’Afrique ne cesse de grimper, sa place au sein de l’ordre mondial reste encore désillusionnante. Les temps ont évolué tandis que les anciens défis majeurs de développement se font encore remarquer à divers niveaux. D’après Philippe Hugon « L’Afrique est incluse dans le système mondial mais se situe à sa périphérie. [...]. Elle demeure aujourd’hui essentiellement fournisseur de produits primaires et dʼhommes, tout en jouant un rôle majeur dans le domaine culturel » (Hugon, 2009, p. 17). Bill Gates et son épouse ont connu le continent africain par l’entremise des œuvres qualifiées dʼhumanitaires. Dans l’édition 2019 du rapport annuel sur leur travail qualifié de philanthropique, ils n’ont point caché le déclin du continent : « Le monde grandit mais l’Afrique reste la même ».
Une première cause de ces constats douloureux résulte des manœuvres impérialistes. L’Homme africain complexé, laissera son identité et ses pratiques endogènes pour s’accrocher mordicus à la culture d’autrui. Il aura par la suite honte des croyances et diverses pratiques de ses aïeux et va ainsi tanguer vers la modernité occidentale tout en s’illusionnant que les réalités socio-culturelles des deux régions géographiques ne sont pas les mêmes. C’est de cette stratégie d’assujettissement culturel des peuples que parle Milan Hübl lorsqu’il a affirmé que : « Pour liquider les peuples, on commence par leur enlever la mémoire. On détruit leurs livres, leur culture, leur histoire. Et quelqu’un d’autre leur écrit d’autres livres, leur donne une autre culture et leur invente une autre Histoire ». Il faut aussi mentionner que le retard de l’épanouissement des peuples sur le continent dépend également de la mauvaise gestion des ressources disponibles, du clientélisme, de la corruption, du non-respect des pratiques démocratiques, pour ne citer que ceux-là. Pour changer la donne, il faut une profonde prise de conscience à divers niveaux. Puisqu’en portant un regard sur les réalités socio-économiques des pays africains, il ressort la nécessité pressante du repositionnement de l’Afrique dans l’ordre mondial.
En effet, lʼhistoire d’un peuple constitue le socle principal de l’impulsion de sa conscience. Pour cela, malgré sa grandeur et sa diversité, le continent africain éprouve le besoin de réaffirmer son identité culturelle en ce moment où la civilisation occidentale croît en l’universalité de ses valeurs. C’est certainement ce qu’a compris le président béninois, Patrice Talon, quand il avait affirmé en réponse à la question oratoire : « Si l’Europe est de culture judéo-chrétienne, si l’Orient se réclame de culture islamique, l’Afrique est de quelle culture ? [...] L’Afrique est de culture Vodoun. Aujourd’hui, l’Afrique est laïque, elle est musulmane, elle est catholique, elle est même bouddhiste parfois, mais elle est de culture Vodoun » (La Nouvelle Tribune, 2016). Outre sa réaffirmation, cette culture africaine nécessite d’être magnifiée, promue et vantée au reste du monde puisque, c’est uniquement en elle que résident véritablement l’originalité et l’identifiant des différents peuples africains.

Nécessité de changer le paradigme africain
L’Afrique dans sa généralité a un problème d’ordre psychologique, sociologique pour ne pas dire tout simplement qu’elle vit de façon perpétuelle une crise culturelle. « Quiconque tient lʼhistoire d’un peuple tient son âme, mais quiconque tient la spiritualité d’un peuple le contraint à vivre sous le joug d’une servitude éternelle », Cheikh Anta Diop (extrait du discours dʼAtlanta – 1985). A cet égard, il importe que le continent prenne son destin en main en se ressourçant de ses valeurs sociales et identitaires qui permettront non seulement aux différents peuples de se soustraire de l’aliénation occidentale, mais de se donner aussi des potentialités pouvant conquérir une digne place sur l’échiquier international. Cela étant, le développement authentique correspondant aux réalités du continent dépend de l’esprit patriotique et de l’image positive et attrayante qu’on lui préservera à divers niveaux. Mais face à une telle ambition, aucun miracle ne pourrait être espéré. « Nous ne pouvons pas devenir ce que nous voulons devenir en restant ce que nous sommes », a affirmé John F. Kennedy. En nous inspirant de la précédente citation, tout changement du paradigme africain doit commencer par la renonciation à certaines habitudes déplorables qui donnent une mauvaise réputation aux pays africains. Par exemple, « En sollicitant continuellement de l’aide, nos dirigeants noirs ne font que renforcer davantage cette mauvaise perception que les autres ont de leurs populations » (Pourtier, 2017, p. 106). De même, il importe de s’appesantir désormais sur une synergie des potentialités du continent capable d’impulser une nouvelle dynamique et une image enviable de l’Afrique. Une telle aspiration ne serait possible qu’avec la volonté manifeste d’une nouvelle unité consciente des Etats à travers leaders et populations du moment où aucune volonté commune ne vaut, si et seulement si le peuple n’y consent. Pour ce défi régional, chacune des couches a sa partition à jouer. Or, quand bien même que les divers peuples sont préoccupés par le développement et une place noble du continent au plan mondial, force est de constater une certaine procrastination par rapport aux actions conséquentes et immédiates à mener pour changer la donne. Pour un tel challenge, l’impérative sera sans équivoque la connaissance de lʼhistoire africaine au lieu de se focaliser sur celle des autres. En d’autres termes, une véritable renaissance du continent africain passera par le renouement avec sa culture.
La culture étant le tégument du développement, aucun peuple ne peut véritablement prétendre s’épanouir en portant indéfiniment les identifiants d’un autre peuple. Malheureusement, en raison de faits historiques, les peuples africains ont été contraints à s’accrocher aux cultures et aux croyances étrangères. Mais le monde en pleine mutation semble susciter de différentes manières la fin d’une époque qui a tant duré. Si douloureuse que soit cette histoire, il est grand temps que les peuples concernés en tirent leçon afin de procéder à une profonde prise de conscience. Il est donc plus que jamais important de prôner la valorisation en Afrique des pratiques endogènes, des patrimoines culturels, des langues existantes, des danses et chants traditionnels comme la diversité de croyances du continent. Autrement dit, la mise en valeur de toutes les identités qui doivent trouver des raisons de donner une meilleure image et réputation des peuples africains et de leur origine. Puisqu’à leur guise, des peuples étrangers ont tant décrit, apprécié et interprété à tort et à travers la culture africaine. C’est pourquoi en se fondant notamment sur véracité et authenticité, il est temps que les peuples se réclamant de cette culture s’y intéressent davantage. Et contrairement à l’obscurantisme et au barbarisme souvent infligés à cette culture, l’idéologie à défendre serait de faire apparaître l’aspect positif et attirant de l’Afrique longtemps dissimulé bien qu’il soit un gage fondamental de restauration de la confiance ébréchée ou perdue. Dans chacun des pays, cette valorisation doit devenir le leitmotiv des différents peuples encore que le sérieux des relations entre acteurs étatiques dépend en grande partie de la crédibilité qu’incarnent les partenaires. Mais paradoxalement, les peuples d’Afrique n’ont pas tellement coutume de promouvoir leur culture ni de vanter les atouts disponibles sur le continent. Le Soft Power dont la pratique semble être très faible, voire inexistante dans les différents pays ne porte pas seulement en lui le tégument de la culture, mais elle est également de portée politique et économique.
Le continent africain a hérité de son histoire un patrimoine culturel riche occupant une place prépondérante dans la culture mondiale. Non seulement ce patrimoine ne cesse d’influencer diversement l’industrie culturelle dans sa généralité, mais il s’érige aussi en une source d’inspiration. Il n’y a pas de raison que les peuples africains n’y retrouvent la fierté d’un passé élogieux méritant une mise en valeur par le truchement d’une réelle politique muséale de conservation de ce patrimoine. Ainsi, œuvrer pour une restitution effective des œuvres africaines qui, illicitement se retrouvent de nos jours dans des vitrines occidentales reste plus que jamais un défi à la fois culturel, politique et économique à relever. L’importance de ces chefs-d’œuvre n’est plus à démontrer, puisqu’elles portent en elles l’histoire d’un peuple, véhiculent une philosophie et incarnent des croyances. A titre d’illustration, la demande de restitution des biens culturels enclenchée par le Bénin auprès des autorités françaises s’inscrit dans la perspective de politique de développement du Gouvernement. Loin de percevoir la démarche comme une simple revendication, l’ambition est surtout la mise en valeur de l’exception culturelle du pays qui mérite d’être révélée au reste du monde. Ces œuvres d’art avec les programmes muséaux et patrimoniaux en cours serviront de levier essentiel pour l’industrie touristique du pays tout en intensifiant des coopérations culturelles entre le Bénin et d’autres pays.

Quelles pratiques de Soft Power pour les Etats d’Afrique ?
L’Afrique a des potentialités multidimensionnelles pouvant servir à la consolidation de son Soft Power. Mais le continent semble l’ignorer. Par exemple, 54 Etats officiels avec une panoplie cultures du continent sur les 193 Etats au sein des Nations unies est un atout exceptionnel à la fois diplomatique et culturel sur lequel le continent devrait servir de base pour s’imposer dans l’ordre international. La diplomatie c’est « défendre les intérêts et l’image de son pays ». Néanmoins, aucun diplomate dans l’exercice de sa mission dans un Etat accréditaire ne peut véritablement refléter une autre image positive et hautement supérieure à celle qu’incarne objectivement son Etat d’origine. Par conséquent, la prouesse de la politique étrangère d’une nation dépend aussi en majorité du degré du civisme, du climat politique adéquat comme des valeurs universelles défendues quotidiennement au sein dudit Etat.
Paradoxalement, les Etats africains, dans l’entretien de leurs rapports évoluent en rang dispersé puisqu’ils manquent de vision et de politique commune d’intégration susceptible de faire contrepoids à la machination occidentale. L’unité africaine est l’une des conditions primordiales de la libération du continent africain. Pour cela, malgré les passés douloureux et les préjugés, les africains doivent arrêter de se victimiser afin de se transcender dans le seul et l’unique objectif de magnifier désormais et davantage le continent à divers niveaux. Mettre les multiples avancées du monde moderne au service de la sagesse ancestrale tout en maintenant l’originalité de la région afin de la faire révéler au reste du monde. Par conséquent, il est désormais à bannir toute publication et propagation de vidéos et d’images ahurissantes : les tabassages, les tortures, les vindictes populaires et les lynchages qui existent à certains endroits.
Par ailleurs, il va falloir rehausser sur le continent, le degré de patriotisme et de civisme en vue d’une participation à la vie harmonieuse de la cité. Autrement dit, une nouvelle prise de conscience des citoyens vis-à-vis des devoirs qui leur incombent dans la société. Puisqu’elle est une histoire d’identités, d’espaces et de relations sociales ; l’architecture ancestrale africaine mérite d’être promue dans la multiplicité culturelle parce que reflétant l’interaction de plusieurs facteurs : environnementaux, écologiques, sociologiques, démographiques, géographiques et religieux. Les plus de 2000 langues sur le continent n’est qu’un aspect exposant sa multiformité ethnique exceptionnelle.
Malgré sa diversité et ses références, la mode africaine reste encore souvent méconnue. Or, les costumes traditionnels, les accessoires ancestraux comme certains habits incarnent de nos jours les cultures des différents peuples africains. Ces tenues africaines reflètent la personnalité et l’origine de celui qui les porte. C’est pourquoi, les styles vestimentaires d’origine africaine nécessitent d’être entretenus et poussés plus en avant à travers le monde. La diplomatie sportive et culturelle doivent être elles aussi désormais de mise en vue de permettre aux diplomates africains de révéler réellement les pays d’envoi dans les Etats accréditaires. Qu’une reconnaissance soit accordée aux musiciens, aux plasticiens, aux acteurs de films, aux cinéastes, aux sportifs des jeux olympiques, aux écrivains et autres intellectuels qui, tous concourent de différentes manières au rayonnement de leur pays d’origine sur l’échiquier international. Conformément aux ethnies et aux cultures, la cuisine africaine est en fonction des différentes régions sur le continent. Chacune de ces dernières a ses propres plats distinctifs, techniques de préparation et mode de consommation que le reste du monde serait ravi de savourer. L’exploit d’une marque de production ne se résume pas uniquement à la qualité et au lobbying, mais il dépend essentiellement aussi de la publicité qui accompagne le produit.
En définitive, à chaque communauté est associée une diversité de culture qui, en général a façonné l’histoire de ce peuple en architecture, en littérature, en musique, en art culinaire, en styles vestimentaires, en croyance, en mœurs, en coutumes, etc. Bien qu’étant de nos jours à l’ère de modernité, la réaffirmation de l’identité culturelle des peuples africains avec l’intensification des pratiques de Soft Power conduiront non seulement vers le développement culturel, mais donneront aussi une visibilité et une attractivité aux différents pays du continent au plan international. Si les potentialités des pays d’Afrique ne sont pas négligeables, le continent éprouve le besoin d’image positive à travers la magnificence de l’exception de sa diversité culturelle. Pour un projet aussi colossal, nous invitons les dirigeants africains et leurs divers peuples à surpasser le ressentiment pour faire désormais plus preuve de pratiques de Soft Power. Si les pays d’Afrique ont besoin de confiance, de respect et de d’équité des partenaires étrangers, dans sa généralité, le continent quant à lui éprouve le besoin crucial de se ressourcer du passé réel qui est le sien en vue de favoriser véritablement la promotion de l’industrie culturelle qui sans doute reste un vecteur essentiel de développement authentique et durable.

Bernadin KOUHOSSOUNON
Docteur (PhD.) en Relations internationales et Diplomatie. Enseignant-chercheur à la Faculté des sciences politiques et des relations internationales à l’Université Matej Bel de Banská Bystrica (Slovaquie). Il a signé plusieurs publications scientifiques en Pologne, en France, en Slovaquie et au Bénin.



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