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Edito: Le temps des djihadistes

Publié le mercredi 8 decembre 2021  |  L`événement Précis
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© AFP par ISSOUF SANOGO
Des militaires burkinabè lors d`un entraînement pour combattre le terrorisme dans l`est du pays, le 13 avril 2018
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Nous y voilà ! Un déploiement militaire se met en place dans le périmètre de Porga ainsi que dans une partie de l’Alibori. Pour combien de temps ? Personne ne peut le dire. De tous les pays africains ayant affronté le djihadisme à leurs frontières, seul l’Algérie et l’Egypte peuvent dire qu’ils l’ont vaincu. Et ils doivent cette réussite à des renoncements politiques historiques : ils ont tourné dos à la démocratie. Lorsque le pays doit faire face aux menaces terroristes, ce sont les militaires qui jouent les premiers rôles. Plus proche de nous, le Mali nous en donne un exemple patent avec des coups d’Etats à répétition. Le Burkina-Faso est à deux doigts de ce scénario malien et le Niger continue à tenir grâce encore au parapluie français. Quant au Nigeria, c’est un pays en pleine faillite.
La multiplication des actes terroristes remet en cause les systèmes politiques, notamment la démocratie et ses vertus. Elle a fait répandre au Mali le virus des théories militaristes. On a pu s’y laisser convaincre que seuls les militaires pourraient résoudre la crise. Ils y sont en effet depuis plus d’un an qu’Ibrahim Boubacar Kéita, l’ex-président renversé par les militaires, a été mis hors-jeu. Mais l’enlisement politico-institutionnel et militaire est plus que jamais d’actualité à Bamako. C’est que les moyens nécessaires à la lutte contre le djihadisme vont au-delà du chahut des foules qui veulent des têtes à couper. Quand ils apprennent les exactions opérées par les terroristes contre les populations civiles ou contre les militaires, la plupart des citoyens sont convaincues que les premiers responsables sont les hommes au pouvoir. Il ne faut pas les absoudre. Mais le fond du problème reste l’idéologie terroriste. C’est une idéologie mortifère portée par des hommes et des femmes convaincus que même leur mort sous les balles constitue une bénédiction. Qu’en luttant pour Allah, ils sont assurés d’aller directement au paradis. Ce fut le cas en Algérie ou les Moudjahidines (pseudo-combattants d’Allah) parvenaient à se convaincre que leur accès au paradis était garanti chaque fois qu’ils parvenaient à trancher la gorge à des enfants de moins de cinq ans. Comment lutte-on efficacement contre des assoiffés de sang qui estiment que tout musulman qui n’embrasse pas leur idéologie d’assassin, est un ennemi à éliminer de la surface de la terre ?
Les djihadistes qui ont pu pénétrer l’extrême nord de l’Atacora, veulent y instaurer l’islam de force. Imposer leur version de l’islam dans des communautés essentiellement animistes, quelquefois chrétiennes, mais rarement musulmanes. Ils entendent forcer les populations à changer de religion à coup de fusil, exactement comme le firent des siècles auparavant les El Hadj Omar, Samory Touré ou encore Ousman Dan Fodio. L’islamisation d’une partie de l’Afrique constitue le résultat de la cruauté de ces gens que nous continuons de célébrer comme des héros africains. Leurs guerres saintes portées au cœur de communautés qui n’eurent d’autre choix que de se plier ou de périr sous les armes, ont laissé des marques indélébiles sur le continent. Aujourd’hui, c’est le tour d’autres fous de se répandre dans les déserts, au nom du même Allah. Et ce prosélytisme guerrier n’est pas d’origine musulmane. L’Europe l’a pratiqué pendant des siècles, entrainant des exodes massifs de ses populations vers des terres autrefois habitées par d’autres peuples : les Amériques, l’Afrique du sud, la Nouvelle Calédonie, la Nouvelle Zélande, l’Australie, etc.
Nous ne sommes malheureusement pas dans un processus qui prendra fin dans un an ou deux. Il durera des générations, tant que certains penseront qu’ils sont en mission pour Allah. Au Bénin, nous ne sommes qu’au début. Alors question : faut-il dès maintenant jeter toutes nos forces militaires dans la bataille ? Je pense que non. Il faut d’abord du renseignement et surtout beaucoup de renseignement. Ceux que l’on combat n’ont ni chars ni hélicoptères, mais de simples motos. Ce sont eux qui mettent en déroute des armées entières, surtout lorsque le matériel militaire lourd déployé sur le terrain tombe entre leurs mains d’assassins. Et à partir du moment où ils récupèrent des chars ou d’autres blindés abandonnés par les armées régulières, il devient encore plus difficile de les déloger de leurs positions.
Faisons donc attention à ne pas jeter toutes nos forces dans la bataille trop tôt!

Par Olivier ALLOCHEME
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