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Prof. Dorothée Kindé Gazard sur les maladies hémorragiques : « Il est important d’organiser des campagnes de dépistage »

Publié le mercredi 22 decembre 2021  |  La Nation
Célébration
© aCotonou.com par TOP
Célébration de la Journée Mondiale de Lutte contre le Sida
Dimanche 1er Décembre 2013, Cotonou : Le Ministère de la Santé, l’Organisation Mondiale de la Santé et l’Unicef marquent la Journée Mondiale de lutte contre le Sida Photo : Mme Dorothée Kindé Gazard, Ministre de la Santé
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Par Fulbert Adjimehossou,

Les maladies hémorragiques sont des troubles de la coagulation, des anomalies génétiques qui méritent un peu plus d’attention. La plus connue d’entre elles est l’hémophilie. Professeur Dorothée Kindé Gazard, chef de Service de la Clinique Universitaire des Maladies du Sang du Cnhu-Hkm insiste sur l’importance du dépistage et donne quelques conseils.


La Nation : Les maladies hémorragiques, qu’est-ce que c’est ?

Prof. Dorothée Kindé Gazard: Parlant de maladies hémorragiques, il faut préciser qu’ici, il s’agit de maladies hémorragiques constitutionnelles. Elles sont dues à des anomalies génétiques héréditaires qui sont transmises des parents à leurs descendants. Les sujets qui portent ces anomalies ont des difficultés de coagulation et vont donc saigner plus longtemps et fréquemment surtout au décours de traumatismes très minimes.

Quelle est la différence avec les fièvres hémorragiques ?

Dans les fièvres hémorragiques, l’hémorragie n’est pas due à des anomalies génétiques, mais plutôt aux désordres créés par un agent pathogène (virus, microbes, parasites) sur le bon déroulement de la coagulation. C’est le cas de certaines pathologies comme la maladie à virus Ebola, la fièvre Lassa, etc.

Quelle est la maladie hémorragique qui sévit le plus au Bénin ?

La maladie hémorragique la plus fréquente au Bénin est l’hémophilie qui est due à des déficits de facteurs nécessaires à la coagulation avec en tête de liste l’hémophilie A suivie de l’hémophilie B. L’hémophilie A correspond au déficit en facteur VIII, tandis que l’hémophilie B correspond au déficit en facteur IX.

L’hémophilie va affecter le plus souvent les sujets de sexe masculin. Nous avons également des cas de la maladie de Willebrand qui est due à des anomalies du facteur de Willebrand. Soulignons que très peu de cas sont dépistés. Ainsi, en ce qui concerne l’hémophilie par exemple, au regard de la taille de la population béninoise, le nombre de malades attendu est d’environ 2000. Toutefois, seulement une centaine sont connus et suivis dans notre Service.

Quels sont les signes d’alerte ?

En matière d’hémophilie, le symptôme majeur est le saignement. Il s’agit de saignement répétitif spontané ou au décours de traumatismes minimes. Il peut s’agir de saignement buccal (gingivorragie), de saignement dans les articulations (hémarthrose) qui se gonflent et deviennent douloureuses, de saignement dans les muscles (hématomes). Parfois, l’hémorragie est interne notamment dans le cerveau (Avc hémorragique), dans les urines (hématurie), dans le tube digestif (hémorragie digestive). Il peut s’agir également d’hémorragie cataclysmique au décours de la circoncision.

Du 08 au 12 décembre 2021, le Centre de traitement de l’Hémophilie (Cth) en collaboration avec l’Association béninoise des Hémophiles (Abh) était dans le Borgou. De quoi était-il question ?

Cette activité a pour thème : « Amélioration de la prise en charge de l’hémophilie au Nord du Bénin ». Le Cth Bénin avec la Fédération Mondiale de l’Hémophilie, l’Association Française des Hémophiles et bien d’autres; visent plusieurs objectifs : la formation des professionnels de la santé (médecins, paramédicaux et biotechnologistes), la mise en place et équipement du Cth Parakou, la formation des membres et l’installation du bureau régional de l’Abh (Borgou/Alibori), le dépistage des maladies hémorragiques.
Pourquoi insistez-vous sur le dépistage ?

Il est important d’organiser des campagnes de dépistage, car les maladies hémorragiques ne sont pas connues de nos populations qui pensent qu’il s’agit de causes occultes. Comme nous l’avons dit plus haut, moins de 10 % des patients souffrant de maladies hémorragiques sont dépistés et suivis en Afrique subsaharienne. Pourtant, le traitement est gratuit avec l’appui de la Fédération mondiale de l’Hémophilie qui met à notre disposition les facteurs dont le déficit est à l’origine de cette maladie. Il est donc important de travailler à ce que les patients soient diagnostiqués et pris en charge correctement. Soulignons que cette activité a bénéficié du soutien direct de la Direction Nationale de la Médecine Hospitalière dirigée par le Dr Ange Dossou.

Quelques conseils

Les maladies hémorragiques notamment l’hémophilie ne constituent pas une fatalité. Ce sont des maladies qui, diagnostiquées, sont bien prises en charge. En cas de saignement répétitif, il vaut mieux se rapprocher rapidement d’un agent de santé pour faciliter le diagnostic. C’est aussi le lieu de rappeler qu’avant toute circoncision, il faut faire des analyses pour s’assurer qu’il n’y a pas de risque de saignement.
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