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Art et Culture

Théâtre avec Ousmane Alédji : Tassi Hangbé, la reine intrépide !

Publié le mardi 4 janvier 2022  |  La Nation
Tassi
© Autre presse par dr
Tassi Hangbé : Une reine une pièce théâtrale
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Par Josué F. MEHOUENOU,

Tassi Hangbé n’a pas seulement pris le pouvoir. Elle a été face à une machine infernale qui ressemble à bien des égards à une maison de fous. Ses nuits d’angoisse débutent avec la prise de commandement.
Le théâtre s’ouvre sur des images de deuil. La mort s’invite dès les premières secondes de la représentation pour laisser voir ensuite la dépouille d’un roi défunt. Plus de 600 spectateurs silencieux observent la scène de deuil. Certains sont intrigués, à mesure que monte le chant de la prêtresse chargée de finaliser les rituels pour le roi défunt. La scène s’illumine progressivement. Les silhouettes se font plus précises. Les rituels s’enchainent. La prêtresse n’en finit pas avec ses chants de deuil, les incantations, l’allégeance au souverain… Le public est pantois. Le rituel finit par le sacre de la sœur jumelle du roi défunt. Louanges, vénérations et panégyriques à la nouvelle reine. Sa couronne est prête. C’est elle qui hérite des sandales royales et des récades, symbole de commandement. Mais, sacre ou sacrilège ? Une femme sur le trône de Houégbadja, fondateur du jadis royaume d’Abomey, c’est comme si la lune apparaissait en plein jour. Elle doit se battre contre tout un système, affronter la trahison, les intrigues. Le destin ne lui a pas seulement ôté son frère jumeau Akaba. Il veut surtout la mettre à rude épreuve. La première et sans doute l’épreuve de trop, c’est la disparition de son unique fils Tankpinou. Le rescapé de ses quatre heureuses maternités vient de faire l’objet d’un kidnapping au palais.
Tant et si tant de misères assaillent le quotidien de l’élégante qui pourtant ne fléchit pas. Si Dossi sa jeune sœur peut l’épauler et se montrer infaillible soutien, il faudra par contre affronter la ruse et la rage de Gnansounou son neveu. Un mâle rustre, sans pitié ni cœur pour qui, la place de la femme n’est pas au-devant du royaume. La lutte avec la reine Tassi, il l’a menée sur tous les fronts. Guerre sourdine, combat verbal, envolées mystiques… Rien n’aura été mis de côté pour arracher le trône royal devenu de plus en plus vacillant sous la souveraine. Les recherches infructueuses pour retrouver son unique fils, et l’annonce de sa mort qui surviendra plus tard ont fini par la convaincre que ce pouvoir, elle devrait s’en débarrasser. Pendant environ 75 minutes, le metteur en scène et ses comédiens vont voyager au cœur de la tradition et des intrigues du pouvoir. Le cocktail est savamment dosé. Chants, danses, proverbes, citations, incantations… Il y en avait pour tous les goûts. Du Nagot au Fon en passant par les textes sous titrés en français, chacun en avait pour son goût.
« Tassi Hangbé, la reine amazone » a le mérite de plonger le théâtre au cœur d’une histoire, celle d’une reine que l’histoire tente vainement de sortir de ses annales. Ce théâtre lui redonne une nouvelle vie, à l’heure où le débat sur la capacité des femmes à prendre la tête des cités est plus que jamais d’actualité. Reine amazone pour les uns, notamment avec la création de son armée de guerrières intrépides, reine interdite pour les autres, parce qu’ayant sept paires de côtes, femme interdite de pouvoir pour les machos… Tassi Hangbé, sur les 75 minutes de vie que lui redonne le metteur en scène Ousmane Alédji avec la complicité de ses comédiens et danseurs réveille le débat du pouvoir des femmes et ses limites. La reine en tout cas a su déposer les armes, peut-être pas au bon moment. C’est un « Théâtre-opéra contemporain africain », soutient le metteur en scène. Le ministre en charge de la Culture l’assimile à une plongée dans notre histoire avec la première et seule reine de la dynastie d’Abomey. Cette représentation met en synergie les disciplines scéniques les plus populaires, chants, panégyriques, danses, drame et constitue, selon lui, une belle occasion de célébrer le théâtre. Elle rassemble une multiplicité de disciplines artistiques.
La distribution est partagée entre Rachelle Agbossou, danseuse, chorégraphe et professeure de danse, fondatrice et directrice de la Compagnie de danse « Walô », Carine Ahissou et sa sœur Tatiana Ahissou, plus connues sous le nom d’artiste les Teriba, toutes deux chanteuses, auteures-compositrices, interprètes et percussionnistes. On y retrouve aussi Nathalie Hounvo Yèkpè, comédienne et metteur en scène au théâtre ainsi qu’au cinéma. Fidèle Gbègnon incarne la reine. Elle est interprète de théâtre et de cinéma et styliste de formation. Nicolas Houénou de Dravo est l’assistant du metteur en scène sur cette production et arbore sur scène, les attributs de l’intrépide Gnansounou. Enfin, Raphaël Hounto qui, depuis 1979, écume les scènes d’ici et d’ailleurs avec passion et professionnalisme, incarnait le roi défunt. Les décors et la scénographie sont assurés par le plasticien Dominique Zinkpè et le metteur en scène. Les costumes portent la griffe de Pamela Samè Houénoudé.
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