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Défaut d’hygiène et d’assainissement dans les milieux lacustres: La facture salée payée par les populations

Publié le vendredi 14 janvier 2022  |  Matin libre
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© Autre presse par DR
Le relèvement des pays pauvres du fait de la Covid-19 préoccupe
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Selon une enquête réalisée par Banouto, les populations des milieux lacustres paient cher, le prix d’une vie dans des conditions insalubres. Ce travail de terrain réalisé dans le cadre du projet « Enquêtes sur les droits sociaux au Bénin en 2021: cas de l’eau et la santé », qui bénéficie de l’appui technique et financier de la Fondation Friedrich Ebert (FES) au Bénin et piloté par Banouto, dans un partenariat avec Matin Libre, La Météo, Daabaaru et ODD TV, révèle la facture salée liée au défaut d’hygiène et d’assainissement dans les milieux lacustres.



« La vie dans des conditions insalubres n’est pas sans conséquence. Dans les cités lacustres du Bénin, la santé des habitants est mise à rude épreuve. Dans ces milieux vulnérables comme ailleurs, adultes, notamment les femmes et surtout les enfants sont nombreux à se retrouver à l’hôpital en raison de maladies liées à l’insalubrité qui coûtent des milliards de franc CFA au pays » renseigne l’enquête. Si l’insalubrité demeure une source de maladies, les populations se trouvent contraintes de dépenser leurs maigres ressources à l’hôpital. C’est le cas d’un pêcheur qui avait failli perdre son enfant, souffrant d’anémie. Le sang étant indisponible à l’hôpital de Comè, l’enfant a été évacué de toute urgence à Lokossa. « Pour un séjour de deux semaines dans les couloirs de l’hôpital, il a dépensé près de 100.000 F CFA. Le pêcheur dont les activités sont au ralenti avec l’ensablement du lac a dû contracter des prêts pour solder les frais de soins à son enfant..Dans le village balayé par des inondations cycliques, les périodes de crue accentuent la vulnérabilité des populations et les cas de maladies hydriques se multiplient» informe Olivier Ribouis, auteur de l’enquête. A sô-Ava, une autre localité lacustre, la réalité est la même. Dans cette commune lacustre au sud du Bénin, l’ingestion d’eau ou d’aliments contaminés est un facteur important de la diarrhée infantile. « Les épidémies de choléra sont récurrentes dans le secteur d’étude, une zone marquée par de mauvaises conditions d’assainissement et une absence de système de collecte et de gestion des déchets solides ménagers », peut-on lire. “Devant le choléra, le paludisme constitue la première cause de consultation dans la plupart des autres cités lacustres et semi-lacustres. Au centre de santé de l’arrondissement d’Agatogbo situé entre trois à quatre kilomètres des habitations de Guézin, le major Armelle Saïzonou renseigne les données épidémiologiques sur les maladies de l’insalubrité qui accablent les populations de ce village semi-lacustre. « Les maladies les plus fréquentes qu’on a ici, c’est le paludisme et les maladies hydriques. Les gastro-entérites, le choléra par saison. Il arrive des moments où on est vraiment acculé. En saison pluvieuse, la fréquence est vraiment énorme ». L’infirmière apprend que les enfants de 0 à 5 ans et les personnes âgées à partir de 50 ans sont en grand nombre parmi les patients qu’ils reçoivent. « Chez les enfants, on a souvent des cas critiques. Ils présentent l’anémie, la convulsion, les enfants qui sont léthargiques, les vomissements. C’est des signes qu’on a souvent. », souligne-t-elle. Chiffre à l’appui, Major Armelle Saïzonou informe que le centre enregistre jusqu’à « 500 cas de paludisme par mois » dont la majorité, c’est des enfants. Et, « en période de pique, pour le paludisme on va jusqu’à 700 cas »“ fait savoir le journaliste. En ce qui concerne les maladies hydriques, les chiffres tournent autour de 80 cas par mois.

Des milliards de Fcfa de perte

Selon Félix Adégnika, Coordonnateur national de Water Supply and sanitation collaborative council (Conseil de concertation pour l’eau potable et l’assainissement, WSSCC), une organisation basée à Genève et présente dans 17 pays d’Afrique et d’Asie dont le Bénin, les populations font face à une facture salée. Selon ce dernier, « le Bénin perd 52 milliards F CFA chaque année par manque d’hygiène et d’assainissement ». “Félix Adégnika informe que c’est depuis 2012 qu’une étude de la Banque mondiale a alerté le pays à propos de cette perte en plusieurs dizaines de milliards de franc par an. Selon le document consulté par Banouto, la défécation à l’air libre, l’une des pratiques en vogue dans les milieux lacustres coûte des milliards au pays. « La défécation en plein air coûte au Bénin plus de 75 millions $EU (soit 37,5 milliards CFA, ndlr) par an » lit-on dans le rapport.Les experts de la banque mondiale relèvent également dans leur étude que les pauvres subissent plus le poids économique d’un mauvais assainissement. « Les coûts d’un mauvais assainissement sont inéquitablement distribués, le fardeau économique le plus lourd pesant disproportionnellement sur les plus pauvres. Le coût moyen associé à un mauvais assainissement constitue une proportion beaucoup plus grande du revenu d’une personne pauvre que celle d’une personne plus riche » martèlent-ils“ rapporte le journaliste.

Et selon l’Unicef, les défis en matière d’hygiène et d’assainissement restent grand en dépit des efforts consentis pour l’approvisionnement en eau potable. « Si des progrès remarquables ont été enregistrés en matière d’accès à l’eau potable, dont la couverture atteint désormais 77 pour cent en milieu urbain et 66 pour cent en milieu rural, des améliorations marginales ont été réalisées en matière d’assainissement. Les disparités d’une localité à une autre persistent et plus de la moitié de la population n’a pas accès aux services d’assainissement améliorés ». De même, selon l’enquête, 10 enfants continuent de mourir chaque jour, 90 pour cent de ces décès sont dus à l’ingestion d’eau contaminée et au manque d’installations sanitaires hygiéniques communautaires. « Au niveau national, plus d’un ménage sur deux (54 pour cent) n’utilisent pas de toilettes et défèquent encore à l’air libre (brousse/ champs) : 77 pour cent en milieu rural contre 36 pour cent en milieu urbain. Sept enfants sur dix ont leurs matières fécales qui ne sont pas évacuées de façon hygiénique », selon l’Unicef. Lire l’intégralité de l’enquête sur www.banouto.bj



A.B
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