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Magloire Dochamou au sujet de l’importance de l’assurance pour tous : « L’assurance préserve l’intégrité de l’individu et contribue au financement de l’économie »

Publié le mercredi 19 janvier 2022  |  La Nation
Magloire
© Autre presse par DR
Magloire Dochamou, Vice-président de l’Association des sociétés d’assurances (Asa) du Bénin
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Par Isidore Alexis GOZO (gozoalexis6@gmail.com),

Vice-président de l’Association des sociétés d’assurances (Asa) du Bénin, Magloire Dochamou déplore la faible souscription des contrats d’assurances par les populations. Tout en proposant, dans cette interview, des pistes de solutions pour améliorer la capacité d’intervention des assureurs auprès de celles-ci, il souligne l’importante de l’assurance dans la préservation de l’intégrité physique de l’individu, de sa famille ainsi que de son patrimoine et sa contribution au financement de l’économie.

La Nation : En votre qualité de haut cadre du secteur de l’assurance, que peut-on comprendre par assurance?

Magloire Dochamou : L’assurance est un mécanisme par lequel des personnes exposées à des risques de la vie quotidienne décident de s’en prémunir en souscrivant un contrat auprès d’une société appelée assureur avec la promesse qu’en cas de réalisation du risque, l’assureur assumera la prise en charge des conséquences financières pour soulager ces personnes.

Pourquoi faut-il s’assurer ?

Pour répondre à cette question, j’emprunterai une approche pédagogique basée sur des démonstrations par des exemples concrets tirés de notre quotidien. Je suis propriétaire d’une moto ou d’une voiture. Si à l’instant, je cause des dommages à autrui ou si je subis des dommages dans le cadre d’un accident de la route, suis-je capable de débourser 1, 2, 3, voire 5 millions pour réparer les dommages ? Si je décède brutalement des suites de maladies ou d’accidents, mes enfants pourront-ils poursuivre leur scolarité facilement ou devront-ils abandonner l’école, faute de moyens ? Je suis travailleur, j’irai à la retraite dans 5, voire 10 ans, aurai-je les moyens de vivre décemment ou de me soigner étant donné qu’à la retraite, les revenus du travailleur baissent et qu’il ne bénéficie plus de l’assurance santé souscrite par son employeur lorsqu’il était en activité ? Si à chacune de ces questions la réponse est ‘’Non’’ ou hésitante, vous devez vous assurer, car les assureurs ont des solutions pour vous permettre de répondre par oui à toutes ces questions et même au-delà.

Sous nos cieux, il est constaté que beaucoup n’ont pas le réflexe de souscrire une police d’assurance. À quoi cela est-il dû ?

Généralement, le défaut d’assurance des populations s’explique par les croyances. On pense que c’est Dieu ou ce en quoi chacun croit qui protège. Il y a aussi le manque de moyens et la perte de confiance aux assureurs. Ce sont les trois raisons régulièrement invoquées par les personnes pour ne pas s’assurer. Me concernant, je pense qu’il y a une asymétrie d’informations entre les assureurs d’une part et les autres acteurs tels que les populations, les Etats, les entreprises, les médias, les leaders d’opinion d’autre part, sur l’importance de l’assurance dans la vie des populations et de la nation et surtout son fonctionnement. J’ai la conviction que si ce problème de communication est réglé, le réflexe de la souscription viendra et tout le monde s’en réjouira.

Que faire pour changer la donne ?

C’est un impératif aujourd’hui de continuer par sensibiliser les populations sur le bien-fondé de l’assurance, sur le fonctionnement du secteur des assurances afin que chacun sache ce dont on parle afin d’éviter malheureusement et bien souvent les procès qui sont faits aux assureurs.
En plus de cette sensibilisation qui doit se faire dans un langage accessible et porter également sur le contenu des produits d’assurances et comment se faire indemniser en cas de réalisation du risque, les assureurs doivent travailler à la mise à disposition des populations des produits d’assurance répondant à leurs préoccupations courantes à des prix accessibles au plus grand nombre.
En outre, on ne parle pas souvent de cet aspect qui est pourtant le levier qui va à coup sûr booster le secteur de l’assurance dans nos pays, c’est ce rôle longtemps occulté de l’État qui se doit de créer le cadre institutionnel nécessaire qui rendrait obligatoires certains produits d’assurance, tout en contribuant de façon énergique à la sensibilisation des populations et en veillant à ce que les assureurs respectent leurs engagements vis-à-vis des assurés et bénéficiaires de contrats d’assurances.
Enfin, les médias et les leaders d’opinion qui doivent s’approprier les notions d’assurance et mieux s’imprégner du fonctionnement des sociétés d’assurance pour éviter la désinformation et mieux sensibiliser les populations à la base avec l’assistance des assureurs bien sûr. Et je suis d’avis que ceci ne peut être réellement fait sans une action concertée et des objectifs clairement définis par les instances en charge du secteur de l’assurance dans les Etats.
Je ne vais pas mettre la charrue avant les bœufs, mais une chose est certaine, les assureurs à l’avenir utiliseront les médias, mais autrement que dans le rôle dépassé de diffuseurs de visuels qui vantent les produits d’assurance. Il faut aller au-delà et nous en sommes conscients. Il y va de la vitalité de ce secteur à fortes potentialités de contribution au financement de l’économie et de création d’emplois pour les jeunes diplômés. Il y va surtout de l’amélioration progressive de la relation entre les assureurs et les populations.
Vous conviendrez avec moi, dès lors que nous pouvons nous assurer, que les médias, les leaders d’opinion et les gouvernants contribuent davantage à la sensibilisation des populations à l’importance de la souscription massive aux produits d’assurance, tout en s’assurant que les assureurs eux-mêmes communiquent mieux sur le contenu de leurs produits qu’ils rendent accessibles à toutes les couches de la population, tout en travaillant à la bonne tenue de leurs engagements en cas de sinistre , il n’y a pas de raison que la donne ne change pas.
Mieux, fort de l’effectif de la population africaine estimée à près de 1,4 milliard d’habitants, nous pouvons créer les conditions non seulement de l’amélioration significative des prestations des assureurs envers les populations mais surtout d’une contribution plus forte des assureurs à la mobilisation des ressources internes pour financer le développement de nos Etats. C’est pour cela que nous disons que souscrire à une assurance va au-delà d’une assurance de véhicule, de motocyclette, voire d’habitation, mais cela contribue au développement socio-économique de nos Etats. Si nous le comprenons comme tel, on aura fait un grand pas.

Quelle place occupe l’assurance dans la vie d’un individu ?

Au vu de ce que je viens d’expliquer, l’assurance devrait avoir une place de choix dans la vie de l’individu puisqu’elle permet à l’individu de se protéger lui-même, sa famille et surtout les biens acquis souvent au prix de beaucoup de sacrifices. En principe, chaque individu doit consacrer un budget minimum à l’assurance chaque année en fonction naturellement de ses revenus et de ses priorités en termes de risques à couvrir.
Au Bénin par exemple, si le tiers de la population estimée à plus de 12 millions consacre ce budget annuel à la souscription de polices d’assurances, on aurait une mobilisation de ressources pour le secteur des assurances de 146 milliards F Cfa contre environ 65 milliards F Cfa actuellement, soit 2,5 fois les primes collectées actuellement par les entreprises d’assurances. Sur dix ans, c’est environ 1500 milliards F Cfa qui seront collectés par les assureurs. Vous conviendrez avec moi qu’avec ce niveau de collecte de primes, tout le monde y gagnerait, notamment les assurés (populations), car les assureurs auront plus de moyens pour faire face aux sinistres et dans de meilleurs délais, l’Etat qui va pouvoir emprunter auprès des assureurs pour financer ses projets notamment les routes, les hôpitaux, les écoles, les adductions d’eau… En direction des mêmes populations, les établissements financiers qui sont le réceptacle naturel des primes collectées par les assureurs utiliseront ces fonds pour financer les particuliers et les Pme ; bref toute la chaîne économique se renforcera. C’est ça la place qu’occupe l’assurance dans la vie de l’individu, une place de préservation de l’intégrité physique de l’individu et de sa famille ainsi que de son patrimoine d’une part, et de contribution importante au financement de l’économie d’autre part. C’est pour cela que nous invitons les Africains en général et les populations béninoises en particulier à s’assurer massivement.
N’y-a t-il pas des failles à corriger au sein de cette corporation ?


Il y a certainement des points à améliorer au niveau des assureurs, je n’en disconviens pas et croyez-moi, nous y travaillons. Peut-être faudrait-il qu’on communique mieux dessus pour rassurer les populations. Mais après, il faut prendre conscience du fait que seuls, les assureurs ne pourront pas changer la donne et redonner confiance aux populations. C’est une œuvre collective qui nécessite que chaque acteur de la chaîne joue sa partition. Il ne s’agit pas de pointer constamment du doigt les assureurs qui, rappelons-le, doivent faire des efforts pour améliorer leurs prestations vis-à-vis des assurés, mais de prendre conscience du rôle social et économique de l’assurance dans nos économies afin d’agir ensemble en toute responsabilité pour le développement du secteur qui impactera positivement la vie des populations. Le débat que nous menons, le financement des centres de santé, des écoles, des routes et autres œuvres sociales au profit des populations sur mobilisation de ressources propres, en recourant le moins possible aux marchés financiers internationaux en dépend.

En quoi l’Etat peut-il aider les maisons d’assurance ?

Je suggère qu’en sus de s’assurer par le biais de ses structures de contrôle que les assureurs tiennent leurs engagements à l’endroit des assurés, l’Etat se joigne aux assureurs pour inciter les populations à s’assurer massivement. Il ne s’agit pas pour lui de faire de la sensibilisation sur les produits mais d’attirer l’attention des populations sur le fait que s’assurer, c’est préserver sa famille, soi-même et ses biens.
Ensuite, l’État, et je m’intéresse surtout au Bénin, dont le développement me tient surtout à cœur, doit envisager, comme c’est le cas en Europe, l’élargissement dans le cadre d’une étude du nombre d’assurances obligatoires, compte tenu de leurs caractères importants pour le bien-être des populations et des effets induits sur le financement de l’économie.
Enfin, il est important que, pour les assurances obligatoires existantes et celles à venir, l’Etat s’assure de leur respect par les populations sinon, cela n’aurait servi à rien de les instaurer. Je voudrais inviter nos Etats à mieux s’approprier la question du développement de l’industrie des assurances en Afrique en général et au Bénin en particulier. Car avec une industrie des assurances forte, l’Etat dispose d’un partenaire solide financièrement pour mieux accompagner le développement économique et social du pays.
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