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Entretien avec Mahmound Bah, Président Directeur Général par intérim du MCC : « Nous ne sommes pas venus avec une prescription, mais avec un modèle »

Publié le mercredi 16 fevrier 2022  |  Fraternité
Mahmound
© Autre presse par DR
Mahmound Bah, Président Directeur Général par intérim du MCC (Millenium Challenge Corporation)
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Isac A. YAÏ

Les Etats-Unis à travers le Millenium Challenge Corporation (MCC) investissent au Bénin dans plusieurs secteurs grâce aux différents compacts du Millenium Challenge Account. De la justice à l’énergie en passant par les infrastructures portuaires, le MCC contribue au développement du Bénin. De passage au Bénin pour discuter des conditions d’un compact régional avec le Président de la République, Mahmound Bah, Président Directeur Général par intérim du MCC a accordé un entretien à votre journal à l’ambassade des Etats-Unis au Bénin

Monsieur Bah, vous séjournez depuis quelques jours au Bénin, dites-nous l’objet de ce séjour ?
Nous sommes là dans le cadre d’une visite de travail. Cela pour deux objectifs : faire la revue du compte en cours centré sur l’énergie au Bénin et l’autre est que nous sommes dans le processus de développer un nouvel investissement dénommé "Le Régional" avec le Bénin. Cet investissement sera encré sur le transport routier entre le Bénin et le Niger.

Concernant "Le Régional", il semblerait que pour des raisons de démocratie, ce fonds serait diminué. Nous voulons savoir de combien cette enveloppe financière sera réduite ?
Nous avons un modèle sur lequel nous travaillons. Donc, notre manière de travailler est encrée sur des principes d’éligibilité. Il y a 20 indicateurs dans ce principe parmi lesquels se trouvent les indicateurs de la gouvernance démocratique. Nous sommes régis par le Congrès américain qui nous demande de travailler en suivant ces indicateurs. Donc, c’est sur cette base que nous avons fait le premier compact avec le port de Cotonou au Bénin et c’est sur cette même base que nous avons signé le compact de l’énergie et c’est sur cette même base qu’on fera le compact régional. Ce qui se passe, est que nous avons observé sur l’indicateur du droit politique un déclin. Et lors du conseil d’administration de MCC en décembre dernier, les membres ont voulu savoir ce que nous faisons par rapport au déclin observé sur cet indicateur. Le conseil a donc décidé de résoudre ce problème en diminuant le volume d’investissement sur "Le Régional". Là où nous sommes en ce moment, nous n’avons pas encore un montant du "Régional", car nous n’avons pas encore fini les études. Donc, nous ne pouvons pas encore déduire de combien ce compacte sera diminué. Mais ce qui est sûr, c’est que nous voulons travailler avec le gouvernement pour comprendre ce qui se passe et voit comment redresser l’indicateur concerné.

Comme vous l’avez déjà évoqué dans vos propos, le compact actuel en exécution au Bénin est consacré à l’énergie. Il devrait être à terme cette année. Mais à cause de la pandémie, il a été rallongé jusqu’à l’année prochaine. Quel bilan en faites-vous ?
Le Bénin est un partenaire de longue date, depuis 2005. Donc, nous avons toujours eu des équipes compétentes au Bénin. Le compact énergie est en bonne voie, mais la pandémie nous a sérieusement affectés. Raison pour laquelle le congrès américain nous a autorisé à faire une extension d’un an avec une petite augmentation budgétaire. Cela a été vraiment apprécié de tout le monde.
Le bilan qu’on peut faire est que nous avons atteint de grands jalons et nous avons aussi des jalons qui arrivent. Nous avons par exemple la finition des travaux d’infrastructures des postes et stations de transformation, nous allons finir les lignes de distribution… Nous sommes très optimistes. Néanmoins, on est conscient que beaucoup restent à faire. Nous avons encore un an devant nous. Nous avons donc une ligne à suivre. Le gouvernement veut que tout le compact finisse avant le délai fixé. Car à MCC, lorsque le montant n’est pas dépensé à la fin du délai, il retourne au trésor américain. C’est la particularité de notre investissement. C’est un don, mais quand il n’est pas dépensé à temps, il retourne aux Etats-Unis. Le bilan est donc positif, mais avec une vue encrée sur la finition.

Vous avez été reçu par le Président de la République. Le Bénin est certes souverain, mais est-ce que des engagements ont été pris pour améliorer cette question de la gouvernance démocratique ?
Nous avons une très bonne discussion avec le Président de la République. La discussion a été franche et ouverte. En tant que partenaire, on ne cache pas la manière dont nous voyons les choses. Le Président a été très direct sur sa vision et tout ce qu’il essaie de faire pour son pays. Vous avez parlé de souveraineté, j’aimerais être clair, nous ne sommes pas venus avec une prescription ou une ordonnance. Nous sommes venus avec un modèle sur lequel nous avons travaillé ensemble. On essaie donc de trouver des explications et des solutions aux inquiétudes que nous avons des deux côtés. Je pense que la discussion a été très positive en ce qui concerne comment résoudre les inquiétudes du conseil d’administration du MCC. Elle est positive dans le sens où nous sommes tous d’accord qu’en fin de compte, ce que nous recherchons, c’est de réduire la pauvreté chez bon nombre de Béninois. Il y a un proverbe africain qui dit « On creuse un puits aujourd’hui pour étancher sa soif de demain », donc ce que le gouvernement béninois est en train de faire aujourd’hui, c’est pour résoudre les problème en énergie de demain. Notre objectif final est de s’assurer qu’on réduit la pauvreté avec ce projet qui n’est qu’une partie d’une grande vision. Mais, nous ne pouvons pas travailler hors de notre modèle.

En ce qui concerne le compact régional, de façon concrète qu’est-ce qui sera fait et il prend en compte combien de pays ?
Comme je l’ai dit, le "Régional", c’est dans le secteur du transport. Nous avons des contraintes au développement. On analyse ces contraintes. Dans notre cas ici, le transport est une contrainte car, le coût du transport est très élevé entre Cotonou et Niamey ou entre Parakou et Cotonou… Ce que nous recherchons, c’est de savoir ce que nous pouvons faire pour alléger cette contrainte. Et pour le corridor Cotonou-Niamey, il y a des tronçons et nous sommes en train de faire des études de faisabilité, à savoir : le volume du trafic, l’état actuel de la route… Mais tous nos projets ont en amont des conditions précédentes. Dans ce cas, ce sera des réformes au niveau du transport, par exemple l’entretien routier. Quand nous allons formuler le projet dans son entièreté, il y aura une partie réforme institutionnelle et il y aura dans une autre partie des infrastructures qui vont accompagner cette réforme. Il y aura donc une enveloppe pour les réformes et à ces réformes seront reliées des infrastructures qui seront des routes. Mais nous n’avons pas encore défini les tronçons que nous ferons. Nous sommes donc en discussion avec le gouvernement béninois et sur la partie des réformes qu’il faut et les tronçons que nous allons couvrir. Comme c’est un compact régional qui va connecter deux pays, nous sommes aussi en train de faire la même chose du côté du Niger.

Donc, ce compact régional concerne uniquement deux pays ?
Pour le moment, ce compact régional connecte deux pays : le Bénin et le Niger. Le but recherché, c’est d’alléger les contraintes liées au commerce entre les deux pays. L’agrément intercontinental d’Afrique est en train de résoudre le même problème, c’est-à-dire comment connecter les marchés africains. Il y a souvent des pôles économiques qui sont en croissance mais qui ne sont pas connectés. Dans le cas du Bénin, les marchandises du Niger passent par le port de Cotonou. Donc, comment connecter plus facilement Cotonou à Niamey pour faciliter le transport de ces marchandises ? c’est l’objectif de ce compact régional.

Pourquoi le marché et le commerce africains intéressent-ils les américains ?
Le marché africain est le marché du futur. Et quiconque ignore ce que pourra devenir l’Afrique dans 10 ou 15 ans, aura raté une bonne partie du développement global. Donc, pour les Américains, on a un partenariat avec un pays frère et ami que nous sommes en train d’aider pour un développement économique et une réduction de la pauvreté. Nous espérons que quand ce marché sera opérationnel et efficient, les compagnies américaines pourrons y participer. Pour ça, nous avons une enveloppe de gouvernance et de réforme institutionnelle pour que ce soit un marché libre non seulement pour le peuple africain, mais aussi pour les partenaires étrangers parce qu’on aura besoin de capacité, d’infrastructures, de connaissances et de transfert de connaissances. L’Afrique est le marché du futur, c’est pour cette raison que cela intéresse les Américains.

En ce qui concerne les réformes institutionnelles, en quoi cela consistera-t-il ?
Il y a tout une série de réformes. La première qui est la plus évidente concerne l’entretien routier. Après près de 18 ans d’exercice dans ce domaine, le MCC a remarqué que l’entretien routier constitue le plus gros obstacle au développement du secteur routier. Par exemple on peut réformer le fonds d’entretien routier pour que la sélection des routes à maintenir soit guidée par une méthode scientifique ? Une route, c’est un acquis comme les autres, si on ne l’entretient pas, elle se dégrade. Il y a donc toute une série de critères que nous allons proposer comme réformes qui seront des conditions au décaissement des fonds pour réaliser un segment donné.
Propos recueillis par Isac A. YAI
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