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Exposition publique diptyque au Palais de la Marina : Historique cahier d’un retour au pays natal

Publié le lundi 21 fevrier 2022  |  La Nation
Vernissage
© Autre presse par Presidence
Vernissage « Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation » sous la présidence du Président de la République, Monsieur Patrice TALON, ce samedi 19 février 2022 dans le cadre de l’exposition publique diptyque au Palais de la Marina
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Par Ariel GBAGUIDI,

C’est parti pour l’exposition publique Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui, de la restitution à la révélation: trésors royaux et art contemporain du Bénin. Ce samedi 19 février, le vernissage a mobilisé un parterre de personnalités nationales et étrangères autour du président Patrice Talon qui, à l’occasion, s’est improvisé médiateur culturel de façon magistrale.
La file de véhicules, le nombre de personnalités présentes, l’ambiance sur l’esplanade du palais de la Marina de même que la horde de médias nationaux et internationaux aux aguets, témoignent de l’envie des invités à voir absolument les trésors royaux restitués par la France. Samedi dernier, jour du vernissage de l’exposition publique diptyque, le chef de l’Etat, Patrice Talon, a reçu, dans la matinée, de hautes personnalités étrangères et nationales parmi lesquelles la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, accompagnée des députés français Yannick Kerlogot et Bruno Studer et du président du musée du Quai Branly Jacques Chirac, Emmanuel Kasarherou, ainsi que les présidents des institutions du Bénin. Etaient aussi présents des membres du gouvernement, des conseillers et ministres, des directeurs de structures d’Etat et des rois du Bénin pour l’acte 1 du vernissage. Tout ce beau monde est éclaté en plusieurs groupes. Une à une, les 26 œuvres culturelles restituées qui retracent une partie de l’histoire du royaume du Danxômè, leur ont été présentées. Entre autres, les histoires autour des deux trônes d’apparat, longs de plus de 1,88 m, sur lesquels les rois Guézo et Glèlè s’asseyaient pour des occasions exceptionnelles comme la cérémonie de Atô en hommage aux ancêtres ; les bochio (statues anthropomorphes et anthropozoomorphes) de Guézo, Glèlè et Béhanzin ayant à peu près la taille d’un être humain ; le trône de Cana qui renseigne sur la hiérarchie sociale de l’époque; les assen hotagati ont séduit les invités de Patrice Talon. Ils ont alors pris le temps de contempler ces trésors royaux. Ce fut, pour eux, l’occasion de se rendre compte, une fois encore, de la richesse de l’histoire du royaume de Danxômè, mais aussi de l’immensité du talent des familles d’artistes au service des rois à l’époque. Accompagnant une dizaine de rois lors du vernissage, Patrice Talon n’a pas hésité à troquer momentanément son costume de président de la République pour celui de médiateur culturel spécial, fier, passionné et content de ce qui se passe à la Présidence. Face aux rois, il a narré les circonstances du départ des 26 œuvres et bien d’autres encore. Des œuvres pillées par les troupes du général français Alfred Amédée Dodds après qu’elles ont réussi à entrer dans la ville d’Agbomè (actuel Abomey), la capitale du Danxômè, le 17 novembre 1892.

Devoir de mémoire

« Nous avons été vaincus et le vainqueur a ramassé ce qui était important, symbolique, pour nous-mêmes et pour notre histoire. C’est ainsi que les trônes qui sont le symbole du pouvoir ont été ramassés par les colons parce que, pour eux, c’est de cette façon qu’ils enlèvent définitivement le pouvoir de nos mains. Donc, le fait d’avoir emporté les trônes, les portes des palais, … constitue pour eux la façon d’enlever définitivement le pouvoir aux uns et aux autres pour qu’un descendant ne vienne plus dire après : ‘‘c’est mon tour, c’est moi qui dois être roi et consorts ’’. Donc, tout ce qui symbolise le pouvoir traditionnel, le pouvoir des rois, des royaumes, la plupart ont été emportés », détaille le président de la République. Il précise par la suite que la démarche du Bénin de réclamer ses biens culturels, a pour but de permettre aux filles et fils du pays ainsi qu’aux générations à venir de mieux connaître l’histoire des royaumes, des peuples du Bénin et d’Afrique.
« Nous aussi, nous avons besoin de voir ce qui a marqué notre histoire pour qu’on sache comment, il y a 500 ans, 300 ans, 100 ans, 50 ans, nos royaumes et notre pays, les peuples du Bénin et d’Afrique ont évolué. C’est l’intérêt, c’est ce qui a fait qu’on a demandé qu’on nous restitue ces biens culturels pour que sur notre territoire, il y ait des choses qui témoignent de notre histoire. C’est quand même important que chaque peuple dispose sur son territoire, des choses qui relèvent de son patrimoine, de son histoire, et qui tracent sa vie pour aujourd’hui et pour demain », note le chef de l’Etat. Après l’étape des 26 œuvres culturelles, Patrice Talon et ses invités sont descendus un peu plus bas, dans la salle du peuple du palais de la République, afin d’admirer la centaine de chefs-d’œuvre de l’art contemporain béninois, exposés par 34 artistes.
Tout comme l’exposition des 26 trésors royaux, celle de l’art contemporain se déroule en trois séquences. Il y a d’abord Récurrence et Variation dont les thématiques touchent au sacré, au divin, comment dire et rendre visible l’invisible. Parmi les œuvres exposées dans cette séquence l’on retrouve celles de Cyprien Tokoudagba, Yves Pèdé, et autres. La deuxième séquence intitulée Transition, dans laquelle figurent les œuvres de Dominique Zinkpè et bien d’autres, fait le pont entre le passé et le présent. La dernière, Hybridation et Transgression, est composée d’artistes qui soulèvent des questionnements sur le devenir de l’homme, ses projections vers des horizons meilleurs, sa quête identitaire, etc. Tout ceci a également séduit Patrice Talon et ses hôtes. Tous apprécient le génie créateur des artistes béninois.
Au terme du vernissage, la ministre française de la Culture, Roselyne Bachelot, n’a pas caché ses sentiments. « Le choc esthétique que j’avais ressenti au musée du Quai Branly lors de la cérémonie d’au revoir de ces œuvres, je l’ai ressenti à la puissance dix en visitant ici au palais de la Marina, cette exposition. C’est aussi un choc politique au sens noble du terme, un choc d’échange, de voir ces œuvres revenir à la maison et de les retrouver à travers une exposition magnifiquement avancée… », apprécie-t-elle.
Roselyne Bachelot a également confirmé que des discussions et travaux sont en cours entre les gouvernements français et béninois pour de nouvelles restitutions. Celles-ci seront facilitées par une loi qui est en gestation. « L’acte 2 des restitutions a commencé d’abord par le partenariat muséal qui est établi et est très fort entre la France et le Bénin. Mais le président Emmanuel Macron a souhaité qu’une nouvelle loi puisse surplomber le principe de l’inaliénabilité des collections, qui souvent restreint cette démarche partenariale. Donc, nous sommes aux prémices puisque la mission qui a été confiée à Jean-Luc Martinez, ambassadeur de la République française pour la Coopération internationale dans le domaine du Patrimoine, à ce sujet, était au Bénin il y a quelques jours», note la ministre, toute satisfaite de ce qu’elle a pu voir, et surtout convaincue de la capacité du Bénin à bien conserver ces œuvres.
C’est l’autre attraction de l’acte 2 du vernissage. Ce samedi après-midi, l’ancien président de la République, Nicéphore Soglo, et l’ancien premier ministre, Lionel Zinsou, ont fait leur apparition sur les lieux de l’exposition. Tout comme les premiers venus, ils ont parcouru les 26 biens culturels soigneusement posés dans des baies vitrées. D’autres personnalités telles que l’ancien ministre d’Etat, François Abiola, des membres du gouvernement, des préfets, des maires et élus communaux, l’ancien président du Parlement, Mathurin Koffi Nago, des membres du corps diplomatique, des députés, d’autres vagues de rois, et de nombreuses autres personnalités ont, peu à peu, rejoint la salle de l’exposition qui grouillait de monde. Les uns et les autres ont eu un échange fraternel et cordial avec le chef de l’Etat autour des trésors royaux et des œuvres d’art contemporain, dans une atmosphère décontractée faite de petites blagues, d’accolades chaleureuses, d’anecdotes et d’éclats de rires.
« Je suis heureux, c’est pour cela que j’ai accepté de sortir pour venir voir les œuvres culturelles », a déclaré l’ancien président Nicéphore Soglo. L’ancien premier ministre, Lionel Zinsou, est aussi heureux de l’événement. «J’ai dit au président Patrice Talon : félicitations ! Vous avez révélé le Bénin… Quand on fait une exposition comme celle-ci, on révèle les talents du Bénin », ajoute le banquier d’affaires. Se référant à son expérience d’il y a quelques années, avec la fondation de sa fille, Lionel Zinsou assure que l’exposition connaîtra la visite d’un monde fou.

Fierté et d’autres retours

Au terme du vernissage, le président Patrice Talon a fait part de sa satisfaction, sa fierté, … de ce qui se passe au palais de la Marina. Toutes choses qui révèlent le Bénin au monde entier. « Moi Patrice Talon, avec ma modeste contribution à notre action aujourd’hui, celle des Béninois, je m’efforce de manière à nous révéler le Bénin », déclare-t-il devant la foule de personnalités toutes heureuses et satisfaites. Je veux exprimer « mon émotion de fierté (…) en ce que nous fûmes, en ce que nous sommes et en ce que nous serons. Que Dieu bénisse le Bénin ! », s’exclame Patrice Talon.
Pour la suite du processus, il réaffirme sa détermination à ramener de nouvelles œuvres avec la coopération fructueuse qui lie le Bénin et la France. Mais ce qui a été obtenu est déjà beaucoup et il faut s’en féliciter, car c’est un mythe qui a été vaincu et le reste sera aisé, note le premier magistrat béninois. « Ce n’est plus une préoccupation de savoir si c’est possible ou pas… Nous allons continuer de discuter et de travailler avec les autorités françaises pour que certaines des œuvres culturelles (encore en France) reviennent pour compléter ce qui est à côté que nous venons de voir », soutient le chef de l’Etat. Il informe tout de même qu’il n’a pas l’intention d’aller récupérer tous les biens culturels du Bénin à l’étranger, car cela ne profitera même pas au pays à l’heure de la mondialisation et de la globalisation. « Nous n’avons pas vocation à tout prendre. Je l’ai dit hier, c’est même bien pour nous que certaines restent dans les musées français, européens, dans les musées du monde pour que les visiteurs qui n’auront pas l’occasion de venir au Bénin, découvrent aussi que le Bénin existe à travers nos œuvres dans les musées des autres pays. Le monde est ouvert, il faut être présent partout. Nous ne dirons pas que tout ce qui nous appartient doit rester au Bénin. Ce n’est même pas dans notre intérêt. Mais certaines qui ont une valeur emblématique, mémorielle, historique pour nous, qui doivent être visitées ici, dans leur milieu naturel, nous ferons tout pour qu’elles reviennent pour compléter ce qui est là… », promet Patrice Talon. Il rassure également de ce que le gouvernement va œuvrer pour une bonne et meilleure conservation des œuvres qui sont restées au pays, de celles qui sont revenues et de celles qui viendront, conformément aux standards internationaux.
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