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Accès universel à l’eau potable au Bénin: Ce qui retarde le pari

Publié le mardi 22 fevrier 2022  |  Matin libre
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© aCotonou.com par Didier Kpassassi
L`Ong Direct Aid offre un forage d`eau potable aux population de Djougou.
L`Ong Direct Aid offre un forage d`eau potable aux population de Djougou.
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Une enquête réalisée par le journaliste Léonce Gamaï révèle les raisons justifiant le retard du Bénin quant à sa vision de garantir l’accès universel à l’eau potable. Réalisée dans le cadre du projet « Enquêtes sur les droits sociaux au Bénin en 2021: cas de l’eau et la santé », financé par la Fondation Friedrich Ebert (Fes) et piloté par Banouto dans un partenariat avec Matin Libre, La Météo, Daabaaru et Odd TV, la présente enquête de Banouto admet toutefois que des paliers sont franchis…



«Quelques mois après son avènement au pouvoir en 2016, le régime du président Patrice Talon s’était fixé pour objectif d’assurer l’accès universel à l’eau potable des populations à l’horizon 2021, alors que le taux de desserte tournait autour de 55 %. Des progrès ont été réalisés sans atteindre l’objectif fixé. En mai 2021, dans son discours d’investiture pour un second mandat, le Patrice Talon s’est donné une nouvelle échéance : fin 2023. Est-ce tenable? Pourquoi l’objectif n’a-t-il pas été atteint en 2021 ? » S’interroge le journaliste avant d’exposer la réalité du terrain.

Selon l’enquête, des difficultés liées à la disponibilité et l’accessibilité à l’eau potable demeurent au Bénin malgré les efforts consentis par les gouvernants. « Selon le document de synthèse de la stratégie nationale d’approvisionnement en eau potable en milieu rural, en 2017 le taux de desserte en milieu rural était de 42%, avec des disparités entre les départements. En milieu urbain et péri urbain, 69 chefs-lieux de communes sont couverts par la Société nationale des eaux du Bénin (SONEB), sur les 77, avec un peu plus de 3 millions de populations desservies en 2015, informe le document bilan de mise en œuvre du programme d’action du gouvernement 2016-2021…Pour le milieu rural, la définition de l’objectif d’assurer l’accès universel à l’eau potable aux populations est suivie de l’élaboration d’une stratégie 2017-2030, qui reprécise les échéances de l’ambition gouvernementale. 2021 est retenue pour fournir à l’ensemble de la population rurale « l’accès à une source d’eau améliorée à moins de 30 minutes aller-retour de son domicile, y compris le temps d’attente au point d’eau ». Quant à l’échéance de 2030, celle de l’atteinte des Objectifs de développement durable (ODD), elle concerne l’accès à « une source d’eau potable à domicile, en prenant en compte une mobilisation durable des ressources en eau et la construction d’infrastructures hydrauliques adaptées aux enjeux d’amélioration de la desserte », précise le document de stratégie nationale » lit-on.

Des paliers franchis malgré tout…

Si le défi reste à relever, des actes concrets ont été posés dont la création de l’Agence nationale d’approvisionnement en eau potable en milieu rural (Anaepmr) et le passage envisagé de système villageois à des systèmes multi villages d’approvisionnement en eau potable. “Au total, il est prévu 614 Systèmes d’approvisionnement en eau potable multi villages (SAEPmV) auxquels seront incorporées plus de 600 adductions d’eau villageoises existantes“, précise l’enquête.

« Selon des chiffres officiels, exposés dans le bilan de mise en œuvre du programme d’action du gouvernement 2016-2021, le taux de desserte totale (milieu rurale et urbain) a connu une progression ces cinq dernières années ; passant de 55 % en 2016 à 69% en 2020.

En milieu rural, de 42% en 2017, le taux de desserte en eau potable est passé à 70 % à fin décembre 2020, soit environ 7 Béninois sur 10, selon le rapport semestriel de l’Anaepmr sur le suivi du patrimoine et des performances du service public de l’eau potable en milieu rural au Bénin de janvier à juin 2021. Sylvain Adokpo Migan, directeur général de l’Anaepmr, souligne aussi les réformes, « les choses soft », faites pour l’organisation et la planification du secteur. « On a rebâti le secteur. On a donné un fondement et un socle », soutenait-il dans son entretien de mars 2021 sur la radio nationale. Ces réformes ont permis de « revoir complètement » la planification de l’offre de service public de l’eau potable et de savoir « de façon prospective » les équipements nécessaires « pour mailler l’ensemble du territoire de façon équitable. Aujourd’hui, nous avons des études qui couvrent l’ensemble du pays. (…) Nous sommes prêts à parer à n’importe quelle sollicitation de montage de programme. »

En milieu urbain, le taux de desserte qui était de 54 % en 2016 est passé à 74% en 2020, selon le document bilan du PAG Talon 1. Plusieurs travaux réalisés ont permis d’améliorer l’accès à l’eau potable dans les communes d’Abomey, Bohicon, Dassa, Savalou, Abomey-Calavi et Parakou » informe le journaliste.

Ce qui retarde le pari…

« En milieu rural, les pannes d’ouvrages occasionnent des ruptures du service. Les ouvrages peuvent alors exister sans que leur état, à des moments donnés, ne permette aux populations d’avoir accès à l’eau potable…30 adductions d’eau villageoise (AEV) sont concernées. Selon le rapport semestriel (janvier à juin 2021) de l’ANAEPMR, sur les 30 AEV suivies, 7 ont connu 193 jours de panne dans les départements de l’Alibori, le Borgou, l’Ouémé et le Plateau. 10 ont connu 130 jours de panne dans les départements de l’Atlantique, l’Atacora et la Donga, et 13 ont connu 429 jours de panne dans les départements du Zou, les Collines, le Mono et le Couffo… En 2019, rapporte le Cadre de concertation des Acteurs Non étatiques pour l’Eau et l’Assainissement (CANEA), le taux de panne était de 25,3% dans le Couffo, 22,0% dans le Plateau, 15,9% dans le Zou et 14,5% dans le Borgou. Selon une note budgétaire de Social Watch Bénin en date de janvier 2021, le taux de panne national était de 11,10 % en 2019 et 5% en 2020 » révèle l’enquête.

Alors qu’en milieu urbain, relève la CANEA dans son rapport de juillet 2020 qui reste d’actualité selon Alain Tossounon, « les populations de plusieurs villes considérées comme desservies éprouvent encore des difficultés à bénéficier du service de qualité. La continuité du service n’est pas assurée en raison de la quantité insuffisante de production, des coupures de l’énergie électrique qui ont des conséquences sur la distribution de l’eau. A ces coupures, il faut ajouter les perturbations dues aux casses ou aux travaux d’aménagement qui privent les populations du liquide précieux pendant un temps plus ou moins long. »

Des progrès sont réalisés, mais le gouvernement Talon n’a pas atteint son objectif d’offrir de l’eau potable à tous en 2021. Le 23 mai 2021, dans son discours d’investiture pour un second mandat, Patrice Talon s’est fixé une nouvelle échéance : fin 2023. Si de grandes actions et projets sont annoncés pour relever le défi, difficile d’être optimiste quant à l’atteinte de l’objectif. Lire l’intégralité de l’enquête sur www.banouto.bj.



A.B
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