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Komi Koutché au sujet de l’après rencontre Talon-Yayi: « Rien n’a véritablement changé »

Publié le mercredi 23 fevrier 2022  |  Matin libre
Komi
© aCotonou.com par DR
Komi Koutché, 2e secrétaire exécutif national adjoint du parti Force cauris pour un Bénin émergent (Fcbe), ancien ministre d’État chargé de l’Economie, des finances et des programmes de dénationalisation, sous le régime Yayi
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(Entièreté de l’interview accordée à Rfi)

Opposant au régime de la Rupture, Dr Komi Koutché était hier l’invité de Christophe Boisbouvier sur Radio France internationale. Il a passé au peigne fin l’actualité nationale et sous régionale. Interrogé sur la décrispation de la tension politique après la rencontre Talon-Yayi, Komi Koutché estime que rien n’a véritablement changé. Il en en veut pour preuve les condamnations à 20 et 10 ans de prison des opposants Reckya Madougou et Joël Aïvo. Lire l’intégralité de son intervention hier sur rfi.



RFI : Le retrait de Barkhane et de Takouba du Mali, est-ce que c’est une bonne ou une mauvaise nouvelle pour ce pays et pour la sous-région ?

Dr Komi Koutché : Je crois qu’il reviendrait à la France d’engager un dialogue constructif avec les autorités actuelles du Mali pour lutter contre le terrorisme, parce qu’on se rend compte que le président Emmanuel Macron se rapproche davantage d’un ordre incarné par les anciennes pratiques. Lorsque vous prenez le Mali aujourd’hui, l’argument fondamental qui est avancé, c’est le fait que les militaires veuillent se maintenir au pouvoir. Et vu sous cet angle, il y a un problème qui se pose parce que nous avons vu ailleurs des militaires au pouvoir qui sont pratiquement dans un schéma de mandat viager. Par exemple, au Tchad, le traitement n’a pas été le même. Pourquoi ne fait-on pas une analyse détachée en se disant quelle est la solution que les militaires maliens apportent et en quoi on peut les soutenir tout en leur demandant de rester dans un agenda raisonnable ?

C’est-à-dire que le Mali et le Tchad ne sont pas traités à la même enseigne ?

Ils ne sont pas traités à la même enseigne parce que les deux pays ont les mêmes caractéristiques, des militaires au pouvoir, mais d’un côté nous voyons qu’il y a une bienveillance et de l’autre côté, nous voyons une certaine pression. Or, lorsque vous allez aujourd’hui en Afrique, dans la plupart des pays, les peuples africains pensent que ce qui se joue au Mali est comme une question de dignité de la nouvelle Afrique. Je ne suis pas pour la présence des militaires au pouvoir, mais je crois que, pour un président comme le président Macron, que nous considérons, nous avons considéré et nous continuerons de considérer comme le président de la rupture avec les anciennes pratiques, ce président gagnerait mieux à engager un dialogue franc avec les nouvelles autorités maliennes et à les amener à rester dans un agenda raisonnable qui puisse ouvrir la voie à la démocratie, plutôt que ce bras de fer qui est en cours. C’est cela qui rend la politique française un peu incompréhensible depuis un certain nombre d’années. Ce n’est pas seulement ce seul sujet. Le troisième mandat, c’est un coup d’État civil. Nous avons vu le traitement qui a été fait en Côte d’Ivoire. Nous avons vu le traitement qui a été fait en Guinée alors que c’est le même cas de figure. Il y a le président [Alassane] Ouattara et le président [Alpha] Condé, ces deux octogénaires qui se sont octroyés un troisième mandat dans les mêmes conditions. Mais la France a félicité le coup d’État civil de la Côte d’Ivoire et a désapprouvé celui de la Guinée. Il y a un problème de logique.

Le week-end dernier, lors du vernissage de la nouvelle exposition à Cotonou des 26 trésors royaux restitués par la France, on a vu côte à côte le président Patrice Talon et son ancien adversaire Lionel Zinsou, qui fut votre Premier ministre, est-ce à dire qu’aujourd’hui, il y a une partie de l’opposition qui rejoint le président Talon, peut-être à votre détriment ?

Pour moi et pour la majorité des Béninois, Lionel Zinsou est un objet volant non identifiable dans la vie politique béninoise. Donc, tous ces faits que vous citez sont des non-évènements. Lionel Zinsou aurait pu être le chef charismatique de l’opposition. Mais depuis qu’il est parti, il n’a plus jamais fait signe. Nous ne l’avons jamais vu dans un combat de l’opposition et ce qu’il vient de se passer n’est pas quelque chose d’important.

Pour vous, Lionel Zinsou n’est pas un vrai opposant ?

C’est un objet volant non identifiable.

Mais tout de même, Lionel Zinsou est allé au deuxième tour, en 2016, face à Patrice Talon…

Parce que nous l’avons porté. J’ai été son plus gros pourvoyeur d’électeurs.

Vous êtes dans une opposition pure et dure depuis votre lieu d’exil aux États-Unis, mais en même temps votre ancien président Thomas Boni Yayi, lui, a accepté d’aller discuter à Cotonou avec Patrice Talon, c’était le 22 septembre 2021. Il en a même profité pour évoquer votre cas, pour voir si vous pourriez rentrer d’exil à Cotonou. Est-ce qu’il n’y a pas quand même un climat de décrispation ?

Non. Je vous dirais ce qui suit. Le président Boni Yayi, aujourd’hui, qu’il fasse une démarche dans ce sens-là, c’est à saluer. Mais, depuis ce temps jusqu’à aujourd’hui, qu’est-ce qui a changé ? Rien n’a changé. Vous avez vu que Reckya Madougou a été condamnée à 20 ans de prison, ce qui constitue le tarif normal pour les opposants dans la sous-région. Ils sont tous pour la plupart en France ou en prison et rien n’a véritablement changé.

Il y a aussi un autre prisonnier…

Joël Aïvo qui a eu 10 ans, il a eu la moitié du tarif. Tout ce monde-là pour des questions de terrorisme, alors que le vrai terrorisme est en train d’apparaître aujourd’hui et que les militaires n’ont même pas le moindre armement pour pouvoir se battre, alors que le président a passé des milliards de contrats militaires avec la Chine qu’il utilise pour se bunkériser à Cotonou.

rfi.fr
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