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Dernier hommage à Victorine Agbato: Il était une fois ‘’Vivi l’Internationale’’

Publié le vendredi 11 mars 2022  |  Matin libre
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(La diva inhumée devant une foule inconsolable…)

De son vrai nom Victorine Agbato, ‘’Vivi l’internationale’’ est raccompagnée à sa dernière demeure, jeudi 10 mars 2022, au cimetière PK14 situé sur la route de Ouidah. Décédée dans sa 75ème année, l’artiste chanteuse aura laissé dans la mémoire du commun des béninois un coffret de chansons marquant l’histoire de l’indépendance et de la démocratie béninoise.



Un véritable havre de paix, ‘’Vivi l’Internationale’’, comme il convient de le dire aujourd’hui, est un monument de la paix. Et les vibrants hommages qui ont été rendus à sa vénérable mémoire depuis la messe corps présent, déroulée à Togbin, jusqu’à son inhumation au cimetière PK14 en sont un témoignage fort symbolique. « Nous voici réunis, ce jour 10 mars 2022 pour rendre hommage à l’une des plus illustres artistes de notre pays, Madame Victorine Agbato plus connue sous le nom de Vivi l’internationale. Depuis son départ pour la félicité céleste, les mélomanes, artistes, jeunes comme moins jeunes, le public, les Béninois d’ici et de la diaspora, sont demeurés inconsolables. Ils n’ont de cesse de la pleurer parce qu’elle était à la fois une artiste pleine de vie et de sensibilité, une chanteuse remarquable, l’une des pionnières de la musique béninoise moderne ayant marqué plusieurs générations. On dit souvent que « celui qui a planté un arbre avant de mourir n’a pas vécu inutilement ». Comme le semeur de grain, l’artiste lui, crée son œuvre, l’entretient durant sa vie, mais quand il reçoit l’appel de l’Eternel, c’est justement cette œuvre qui, désormais, va parler à sa place ou qui sera le témoin de sa créativité face aux générations futures. Vivi est cette semeuse d’étoiles et d’espoir dont les chansons seront toujours là pour nous tenir compagnie et pour nous arracher des émotions. Madame Victorine Agbato a embrassé la carrière de chanteuse très tôt, à un moment où, faire la musique pour une jeune femme de son âge, dans cette Afrique nouvellement indépendante, était risqué. Certes, dans la chorale de l’église chrétienne où elle chantait, personne ne pouvait trouver cette activité indécente.

Au contraire, on l’y encourageait d’autant plus que chanter pour la gloire de Dieu paraissait normal avec cette voix à la fois puissante et cristalline. Mais une fois sortie du cadre de l’église, cette ambition allait se heurter aux réticences des parents qui rêvaient pour leur fille un avenir à l’école. Vivi cependant, était une passionnée de la scène et de la chanson. Elle jouait avec les orchestres de Porto-Novo et de Cotonou, entre autres, l’orchestre de la gendarmerie nationale et les Black Santiago. Elle reprenait, avec beaucoup de succès, les chansons de ses icônes de l’époque, la sud-africaine Myriam Makeba et la togolaise Bella Bellow. C’est d’ailleurs en concert à Lomé avec les Black Santiago, que sur scène, l’animateur de la soirée, l’entendant chanter en fon, mina, anglais, français, espagnol, lui donna le nom de « Vivi l’Internationale ». Vivi a une discographie et un répertoire avec des chansons qui ont marqué à jamais la vie sociale et politique du Bénin. À l’image d’un pompier, elle a su, au moment des tensions politiques, participer à la sensibilisation pour la paix, la cohésion et l’unité nationale. Elle a su aussi, à travers les images d’un de ses clips, mobiliser les gendarmes et les policiers pour lancer les messages de fraternité et d’amour. Dame au grand cœur, elle n’a pas hésité à aller soutenir les prisonniers de la Maison d’Arrêt d’Allada pour leur apporter du réconfort… D’ailleurs, chaque fois qu’il était question de mener des campagnes contre les fléaux sociaux et les maladies, elle n’hésitait pas à s’impliquer personnellement, prêtant son image de chantre de la paix pour ces actions : qu’il s’agisse des accidents de la route, l’adoption de moustiquaires imprégnées, la lutte contre le Sida, la violence basée sur le genre. Les sociologues et autres observateurs des dynamiques sociales estiment que pour mesurer l’impact qu’une personnalité a sur ses contemporains, il faut interroger les gens sur les rôles que cette personne peut jouer dans leurs vies quotidiennes. D’après plusieurs vox populi effectués par des chaînes de radios et de télévisions à la suite de sa disparition, Vivi l’Internationale contenterait toutes les générations : elle serait la grand-mère idéale, la maman adorable, la belle-mère géniale. Même si ces sondages sont empreints d’émotion, ils donnent encore plus une idée de la gravité de la perte. Il y a de cela deux mois et demi, le 25 décembre 2021, le gouvernement a organisé au Palais des congrès, le concert Rétro, une soirée consacrée aux grandes figures de la musique béninoise. Dès son apparition sur scène et jusqu’à la fin de sa prestation, Vivi l’internationale a électrisé la foule par ses interprétations, ses pas de danse, sa présence et les mots qu’elle échangeait avec le public. Un public qu’elle a longuement salué pour lui avoir donné tant d’amour tout au long de sa carrière. Nul ne savait que c’était la dernière fois qu’elle communiait avec nous. Si la mort est un voyage d’où l’on ne revient jamais, on sait en Afrique, que les défunts cheminent tout le temps avec nous, nous font des signaux, nous apportent leurs réconforts » retrace le Ministre du tourisme de la culture et des arts, Jean Michel Hervé Babalola Abimbola pour faire miroiter une dernière fois cette grande image qui a filé définitivement entre les doigts de tout le peuple béninois qui ne finira pas de pleurer sa ‘’Vivi l’Inter’’.



Teddy GANDIGBE
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