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Dons américains au Bénin : les vraies raisons de la perte de MCA2, selon Jean-Baptiste Elias
Publié le lundi 30 decembre 2013   |  L`événement Précis


Le
© Autre presse par DR
Le président de l`Observatoire de lutte contre la corruption (OLC), Jean-Baptiste Elias


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Même s’il ne perd pas totalement espoir comme le gouvernement et beaucoup d’autres Béninois quant à la possibilité pour le Bénin de regagner la confiance des Américains, Jean-Baptiste Elias ne cache pas son amertume, après la récente perte du second compact du Millénium Challenge Account (MCA).


«Je pense que le Bénin n’a pas encore totalement perdu. Et aucun Béninois, d’ailleurs, ne peut accepter que notre pays perde 17O milliards constituant un don à la démocratie, à la bonne gouvernance et à la lutte contre la corruption », a affirmé hier le président du FONAC sur l’émission «Zone Franche » de Canal 3 dont il était l’invité. Sur les 20 critères imposés par le gouvernement américain, le contrôle de la corruption constitue une note éliminatoire à laquelle le Bénin n’a pu échapper.


Et ceci, pour plusieurs raisons, selon Jean-Baptiste Elias qui les a énumérées l’une après l’autre, hier. Le Bénin, indique-t-il, en premier lieu, n’a pas su maîtriser la mise en place et le contrôle des personnes à nommer au grand dam des textes en vigueur depuis 2007. «Nous avons, dans la plupart des ministères, des personnalités nommées qui ne répondent à aucun critère digne des postes auxquels elles sont destinées», fustige-t-il, citant à titre d’exemples, les Ministères de l’intérieur, de l’enseignement secondaire, de la famille.


Le Chef de l’Etat a été, déjà, plusieurs fois interpellé sur cette situation pas le FONAC, à le croire. Deuxièmement, souligne-t-il, l’échec du Bénin au MCA2 tient de la mise en place des titres fonciers au Bénin. Malgré les efforts et les investissements déjà consentis pour améliorer les procédures, des demandes d’obtention traînent encore 5, 6 voire 7 ans avant d’aboutir, d’après l’invité, qui évoque également la fiscalité béninoise qui peine à être efficace. « Il y a beaucoup de cas de redressements fiscaux sans qu’il n’y ait des éléments de recours, cette disposition n’existant pas, d’où les nombreuses plainte enregistrées que d’aucuns assimilent très facilement à la chasse à l’homme », regrette Jean Baptiste-Elias.


La corruption au niveau des frontières est également l’un des éléments qui a fait perdre le deuxième compact de MCA au Bénin. Des milliers de personnes continuent de passer les frontières nationales de manière frauduleuse, moyennant quelques billets de banque. Mais, il y a encore pire : la corruption sur les axes routiers dont les auteurs sont les policiers, les gendarmes, les forestiers et les douaniers. Mais, ils ignorent que les Américains ont des oreilles et des yeux partout, selon l’invité de « Zone Franche » qui met dans le chapitre l’attribution des marchés publics également gangrenée par la corruption sans occulter la présence des élites dans les circuits des marchés.


« La corruption s’est aussi décentralisée au niveau des communes. Il y a des maires et des élus locaux qui ont créé des entreprises pour prendre des marchés », dénonce Jean-Baptiste Elias, qui révèle avoir été interpellé sur un cas où un seul individu a créé 17 entreprises, en vue de multiplier ses chances de gagner des marchés. Il affirme même avoir interpellé la justice, mais reste sur sa faim, car elle avance des questions de moyens nécessaires pour mener les enquêtes et les procédures à terme. Sur l’émission, Jean-Baptiste Elias est également revenu sur la polémique autour des concours de recrutement dans la fonction publique avec le degré de corruption qui y sévit.
La répression de la marche des syndicats, vendredi dernier à Cotonou a été également désapprouvée par l’invité qui était également sur les lieux.


« Je ne sais plus quelle appréciation faire de la marche de la démocratie dans notre pays avec les interdictions de marche autorisée », se désole-t-il. Pour lui, il ne devrait y avoir deux poids deux mesures, lorsqu’on sait, dit-il que « ceux qui soutiennent le pouvoir en place marchent comme ils veulent et quand ils veulent sans jamais être inquiétés …. Ce qui est arrivé à Martin ASSOGBA, c’est de cela qu’il s’agit, et si on réprime une marche qui vise une telle dénonciation, c’est suffisamment grave. Aujourd’hui, le monde entier voit ce que vaut la démocratie dans notre pays, et c’est bien dommage, la loi elle-même a prévu la marche comme une expression de la démocratie. On a failli tuer quelqu’un et on a essayé de dénoncer, et puis on réprime, c’est grave ! ».


Par ailleurs, Jean-Baptiste Elias s’est dit déçu par le dernier discours du chef de l’Etat prononcé devant les députés. « Mes impressions sont mitigées, quand on l’écoute. On ne sent pas quelque chose de concret pour l’avenir. Je ne suis pas certain que la plupart des Béninois aient été convaincus de ce discours », déclare-t-il. La campagne cotonnière, la lutte contre la corruption, les réformes économiques, la Lépi, sont autant d’autres sujets sur lesquels, il attendait le chef de l’Etat. Mais, il a affirmé ne pas avoir été servi. « Il faudrait que nous cessions de faire la langue de bois », a-t-il conseillé.

Christian Tchanou

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