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Exclusivité Législatives de 2023/Nourou-Dine Saka Saley rompt le silence: < < Je ne serai pas candidat >>

Publié le mardi 19 avril 2022  |  Matin libre
150ème
© aCotonou.com par Didier Assogba
150ème numéro de CAFÉ MÉDIAS PLUS (CMP.
Cotonou, Maison des médias à Gbedjromede Cotonou le 21Juillet 2017. Causerie 1*: Thème : *" Le Journalisme hier, aujourd`hui et demain."* Causerie 2 : Thème : «LE RÔLE DE LA PRESSE DANS L`ENRACINEMENT DE LA DÉMOCRATIE*. PANEL 1: *"Dimension et structuration des médias* PANEL 2: *"Le modèle économique de la presse"* Invités : Hermann Kékéré, juriste et observateur de la presse ; Expédit Ologou, journaliste, directeur général des médias ; Franck Kpotchémè, président de l`UPMB ; Michel Ahonon, Directeur de publication de PALMARÈS, Saturnin Hounkpè, Directeur de publication de L`AUTRE VISION. *Modération*: , Tatiana Ahanda
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« La décision de participation du parti Les Démocrates sera prise (…) par un congrès »

Il a été rare ces derniers mois dans les médias, notamment sur les débats politiques. Actualité des législatives de 2023 au Bénin oblige, votre journal, Matin Libre a contacté Nourou-Dine Saka Saley, membre fondateur du parti d’opposition Les Démocrates. Nourrit-il la même ambition de participer à cette joute électorale comme ce fut le cas en 2018? Sa formation politique y sera-t-elle ? Que pense-t-il du gouvernement qui promet que les élections législatives prochaines seront des moments de fête ? Les éléments de réponse dans cette interview.



Saka Saley, le gouvernement promet que les élections législatives de 2023 seront un grand moment de fête. Est-ce que cela vous rassure en tant qu’opposant ?

Je rajouterais à votre phrase « promet une fois de plus « . Si vous avez une bonne mémoire, le Président Talon en avait quasiment fait une promesse d’Etat lors de sa tournée dite de réédition avant la présidentielle, et s’était même donné le privilège de majesté de citer nommément mon parti Les Démocrates en assurant que nous serions « enfin » légalement reconnus et participerions à la Présidentielle de 2021. Je vous rappelle également qu’aujourd’hui des vies perdues, des personnes en prison, des personnes en fuite et en exil, des familles disloquées, sont la conséquence, pour l’opposition et même des innocentes populations, dans le sillage de cette annonce. Mon parti est celui qui paye le plus lourd tribut pour avoir parié sur la réalité d’une atmosphère démocratique. Faut-il humainement considérer cette promesse, une fois encore tenue? Cela sonne plutôt pour moi, à minima, comme une invitation à l’amnésie, de la mauvaise foi, voire un mépris à l’égard des drames récents et irréversibles. Et ce n’est pas du rôle, et encore moins de la gentillesse du gouvernement composé de nos adversaires, de nous rassurer, mais plutôt de nous respecter tout au moins, même s’ils ont le pouvoir administratif de nous malmener, l’essence du pouvoir étant par nature, pour son détenteur, d’avoir la tentation d’en abuser.

D’aucuns pensent et ont même appelé ouvertement l’opposition à boycotter les prochaines législatives. Qu’en pensez-vous ?

Je vais vous répondre en deux volets: historique et contextuel. Historiquement, même aux temps des centaines de partis politiques au Bénin, aucun parti n’a jamais boycotté une élection dans notre pays. Chaque formation s’arrangeait à participer seule, pour celles qui en avaient la force, ou alors en alliance politique. L’ancrage communal, communautaire ou régional de chaque formation constituant un atout, et donc une motivation à aller dans une option ou dans l’autre pré citée. La seule expérience du boycott dans notre histoire politique a été celle effectuée successivement par Nicéphore Soglo et Adrien Houngbédji en 2001, en qualité de second et troisième à l’élection présidentielle. En dehors de ce seul exemple, le boycott, bien qu’étant légal et légitime, n’a jamais été utilisé par les partis politiques depuis le renouveau démocratique. Dans le cadre contextuel, je me limiterai à parler du seul cas de mon parti Les Démocrates, sans en porter la parole, en vous rappelant d’abord que les dirigeants du parti n’ont jamais parlé de boycott, mais plutôt de participation. Ensuite, je ramènerai la douloureuse actualité que la présence en prison de notre candidate Reckya Madougou, et de plusieurs leaders du parti, est la résultante de notre ferme destin et volonté de participer à l’expression et l’animation politiques par la présidentielle de 2021 par exemple, juste quelques mois après notre naissance légale. Nous sommes pleinement conscients de nos atouts et forces, et nos adversaires aussi le sont encore mieux que nous. Je doute donc que ceux dont vous parlez appelant au boycott, viennent de nos rangs. Il leur est loisible d’appliquer leur appel à leurs formations s’ils en ont. Notre parti est officiellement né dans la douleur en Décembre 2020, avec les pires difficultés expérimentées pour la création d’un parti au Bénin, au point où l’opinion s’émerveille ironiquement aujourd’hui que les nouvelles caisses dites d’opposition soient aussi facilement et rapidement légalement reconnues.

Notre parti, malgré les assauts du pouvoir, des actes de déstabilisation, et même des attaques des autres ensembles dits d’opposition, y compris ceux nés d’à peine quelques jours curieusement, est celui qui a connu quasiment zéro déstructuration. Une famille née dans la douleur est plus solide que toutes celles nées pour des intérêts ou des missions d’intérêts. Et il faut saluer cette ferme conviction des militants du parti Les Démocrates, et leur ténacité face à l’adversité et l’injustice même institutionnalisée. Il faut préciser que nous avons zéro cadre avec des fonctions politiques ou administratives, zéro financement public de partis, et zéro facilité ou accord politico-administratif, mais par contre 100% de stigmatisation, tracasseries et diabolisation. Le parti Les Démocrates, n’a pas à prouver son rôle et son ancrage d’opposition. Il est même, curieusement et honteusement, le fonds de commerce de certains autres regroupements se réclamant trop bruyamment et inefficacement d’opposition, et qui ne sont audibles qu’en s’en prenant à notre formation politique.

Vous vous préparez donc activement à prendre part à la prochaine joute électorale ?

Non je ne serai pas candidat, si votre question est personnalisée. Le parti est resté soudé parce que le contact n’a jamais été rompu avec les cellules de base, malgré la situation carcérale ou d’absence des coordonnateurs et dirigeants locaux, communaux et même départementaux. Et je vais me permettre un conseil à l’endroit des dirigeants du parti, en ma qualité de simple membre fondateur, au regard du lourd tribut payé par notre formation politique lors de la dernière élection. La décision de participation du parti aux élections de 2023 doit être prise et consacrée par un congrès. Le Covid-19 est heureusement et progressivement en train de sortir de nos vies, et nous pouvons revivre les grands rassemblements qui nous étaient injustement refusés, pendant que le pouvoir n’était pas soumis aux restrictions sanitaires dans ses regroupements. Un congrès aura le triple avantage de marquer la force de notre parti, de permettre à tous de se prononcer sur la décision de participation qui ne doit pas apparaître comme décidée et imposée par des membres du bureau intéressés au dit scrutin, et enfin de donner l’onction populaire et solennelle à ladite participation. Cet appel au congrès vient du petit militant que je suis. Ce petit militant, qui lors des périodes de difficultés du parti pour son Immatriculation, n’a pas hésité, accompagné de jeunes militants fortement engagés, sur fonds propres, à mener, malgré les risques humains, une tournée d’explication à l’intérieur du pays et sur les média en plusieurs langues, pour apaiser et expliquer aux militants perdus et remontés, les difficultés administratives rencontrées par le parti. Nous n’étions pas nombreux à assumer haut et fort cet engagement. Cet appel au congrès vient de ce petit militant, qui a introduit un recours auprès de la Cour constitutionnelle pour faire déclarer la mesure inique du parrainage, inapplicable, de manière à donner toutes les chances à tout citoyen, et donc notre futur(e) candidat(e) de proposer notre solution de gouvernance à nos compatriotes. Mais hélas. Notre parti doit être assis sur une légitimité populaire de ses membres pour toute décision d’envergure nationale engageant son orientation, et nous n’avons jamais eu une telle possibilité. L’exercice nous est maintenant hautement crucial, et nous y contribuerons fortement pour sa bonne tenue le cas échéant.

Saka Saley, et ce sera votre mot de fin, pourquoi ne serez-vous pas candidat alors que vous en avez eu la volonté par le passé, et sans doute le profil et les qualités non ?

Je prends votre surprise comme un petit compliment et j’y suis sensible. Merci grandement. Tout d’abord, je ne suis pas indispensable, même si vous me reconnaissez une utilité. Le parti présentera le cas échéant des profils de qualité que vous connaissez, et d’autres que vous découvrirez sûrement. Et j’encourage justement à une forte prise en compte du mérite, de la fidélité et de la jeunesse contemporaine (des deux sexes) dans un objectif de relève impérative. Ensuite, je n’avais pas prévu, même en 2018 quand j’avais annoncé vouloir être candidat dans la 16e circonscription, être candidat en 2023. Candidat, élu ou non en 2019, je n’aurais de toute manière pas été candidat aux législatives en 2023, et nous y sommes. Les discussions avaient été dans ce sens avec Véronique Tognifodé qui devait être ma suppléante. Et rien ne dit que nous n’aurions pas décidé qu’elle siège ensuite, durant la même mandature, avec tout mon accompagnement.

Mais en 2019, j’ai été empêché d’être candidat. Par les circonstances ou l’exclusion orchestrée, le résultat est que ce n’est pas par renoncement personnel que je n’ai pas été candidat. De plus, jusqu’ en 2019, il y avait une Assemblée nationale, une atmosphère de travail et de débats législatifs, et des références historiques et de personnes qui donnaient envie d’être au parlement et au service de la nation. Je vous demanderais de me citer dix occupants de l’Assemblée nationale que vous en seriez très embêté, sauf à citer majoritairement ceux qui s’illustrent négativement. Vous avez aujourd’hui des occupants de l’Assemblée nationale dont vous ne connaissez même pas les noms, et/ou qui ne se sont jamais exprimés, et aucun contrôle de l’Exécutif. La mandature en cours est un précédent malheureux et contraire aux principes et progrès démocratiques. Ne croyez pas que je ne puisse ou ne sache pas être opportuniste, parasite ou vénal, aller m’asseoir là-bas, garder ma grande bouche fermée pendant la durée de la mandature, et empocher de manière égoïste et non méritée les indemnités et avantages, mais ce n’est pas ma conception de servir sa nation. N’étant pas fonctionnaire et donc tenu d’aucune obligation au service de l’Etat, je vis comme vous, volontairement, parmi nos compatriotes, et suis soumis aux mêmes taxes et contraintes contributives. Ça fait un moment depuis avant l’exclusion électorale de 2019, que je ne suis plus naïf de l’environnement politique tel que nous l’avons aujourd’hui, et tout citoyen devrait s’y pencher avant toute aventure politique et électorale. Un environnement politique partagé entre un groupe qui sait avoir tous les droits, y compris l’assurance et même le culot d’être seul dans une Assemblée nationale, le droit absolu d’être présent à des élections et même de décider que son adversaire y sera présent, et un autre groupe présenté comme les ennemis de la République, qui est obligé de subir l’humiliation de devoir marteler qu’il sera présent à une élection avec les conséquences que nous avons eues jusque-là en termes de destructions de vies et de familles. Un environnement politique où des personnes du troisième âge rivalisent d’ingéniosité négative pour détruire leurs semblables du troisième âge, ou encore pire, détruire leurs petits enfants pour des fonctions politiques et publiques croyant faussement en avoir la patrimonialité. Un environnement public où des gens d’une même génération, n’ont pas autre moyen de compétition que de détruire ou d’exclure ceux qu’ils considèrent comme méritants, tout cela pour la seule et unique finalité de se mettre sous la coupole des décideurs du moment, pour vivre de l’argent public. C’est suffisamment humiliant de devoir justifier le fait qu’on veut participer à une élection, et de vivre l’hypocrisie qu’un pseudo adversaire vienne pérorer que vous y participerez. Le peuple béninois est progressivement éduqué, depuis quelques années, à mépriser le mérite et à user, en toute impunité, de toute manœuvre de nuisance, de malfaisance pour mettre hors course le méritant qui pourrait lui faire ombrage. Le peuple béninois est progressivement éduqué de facto, à présenter et accepter le mérite comme une inutilité, voire un crime. Aujourd’hui la compétition politique est seulement réduite et antérieure à la confection de la liste, et il faut juste plaire au décideur unique qui gère et clôt le jeu quand il le souhaite et selon ses objectifs. Là où un citoyen se battra avec sa bonne foi et son honnêteté, il aura en face des personnes qui n’ont de repères que l’injustice, le mépris de la droiture et la félonie sans limites. Les armes ne sont pas égales. S’il ne se construit pas, il ne sera jamais utile pour son pays mais seulement un poids nuisible, comme la majorité de ceux précédemment cités capables des pires nuisances, pour vivre de l’argent public. L’histoire des nations, pourvu qu’on sache la lire, nous enseigne que tout ceci est trop léger pour durer longtemps, et l’énorme travail de reconstruction des valeurs ne se fera pas uniquement à l’Assemblé nationale. Je finirai en vous remerciant pour le pluralisme d’opinions que vous incarnez. C’est courageux dans notre environnement, même si c’est votre métier.

Propos recueillis et transcrits par J.B
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