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Le Matinal N° 4257 du 27/12/2013

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Accès à l’eau potable dans les villages lacustres : un parcours du combattant pour les populations
Publié le mardi 31 decembre 2013   |  Le Matinal




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De l’eau à perte de vue, mais de l’eau potable toujours indisponible dans les jarres. C’est le contraste que vivent les populations des cités lacustres du Bénin. L’eau potable demeure un casse-tête. Pour s’en procurer, il faut parcourir plusieurs kilomètres.


Vekky Daho, un arrondissement de la commune de Sô-Ava. Il sonne 5 heures 30 mn. Le froid glacial du matin mélangé à l’humidité de l’eau saisit encore le village endormi. Angèle, la fille de la vendeuse de riz du village appelée ‘’Mama samassa’’ est déjà sur pieds. Ses yeux sont encore lourds, mais il faut qu’elle parte très tôt pour tenir dans le temps. En fait, Angèle devra aller au forage au petit matin pour prendre l’eau potable que sa mère utilisera pour le repas à servir aux clients tôt le matin. Il sonne 6 heures. Elle dompte le sommeil, baille et s’étire. Les bidons vides sont déjà disposés à côté du pilotis. Ce sont des bidons de 25 et de 60 litres. Elle s’en saisit et les dispose dans la pirogue située au bord du lac. Passée cette étape, elle commence par ramer. Destination, le forage. Le parcours en aller-retour fera 40 minutes sans compter le temps qu’elle passera dans la file qui l’attend. Il sonne 6 heures 20 mn. Elle est au forage. Apparemment elle est bien matinale, car il n’y a à cette heure que 4 pirogues en stationnement. Le regard lourd, l’agent qui sert l’eau au forage fait signe aux clients de rapprocher leurs bidons du raccord. A cette heure du matin, il y a des jeunes garçons et des femmes qui sont déjà au forage avec leur pirogue et des bidons chargés. Angèle rame et se positionne derrière le dernier venu. En l’espace de quelques minutes, quatre autres se positionnent derrière elle. Un instant après, son tour vint et l’agent communément appelé ‘’Niamey’’, la sert. En quelques minutes, tous les bidons sont chargés. La pirogue s’enfonce légèrement à cause du poids. Angèle fait de grands efforts pour la maîtriser. La pirogue tangue un peu mais retrouve l’itinéraire normal. Pour le novice, il y a plus de peur que de mal. Mais pour l’habitué, c’est juste une question de proportion. « On tient compte du poids des bidons après chargement et de la capacité de la pirogue. On sait toujours à peu près la capacité des pirogues. Mais il peut arriver qu’un enfant méconnaisse cela et vienne au forage. Quand c’est le cas, les agents qui sont au forage tiennent compte de la capacité de la pirogue pour charger. Si ce n’est pas respecté, la pirogue s’enfonce automatiquement. Des fois, elle cède et tout va au fond de l’eau », a déclaré la jeune Angèle. Le forage est alimenté par un groupe électrogène. Pour le tenant ‘’Niamey’’, il n’y a pas d’heure de pause. « Quand on met en marche le groupe électrogène le matin, ce n’est que le soir qu’on l’éteint. Et ça reprend le lendemain La demande est trop forte. Cela se comprend parce qu’il n’y a pas beaucoup de forages dans la zone. On dessert plusieurs villages », a-t-il fait savoir. Il est 6 heures 47 minutes. Angèle est de retour au bord du lac. Sa maison est à environ un kilomètre du lac. Elle descend de la pirogue et procède au déchargement des bidons. Sa mère impatiente l’attendait déjà. Elle va à sa rencontre et l’aide à porter les bidons sur le pilotis.

L’eau potable, une denrée rare

Pour la mère d’Angèle, l’accès à l’eau potable est un casse-tête permanent. « Il faut beaucoup se tracasser pour se procurer de l’eau potable. Quand on l’a, elle finit vite à cause des besoins, et on est obligé de se rendre à nouveau au forage. La peine est grande. L’eau est insuffisante mais on n’a pas le choix », a-t-elle fait savoir. Pour son repas, Maman Samassa utilise au moins 100 litres d’eau. Pour les besoins du ménage, il lui faut de l’eau en permanence. Mais la réalité est toute autre. « Angèle est allée le matin. Pour les besoins du soir je dois nécessairement envoyer d’autres enfants au forage dans la journée parce que l’eau qu’elle a puisée le matin finit déjà.


Des fois, les enfants font 4 tours dans la journée. C’est pénible », a-t-elle fait savoir. Le cas de Vekky daho n’est pas singulier. Dans les 7 arrondissements de Sô-Ava tels que entre autres Dékanmey, Houédo-Aguékon, Ahomey Lokpo, Ganvié 1, 2, So-Tchanhoué le problème est identique. Les populations continuent de souffrir le martyr pour avoir accès à l’eau. Pour le Chef d’arrondissement de Ganvié 1, Ahléhou Salako Désiré, on dénombre trois (03) adductions d’eau villageoises (Aev) dans la commune, dont un construit par l’Archevêché de Cotonou. Le drame est que la plupart des forages construits sont déjà hors d’usage, faute d’entretien périodique. « Il y a encore deux forages qui fonctionnent à Ganvié. Il y a celui qui se situe au niveau du marché flottant et l’autre situé à l’est du village.

Ce n’est pas du tout suffisant. Ici c’est mieux. Dans d’autres localités, il faut parcourir plusieurs kilomètres pour avoir l’eau », a-t-il fait savoir. Mais en 24 heures, la situation a quelque peu évolué. Selon Joseph Azankpo, ancien homme de rang et conducteur de barque, l’eau potable était inexistante dans le passé. « C’est Dieu qui nous protégeait. Moi j’ai bu l’eau du lac pendant des années. Quand on va pêcher et qu’on a soif, c’est cette eau qu’on buvait. Cela a un goût fade. Mais on s’en contentait. En mon temps, il n’y avait pas d’eau potable. Des gens décédaient des suites des maladies diarrhéiques. C’est pour cela qu’il faut saluer les efforts entrepris aujourd’hui, même s’ils sont minimes », a-t-il déclaré.

Le problème demeure… malgré les efforts

Face à l’acuité du problème de l’eau, la Commune de Sô-Ava et certaines structures ont pris la mesure de la situation. Depuis bientôt deux ans, l’Organisation non gouvernementale (Ong) ‘’Emmaüs’’ a démarré la construction des forages dans plusieurs arrondissements de la commune de Sô Ava. A Vêkky, So-Tchanhoué, Dékanmey, Ahomey Lokpo, Ganvié et dans d’autres localités, l’organisation a construit des forages qui sont pour la plupart en phase d’achèvement. Pour le Président de l’Organisation non gouvernementale (Ong) Sonagnon et responsable local d’Emmaüs, Antonin Hounga, au total 9 forages ont été construits et inaugurés dans la commune. « D’ici-là les peines des populations seront amoindries avec ces forages qui sont déjà en phase d’achèvement.

Nous avons construit et achevé 9 forages. Ce n’est pas suffisant, mais cela pourra régler en partie le problème. Le dispositif de canalisation est déjà apprêté », a-t-il déclaré. Pour le secrétaire général de la mairie de Sô-Ava, Pierre Anatogandji, la commune avec l’aide des partenaires au développement prévoit également la construction de plusieurs autres forages pour suppléer aux efforts consentis par les organisations locales sur le terrain. Face à l’effectif grandissant des populations de Sô ava estimée à plus de 100 milles âmes, le besoin en eau potable est toujours présent en dépit des multiples efforts. Les forages seront bientôt fonctionnels, mais l’équation est loin d’être totalement résolue.

Hospice Alladayè

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