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Revalorisation des salaires et Smig: « L’idéal aurait été que le Smig soit au moins à 60000Fcfa », selon Anselme amoussou

Publié le mercredi 27 avril 2022  |  Matin libre
Anselme
© aCotonou.com par DR
Anselme Amoussou,Secrétaire Général de la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin)
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Après la rencontre Patrice Talon-Centrales syndicales, Matin Libre a donné la parole au Secrétaire générale de la Csa-Bénin Anselme Amoussou. Il explique ici les propositions faites et donne son avis.



Que peut-on comprendre concrètement des conclusions de la rencontre notamment les différents paliers de l’augmentation des salaires ?

La notion de palier n’est rien d’autre qu’une augmentation différenciée des salaires. C’est-à-dire qu’il a été retenu que le gouvernement va proposer des pourcentages pour augmenter les salaires. Mais des pourcentages qui ne seront pas les mêmes selon que nous parlons de salaires élevés ou de bas salaires. Autrement dit, les bas salaires auront un pourcentage beaucoup plus fort et les salaires élevés qui seront impactés par des pourcentages plutôt faibles. Et les différents paliers consistent en des intervalles de salaires. Nous avons du Smig jusqu’à 100 000Fcfa qui est le premier palier, de 100 001 à 200 000, le 2eme palier, de 200 001 à 500 000, le troisième palier et de 500 000 et plus, le quatrième palier. Ce sont donc les quatre niveaux d’intervalle de salaires qui ont été retenus et sur lesquels nous devons revoir le gouvernement pour écouter et apprécier les différents pourcentages qu’il propose. Mais avant de faire ça, le gouvernement a proposé et nous avons accepté qu’il y ait une action sur la valeur du point d’indice. La valeur du point d’indice, lorsqu’elle est touchée, elle permet de prendre en compte et salariés actifs et retraités.

L’augmentation des salaires ne concerne pas le secteur privé. En tant que première confédération syndicale dans le secteur privé, qu’en pensez-vous ?

Oui bien-sûr, l’augmentation des salaires concerne le secteur privé puisque nous parlons du Smig. C’est vrai il ne revient pas au gouvernement de fixer les salaires dans le privé. Donc cette augmentation ne concerne pas les acteurs du secteur privé, c’est vrai. L’idéal aurait été que sur la question de la hiérarchisation que le gouvernement renonce à la suspension qu’il propose et qu’effectivement, suite à cette augmentation du Smig que logiquement, la hiérarchisation des salaires permet aux travailleurs du secteur privé de constater une augmentation sur leur salaire. Parce que la hiérarchisation permet de toucher les salaires qui sont en dessous du Smig en cas d’augmentation du Smig. Malheureusement, le gouvernement se propose aujourd’hui de supprimer ce principe d’augmentation automatique des autres salaires. Malgré notre désaccord, cette position est restée celle du gouvernement. Et on peut la déplorer parce que vous savez que quand nous parlons de la cherté de la vie, quand nous parlons d’amélioration du pouvoir d’achat, ça ne peut pas concerner uniquement les agents du public, ça doit concerner également les agents du privé qui vont dans les mêmes marchés, souffrent des mêmes difficultés mais qui, malheureusement aujourd’hui ne vont pas constater cette augmentation. Il faut le déplorer parce qu’on a à faire à des citoyens qui peuvent se sentir frustrés, marginalisés dans une situation qui est une situation commune.

Le Smig augmenté de 30%. Qu’en pensez-vous ?

Le Smig a augmenté de 30% et je pense que ça nous fait une augmentation de 12000Fcfa. L’idéal aurait été que le Smig soit au minimum à 60 mille francs puisque le gouvernement a fixé lui-même les bas salaires non imposables à 60 000fcfa. La logique aurait voulu qu’on puisse s’en tenir au moins à 60 000fcfa puisqu’au départ, nous, nous parlons d’au moins 80 mille francs, doubler le Smig. Malheureusement, nous avons été confrontés à certains arguments développés par les employeurs qui ont montré que les PME pourraient être obligés de débaucher or l’intention des travailleurs n’est pas de faire perdre leur emploi à nos camarades. Notre intention est d’améliorer les conditions de travail et de vie, d’améliorer le pouvoir d’achat des travailleurs. Alors, cette mesure qui a été présentée par les employeurs comme suicidaire pour l’emploi salarié dans leurs différentes structures nous a conduit finalement à échanger avec eux et à retenir de façon consensuelle qu’on peut faire une augmentation du Smig par palier, donc faire en sorte qu’aujourd’hui, nous obtenons 30% et que la bataille se poursuive. Parce que nous savons aujourd’hui quand on regarde les statistiques de l’Insae, en termes d’inflation depuis 2014 où on a connu la dernière augmentation du Smig, le minimum que l’on peut payer aujourd’hui aux travailleurs est au-delà des 52 000fcfa. Mais voilà, c’est le jeu des négociations. Vous êtes obligés parfois de faire des concessions et je crois que les débats que nous avons eu aujourd’hui avec le gouvernement ont été fortement impactés par la situation économique mondiale disons avec la crise en Ukraine, la Covid-19. Je croyais que logiquement c’est une réalité que nous vivons et nous devons en être conscients



Quelles sont vos impressions au terme de la rencontre avec le Chef de l’Etat ?

Disons qu’il reste encore du chemin, vous savez l’espoir qu’a suscité l’annonce du gouvernement et la démarche du gouvernement qui a exacerbé les attentes des uns et des autres. Quand vous écoutez la communication du gouvernement portée par le porte-parole du gouvernement, quand vous écoutez la communication du gouvernement portée par le ministre des Finances où il est allé jusqu’à dire que ce qu’ils ont proposé apparaît insignifiant aux yeux du Chef de l’Etat qui a demandé qu’ils aillent revoir leur copie. Quand vous mettez tout cela ensemble, vous comprenez que l’espoir était grand. Les travailleurs attendaient cette journée du 26 comme on attend le Messie. Tout le monde s’attendait, nous y compris, nous nous attendions à sortir de la présidence avec des montants déjà ficelés d’augmentation avec des échéances claires et précises. Quand vous vous positionnez de ce point de vue, vous comprenez qu’il y a donc une déception.. mais on peut se satisfaire de ce qui a été obtenu comme Smig parce que la lutte syndicale est une question d’étape. Nous avons quand même pu obtenir du gouvernement qu’il prenne un engagement sur un échéancier. On nous a conduit malheureusement jusqu’au mois de novembre mais c’est déjà quelque chose qui nous permet de continuer la bataille, de faire en sorte que le gouvernement n’oublie pas cette promesse. Mais malheureusement, nous devons encore rester attentifs à la situation économique mondiale parce que si elle se détériore, le gouvernement aura le bon prétexte pour ne pas mettre en application ce qui a été obtenu. Donc, par rapport à ma satisfaction, je voudrais attendre parce qu’il y a certaines échéances qui sont annoncées notamment que nous devons rencontrer à nouveau, les ministres, le ministre des Finances surtout pour apprécier les pourcentages qui vont être appliqués par palier qui a été retenu. Ensuite, nous devons rencontrer également le ministre Abdoulaye Bio Tchané dans cette Commission qui doit se réunir pour aborder les autres points de revendications qui ne sont pas moins importantes que ce dont nous avons discuté aujourd’hui. Quand vous prenez les questions d’arriérés de salaires, de rappels de salaires, la gestion des carrières, la situation des contractuels… Puisque les engagements ont été pris pour qu’on se réunisse rapidement donc j’attends de voir l’évolution des échanges. Pour le moment, c’est plutôt mitigé mais il faut garder cet espoir et la bataille doit pouvoir se poursuivre.



Propos recueillis par Aziz BADAROU
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