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Revalorisation des salaires : des choix pertinents dans un contexte difficile

Publié le mercredi 4 mai 2022  |  La Nation
Honneurs
© Présidence par DR
Honneurs militaires et civilités du Président de la République, Monsieur Patrice TALON aux Présidents des Institutions de la République et membres du gouvernement ce dimanche 1er août 2021 dans le cadre de la célébration du 61ème anniversaire de l’accession du Bénin à la souveraineté nationale et internationale
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Deux principes forts ont guidé les choix du gouvernement dans sa volonté d’améliorer la situation des travailleurs dans un contexte mondial gravement plombé par des crises exogènes : la lutte contre le chômage mais aussi et surtout la justice sociale.


Par Ben OLAWALE, Coll.Ext.

Dans son rapport publié au mois d’avril 2022, intitulé ‘’Perspectives économiques régionales : Afrique subsaharienne, un nouveau choc et une faible marge de manœuvre’’, le Fonds monétaire international (Fmi) dresse un tableau plus que préoccupant des prochains mois dans notre sous-région. On peut y lire, dès l’entame, « que l’invasion de l’Ukraine par la Russie a provoqué un choc mondial qui touche la région au moment où les pays disposent d’une marge d’action restreinte, voire inexistante, pour y faire face. L’envolée des prix du pétrole et des denrées alimentaires pèse en particulier sur les soldes extérieurs et budgétaires des pays importateurs de produits de base, et a accentué les craintes à l’égard de la sécurité alimentaire, dans de nombreux pays. Les prix des denrées alimentaires pénaliseront de manière disproportionnée les franges de la population les plus vulnérables, surtout dans les zones urbaines ». C’est donc forts de ce constat que presque tous les Etats africains essayent tant bien que mal de trouver des solutions urgentes pour endiguer les conséquences de cette crise mondiale. Pis, la guerre en Ukraine succède à la pandémie de la Covid-19 dont les séquelles ont encore du mal à cicatriser. Si les subventions ont pu permettre, jusque-là, de contenir la hausse des prix dans une certaine proportion, il est une évidence qu’à long terme, elles finiront par étaler leurs limites. D’ailleurs, le Fmi, dans son rapport cité ci-dessus, prévient à ce sujet : « Sur le plan international, une guerre de longue durée en Ukraine pourrait encore faire monter les cours des produits de base (ce qui pourrait déclencher des crises alimentaires dans certains pays), accroître les primes de risques et fragiliser la demande mondiale ». Après avoir réussi dans sa politique d’anticipation, sur bien des conséquences de cette crise, le gouvernement béninois a donc décidé de faire front spécifiquement sur le volet social qui lui est si cher, restant ainsi conforme aux engagements du chef de l’Etat, face à la Représentation nationale, en décembre dernier. La rencontre annoncée, entre le gouvernement, les organisations patronales et les Centrales syndicales les plus représentatives a donc eu lieu, mardi 26 avril, et a débouché sur des choix consensuels et pertinents, selon nombre d’observateurs.


Lutte contre le chômage des jeunes

Une des mesures phares de cette rencontre, et qui a retenu l’attention de l’opinion nationale, et même sous-régionale est bel et bien le relèvement du Smig de 30 %, le faisant passer de 40 000 F Cfa à 52 000 F Cfa. Même si comparaison n’est pas raison comme on le dit, osons noter que ce niveau annoncé du Smig place le Bénin parmi les meilleurs dans notre sous-région. Au Niger, le Smig est à 30 047 F Cfa ; au Burkina Faso, il est à 34 664 F Cfa et chez nos voisins togolais, il est à 35 000 F Cfa. Au Sénégal, c‘est en décembre 2019, suite à un protocole d’accord entre le gouvernement et les partenaires sociaux, que le Smig est passé à 58 900 F Cfa. Il a été porté, dans la foulée de la crise actuelle, de 36 607 F Cfa à 60 000 F Cfa.
En fait, dans le dossier du Smig, le gouvernement et son chef ont suivi le précepte des experts en économie, qui enseigne que «le montant du salaire minimal doit protéger le salarié tout en ne fermant pas l’entreprise ». C’est donc dans cette logique que le chef de l’Etat a réaffirmé, avec force conviction, sa détermination à améliorer le salaire des travailleurs, mais tout en ne compromettant pas le devenir du secteur privé. Il faudrait plutôt impulser une dynamique, favorable à la création d’emplois, dans ce secteur important de la vie économique nationale. Une option libérale, mais enrobée de social, qui ne permet pas au gouvernement d’intervenir dans les entreprises privées, pour y organiser les salaires. Voici qui explique l’abandon du principe de la hiérarchisation des salaires, en lien avec le relèvement du Smig.

Sur la revalorisation des salaires dans le public, le gouvernement et les partenaires sociaux, durant la rencontre du 26 avril, ont accordé leurs violons sur le principe d’une cagnotte à y consacrer, ceci, en tenant compte des autres priorités de l’Etat, comme le recrutement massif des jeunes, pour résorber le chômage. L’amélioration des conditions de travail de certaines couches sociales, comme les Aspirants au métier de l’enseignement (Ame) a aussi servi de boussole. Cette mesure a été vivement appréciée, non seulement par ces derniers, mais aussi et surtout par une frange importante de la population.
En effet, une large frange de l’opinion a été sensible aux plaidoyers de ces jeunes aspirants, payés neuf mois sur douze. Mais au-delà des jeunes aspirants, le gouvernement, dans sa logique de justice sociale, n’a pas non plus oublié cette importante couche sociale que constituent les retraités. C’est ainsi que de façon spécifique sur la revalorisation des salaires, « un niveau d’augmentation de la masse salariale sera défini pour impacter le point indiciaire et ainsi tenir compte aussi bien des actifs que des retraités ». Ensuite, ajoute le communiqué issu de cette rencontre, « à l’intérieur de la cagnotte, il sera procédé à une augmentation différenciée, selon les niveaux de rémunération. Cette démarche vise, dans une logique de justice sociale, à améliorer davantage les bas salaires ».
Toujours parlant du social, relevons une vive préoccupation du chef de l’Etat relative au secteur privé. Elle concerne l’assurance-maladie. « Vous devez désormais déclarer obligatoirement vos employés et leur faire une assurance maladie» a martelé le Président de la République. En attendant le prochain rendez-vous projeté par les différents partenaires au terme de cette rencontre, le gouvernement, lui, doit faire face à des défis quotidiens, pour tenir son engagement, dans ce contexte ô combien difficile. Le rapport du Fmi cité plus haut recommande à ce propos « qu’au-delà des besoins immédiats, les pays devront, pour la plupart, poursuivre le rééquilibrage budgétaire, afin de réduire la vulnérabilité liée à la dette, et de créer les conditions d’une croissance à moyen terme plus solide et plus durable. Pour ce faire, il faudra améliorer la mobilisation des recettes et l’efficience des dépenses publiques, dans le contexte de cadre budgétaire, à moyen terme crédible. Il est important que les mesures de rééquilibrage des finances publiques protègent les franges les plus fragiles de la population et privilégient les besoins de développement… » Et ce pari est loin d’être gagné, et d’ailleurs, le Fmi lui-même reconnaît « qu’emprunter cette trajectoire complexe sera difficile, si bien que de nombreux pays auront besoin d’une aide internationale». Le chemin, il faudrait bien en convenir, est encore long et parsemé d’embûches. Il convient donc de souhaiter que prenne fin le plus tôt possible cette crise en Ukraine, d’autant plus que l’Afrique subsaharienne, selon ce rapport, « est aussi vulnérable, face à un durcissement plus prononcé que prévu des conditions monétaires mondiales, et à un ralentissement de la croissance en Chine et en Europe ».
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