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Le Matinal N° 4261 du 3/1/2014

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Présentation de vœux de la Garde républicaine au chef de l’Etat : trois heures de théâtralisation de la République
Publié le samedi 4 janvier 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le chef de l’Etat Beninois, Yayi Boni.


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Mercredi 1er janvier 2014. Premier jour de la nouvelle année. La Garde d’honneur républicaine se pointe au domicile du chef de l’Etat. Pour y faire quoi ? Lui présenter ses vœux de nouvel an. Sur le principe, pas grand-chose à dire même si au temps du Général Mathieu Kérékou, haut gradé de l’armée, le fait était rarissime pour ne pas dire que cela n’a jamais existé. Il paraît que c’est une tradition républicaine. Mais le hic, l’événement a tôt fait de prendre l’allure d’une théâtralisation de la République.


9 heures ce mercredi. Comme à l’accoutumée depuis 2006 sur la télévision nationale, on suspend toute émission fut-elle de développement ou de grand audimat. La présentatrice fait son apparition sur le petit écran. Pour beaucoup, c’était une édition de flash d’information. Donc l’Ortb est certainement dans un relooking pour la nouvelle année comme on pourrait d’ailleurs le constater avec certains génériques actuellement. Mais erreur. Dans son speech, la présentatrice n’a fait qu’inviter les téléspectateurs et téléspectatrices à suivre la parodie de cérémonie de présentation de vœux de la Garde d’honneur républicaine au couple présidentiel. Elle s’éclipse et place aux images en direct de la devanture du domicile du chef de l’Etat. Les éléments de la Garde républicaine étaient effectivement alignés. Le décor n’était pas loin de celui auquel on est habitué un 1er août, jour de la fête de l’indépendance du Bénin, sauf que tous les corps de l’armée n’étaient pas représentés. Les invités de marque non plus.


Cela se comprend. Mais sur place, pour un événement qui normalement concernait la Garde républicaine et rien que la Garde républicaine, on pouvait aisément remarquer les têtes de pont de l’Office de radiodiffusion et télévision (Le Directeur général et le Directeur de la télévision), des artistes ciblés, des handicapés, des Zémidjan en maillot jaune très propre et griffé cauris (Mozébé ), les femmes dites de Djomèhountin assises à même le sol au soleil tel des poissons séchés, bébés en mains ; les élus locaux du 12ème arrondissement, bref tout un bataclan d’individus massés dans la rue conduisant dans la maison du président Yayi Boni et le long de la voie bitumée allant du carrefour Cadjèhoun jusqu’au carrefour de la Poste de la localité.

Et dans cette marmaille, la présence à la fois remarquée et étonnante d’un seul ministre sur la trentaine que compte l’équipe gouvernementale de Yayi Boni : il s’agit de Babalola Jean-Michel Abimbola. Pourquoi lui seul ? Est-ce parce qu’il est désormais le ministre en charge de la Culture et du folklore ? Ou bien est-il le seul à aimer le Chef de l’Etat ? En attendant toute clarification sur ses nouvelles attributions, revenons à cette cérémonie bien montée pour doper le moral au Chef de l’Etat et lui faire croire que toute cette foule est acquise à sa cause.

Les 60 premières minutes d’échauffement et de grise mine

Déjà à 9 heures comme nous l’annoncions, tout l’effectif de « présentateurs de vœux » était bien dressé comme cela se passe lors du cérémonial du drapeau national. La musique de la fanfare militaire retentit. On croyait que d’ici à là, le couple Yayi Boni et Chantal de Souza allait sortir du domicile présidentiel. Mais les uns et les autres devront attendre longtemps. Depuis le studio, la journaliste-présentatrice ne faisait que se répéter.


Sur le terrain, les gorges des trompettistes et saxophonistes s’asséchèrent, les bras des batteurs s’alourdirent ; à peine on tenait encore debout. Du coup, les mines devenaient serrées surtout qu’on a veillé pour le réveillon. 58 minutes plus tard, les propriétaires des lieux apparaissent et se positionnement sur le tapis rouge posé juste au portillon de leur domicile. La cérémonie protocolaire proprement dite démarre. Après s’être inclinés devant les couleurs nationales, le Chef de l’Etat et son épouse eurent droit au discours flatteur d’un lieutenant colonel du Groupement mobile de la Garde d’honneur. D’ailleurs, la première Dame « notre très chère maman »-propos du lieutenant colonel- n’a pu s’empêcher de sourire.


Après les bla bla bla de part et d’autre, les accolades et autres salutations d’usage s’enchaînent. Du 1er haut gradé jusqu’au dernier subalterne en passant par ceux de la corporation admis à la retraite ce 1er janvier sans oublier les professionnels des médias du Palais, l’occasion était bonne pour serrer la main au couple présidentiel, pour la première fois pour certains. En tout cas, ce fut une épreuve voire un calvaire pour le Chef de l’Etat et la première Dame dont les visages dégoulinaient de sueur. Vont-ils se maintenir debout pour recevoir toute la foule de visiteurs qui attendaient impatiemment de bénéficier des mêmes privilèges ? Visiblement non. Le Directeur de cabinet militaire, après le passage de ceux là qui étaient véritablement concernés par la cérémonie, décale et se rapproche du chef de l’Etat. Il lui chuchota quelques mots. Yayi et son épouse se dirigent vers leur portail. On croyait la fin de la cérémonie. Mais non, le ministre des artistes rattrape habilement son mentor.

C’est grave pour lui si les choses prenaient ainsi fin. Son plan aurait échoué et il aura certainement à dos des artistes comme Don Mêtok, Jolidon Lafia, « M. le président », Stan Tohon et Eléphant mouillé qui se sont déplacés pour encenser Yayi Boni et faire monter la cote du ministre de tutelle. Ainsi, Jean-Michel Abimbola réussit à souffler au Chef de l’Etat qu’il faut qu’il fasse « les 100 pas » vers les milliers de compatriotes qui ne respirent que lui et l’attendaient depuis. Convaincu, Yayi Boni, suivi de son épouse, s’avança. Au niveau des « représentants » des artistes du Bénin, il s’arrête. Les salamalecs vont bon train. La musique était très audible et chatouillait bien les tympans. On pouvait entendre « M. le président, moi j’ai fait les enquêtes. Le Ramu c’est bon, il faut qu’on continue la tournée de sensibilisation ». A quelques centimètres guitare en main ça chante, « Nous serons toujours derrière vous… ». En fait, chacun prêchait pour sa chapelle. Le président de la République n’est pas resté insensible. En témoigne le large sourire qu’il émettait. Il en était séduit. Hochant de la tête comme un cop qui vient d’être imbibé d’alcool !!!

1er août bis ?

Avec toute cette foule qui était massée sur l’avenue passant devant le domicile du Chef de l’Etat, on n’était pas loin des spectacles du 1er août sur les lieux du défilé. Pratiquement, toutes les couches socio professionnelles et les différentes ethnies du pays étaient représentées. A défaut de défiler, elles ont au moins eu le privilège de voir le président de la République passer devant elles et très attentionné à leurs désidérata et aux messages sur les banderoles. La ballade a été rude et éreintante si bien que de retour au point de départ, la première Dame, sans attendre l’exécution de l’Hymne national clôturant la manifestation, agita une main en signe d’au revoir. Mais elle était contrainte. Elle devrait encore attendre ces quelques minutes de supplice. A midi moins quelques poussières de minutes, le couple présidentiel et sa suite se retirent à la maison. On peut descendre maintenant les rideaux. Ce fut la fin du théâtre.


Face à la scène de pitrerie, les questions que l’on se pose sont de savoir si c’était vraiment une cérémonie de présentation de vœux exclusivement réservée à la Garde d’honneur ? Pourquoi ne pourrait-on pas insérer cette « exception » dans la traditionnelle cérémonie de présentation de vœux des corps constitués au président de la République ? Si elle n’était pas suscitée, a-t-on besoin de retransmettre en direct tout ce folklore et même des propos qui devraient être passés en off ? Nous n’allons pas chercher à savoir ici si ce beau monde louangeur est vraiment yayiste. Décidément, 2014 est loin de gommer certaines tares tant dénoncées les années antérieures.

Jacques Boco

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