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Liberté pour les Béninois en 2014
Publié le lundi 6 janvier 2014   |  24 heures au Bénin




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Depuis le Renouveau démocratique en 1990 et aux termes des articles 72 et 110 de notre Constitution, en n’oubliant pas les vœux du Chef de l’Etat à la Nation le 31 décembre, exercice qui va tellement de soi qu’aucun texte ne l’impose, la fin de l’année au Bénin a une charge politique manifeste.
A cette charge sont venus s’ajouter en décembre 2013 deux drames socio-politiques oscillant entre le tragique et l’exécrable, et qui ont ébranlé le pays : il s’agit de la tentative de meurtre sur un membre éminent de la société civile et de la répression brutale par les forces de l’ordre d’une marche pacifique autorisée par le président-maire de Cotonou. L’assassinat raté et les corps ensanglantés ont particulièrement alourdi l’atmosphère en fin d’année. Ils ont aussi fait remonter à la mémoire d’autres crimes patents, dont le simple souvenir plonge les Béninois dans la crainte et le tremblement. Voilà pourquoi en ce début d’année, en plus de tout le reste ennuyeusement conventionnel, nous devons nous souhaiter la liberté qui, hélas, ne figure pas dans notre devise nationale.


Liberté de parler, d’aller et de venir. Car les parents et amis affolés n’ont désormais de cesse de mettre en garde les leurs qui clament parfois leur indignation : ‘‘Fais attention á toi, tu sais qu’il tue !’’ Il y a de l’exagération, car personne n’a jamais vu le prince couteau à la main ou fusil de chasse en bandoulière. Mais on les a vus, lui et sa suite, incapables de retrouver commanditaires et exécutants de tels assassinats et de telle disparition.


D’où la question effrayante : ‘‘Et s’ils étaient les commanditaires ?’’ Et l’hypothèse suffit á vous propulser sous votre lit ou au fond d’un placard, parce que les crimes d’Etat sont parfaits et ne laissent de trace que le cadavre á enterrer ou le vide (drôle de trace !) du ‘‘disparu’’.
On se souvient de Pamphile Hessou disparu (déjà !) à Boukombé et de Ben Barka disparu à Paris.
Liberté d’entreprendre, pour une raison évidente de grande sécheresse économique. 30% seulement des jeunes Béninois en âge de travailler ont un emploi, souvent bien mal rémunéré. Sur 156 pays évalués, l’Indice de Développement humain classe le Bénin avant-dernier. Le présent est donc sombre et l’avenir enténébré. Rien d’étonnant à cela puisque l’on s’efforce d’envenimer le climat des affaires. Les entrepreneurs béninois croulent sous des impôts fantaisistes quand ils ne sont pas en exil pour ne pas devoir finir en prison.


Les hommes d’affaires, nigérian et français, à qui l’on fait appel et que l’on décore dès leur descente d’avion, s’en retourneront sans défaire leur valise quand ils verront ‘‘la manière dont il traite les nationaux’’. Que la raison revienne donc dans le marigot : si les caïmans accoutumés à y vivre n’ont pas le droit de boire et de faire boire leurs petits, les alligators venus d’ailleurs ne pourront pas y prospérer et faire prospérer les habituels riverains.
Liberté pour les magistrats de dire le droit en étant certains que le prince fera son devoir constitutionnel (art. 59) d’exécutant des lois et de garant des décisions de justice. Il n’y a pas de lutte contre la corruption quand l’on tente d’instrumentaliser les juges ou que tel d’entre eux est obligé de fuir pour avoir dit le droit envers et contre toute pression. Le prince ne peut convaincre personne de son amour pour l’amour et pour la miséricorde ni de son admiration pour Nelson Mandela pendant qu’il s’interdit de faire appliquer les décisions de justice qui lui sont défavorables. Aurait-il oublié que nul n’est au-dessus de la loi ?


Liberté tout court. Car la liberté est indivisible. Les trois aspects où l’on vient de l’évoquer veulent tout juste montrer que les Béninois sont en train de la perdre et souffrent de ce grand malheur. Car qu’est-ce que l’homme s’il n’est pas liberté, s’il ne peut, ‘‘en toutes circonstances, choisir sa vie’’, comme l’énonce Jean-Paul Sartre ? Voilà pourquoi en ce début d’année, à la santé, au pain et à la paix, auxquels nous aspirons de tous nos vœux, nous devons ajouter, avec ferveur et foi dans l’action : liberté pour les Béninois en 2014.



(Par Roger Gbégnonvi)

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