Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Art et Culture

Gogotinkpon : Le circuit qui vaut mille détours

Publié le mardi 23 aout 2022  |  La Nation
Gogotinkpon,
© Autre presse par DR
Gogotinkpon, une cité touristique du Bénin vue du ciel
Comment


Par Kokouvi EKLOU,

Paysage féérique, écosystème exceptionnel et diverses attractions à couper le souffle…Le village de Gogotinkpon est une curiosité qui vaut le détour. A la découverte d’une localité dont l’évocation du nom attise les anecdotes les plus délirantes.
En bordure du lac Ahémé, à 60 km de la ville de Cotonou, Gogotinkpon est au cœur de toutes les attentions. Localité au nom suscitant interrogations, le dernier village du département de l’Atlantique à l’entrée de celui du Mono dévoile ses valorisantes attractions. Ecosystème exceptionnel fait de mangroves, le village de pêcheurs et d’agriculteurs de 1 200 habitants voit le flux de ses visiteurs croître de plus en plus grâce à l’offre touristique ‘’Détour par Gogotinkpon’’ promue par l’un de ses fils, Dieudonné Métonou, journaliste et président de l’Association pour le développement économique, social et culturel de l’arrondissement de Possotomé (Adescap). Construite autour de la curiosité que suscite le nom Gogotinkpon qui peut vouloir signifier : « Les popotins ont essayé » ou « Les popotins sont capables », cette offre a depuis peu ancré dans le cœur des curieux cette destination. Des assertions qui sont loin d’être celles des habitants de cette bourgade née vers la fin des années 1800. Le village Gogotinkpon en réalité s’appelle Gogotinkponmè, éclaire Dieudonné Métonou qui explique par ailleurs que deux diminutifs sont employés pour le désigner. « Ceux qui y résident le désignent beaucoup plus par Gogo et les non-résidents, du fait de la domination de la langue fongbé, utilisent beaucoup plus le second diminutif Gogotinkpon », note-t-il. Le nom du village est généré par une anecdote aussi vieille que l’apparition de cette bourgade. Les pêcheurs de la région du lac Ahémé au Sud-ouest du Bénin, à en croire le président de l’Adescap, prennent le principal chenal de ce cours d’eau qui longe une bonne partie du territoire de ce qui allait devenir une entité territoriale administrative. Un îlot inhabité qui permettait à ces derniers d’accoster pour livrer leurs captures et aussi aux descendants et alliés du roi Zounon de contrôler leurs pièges à poissons ou autres espèces halieutiques. Ce genre de marché également source d’approvisionnement de poissons pour les mareyeuses, devenu régulier, a favorisé le contact entre les acteurs et les hommes qui s’appliquaient à faire des avances aux femmes lors des causeries qui suivent souvent les moments de transactions. Certains pour exprimer leur désir pour une femme n’hésitaient pas à lui tapoter les fesses, selon Dieudonné Métonou. Et par finir les femmes indiquent qu’elles vont acheter du poisson là où on leur tapote les popotins. Une explication que corrobore Séraphin Agbé Agbogba, descendant du roi Zounon 1er de Guézin. Gogotinkpon, selon lui, servait de point de rencontre entre son aïeul et ses hôtes. Un lieu qui a fini par devenir sa résidence secondaire. Ce dernier de la même génération que le roi Glèlè a fini par moderniser le site et à en faire un lieu stratégique, notamment un poste de douane pour les marchandises acquises depuis les bords du lac Ahémé jusqu’aux confins du Togo. Le village de Gogotinkpon tient son charme du caractère majestueux de la résidence de l’ancien roi, érigée aux abords du lac et à cheval sur la terre ferme et les cocotiers plantés en son sein. Entretenue par ses descendants, elle garde tout son charme et reste une attraction quoiqu’elle soit une résidence privée considérée aujourd’hui comme un lieu de retrouvailles des arrières petits fils du roi. Sur le lac, la luxuriante mangrove offre une vue panoramique de cette presqu’île à l’intérieur de laquelle se trouvent d’autres îlots tout aussi attrayants. Une virée sur le lac permet aux visiteurs de se faire une idée de cet écosystème exceptionnel où l’on retrouve une multitude d’espèces aquatiques et volatiles. Poissons, crabes, huitres et autres crustacés peuplent le fond du lac et constituent pour les populations des ressources dont elles vivent quoique le comblement du lac et les mauvaises pratiques de pêche ont contribué à l’appauvrir.
Par son offre touristique ‘’Détour par Gogotinkpon’’, Dieudonné Métonou s’est affiché comme un promoteur de cette destination. Visites guidées sur le cours d’eau, immersion au cœur de pratiques ancestrales telles que celle de la divinité Zangbéto, les techniques traditionnelles de bain et de sculptage du corps des bébés (dressage des fesses et des rondeurs à l’africaine), le traitement des maladies par les plantes médicinales ainsi que la plantation de cocotiers pour faire garder au site tout son charme et son environnement. La possibilité est donnée par ailleurs à ceux qui s’investissent dans la promotion des attraits du village d’être faits écocitoyens. Si l’afflux des visiteurs constitue une note de satisfaction pour Dieudonné Métonou, loin de lui toute appétence à la rente qu’apporterait une telle offre. L’idée qui fonde cette expérience tient du souci de valoriser cet écosystème lacustre favorable à la vie et à la renommée du village. Depuis 2017, il s’emploie à organiser des visites sur le site et à faire découvrir aux intéressés ses attraits et richesses. Un détour par Gogotinkpon ou par la route de l’eau, « c’est un package riche de découvertes, d’anecdotes et faits insolites que véhiculent le nom du village, l’emprunt de la route de l’eau, les mangroves, les oiseaux et la danse des papillons au goût des nourritures et boissons locales tellés que dakoin, atoutou, agnan arrosées de vin de palme et l’eau de coco frais… Un délice, une merveille ! », confie avec extase le journaliste. Gogotinkpon, c’est aussi beaucoup de fruits tropicaux menacés de disparition du fait de l’occupation de plus en plus forte de l’espace. Gogotinkponmè, regorgeant de richesses culturelles favorisées par un brassage de groupes socioculturels (xwela, xwla, fon, mina, etc.), abrite aussi une partie du site Ramsar 10-17 comprenant les bas-fonds des lagunes côtières et des chenaux de plusieurs cours d’eau du Sud-ouest du Bénin. Le principal chenal du lac Ahémé bordé de végétations aquatiques plus connues sous l’appellation de mangroves et ou de palétuviers, s’affiche comme une véritable route reliant l’Est à l’Ouest du pays. Un intérêt grandissant pour le circuit touristique qui autorise, selon Dieudonné Métonou, « à rêver plus organisé, plus grand avec le soutien des mécènes, de l’État et de la communauté ». C’est fort de cette ambition qu’un projet de musée des arts et techniques de pêche est en voie de se concrétiser avec la collecte des moyens de pêche, anciens comme nouveaux. « Les écoliers y trouveraient un moyen pour renforcer leurs apprentissages scolaires, les enseignants, un complément pédagogique et les visiteurs, une nouvelle source de curiosité. Ce pan du patrimoine trouverait un marbre pour se graver davantage dans les mémoires », ambitionne le jeune promoteur soutenu par l’association de développement du village. Gaston Zounon, chef du village, reste solidaire des ambitions nourries par l’association de développement de Gogotinkpon et justifie ce soutien par la paupérisation des communautés. Naguère prospère, la petite bourgade fait face aujourd’hui à la réduction drastique du pouvoir d’achat des populations à cause de l’ensablement du lac Ahémé, la disparition de l’activité de fabrication du sel, le déclin de la pêche et de ses activités connexes, plombant depuis quelques années l’économie locale. Si le vœu de l’association de développement est de pouvoir réduire les effets anthropiques qui aggravent la situation par la sensibilisation des populations notamment des jeunes et la mobilisation des partenaires du secteur Tourisme et Patrimoine pour renforcer des projets dans ces domaines, il n’en demeure pas moins que la prospérité des habitants constitue pour Gaston Zounon un challenge et l’engagement de Dieudonné Métonou vient comme une bouffée d’oxygène. En l’absence de voies de desserte, d’électricité, de centres de santé et de loisirs, Gogotinkpon valorise ses richesses et se donne une fière allure en comptant sur la capacité de ses fils et filles à le sortir de l’ornière grâce à ce qui fait sa renommée, le tourisme. D’où son appel aux mécènes et acteurs convaincus de le soutenir pour que la tendance actuelle soit inversée. Gogotinkpon le mérite bien au regard des atouts de son écosystème semi-aquatique. Séraphin Agbé Agbogba plaide pour l’initiative d’une réelle méthodologie de développement de la localité sous l’égide de ses fils, le dragage du lac Ahémé et une alternative aux populations que le cours d’eau a cessé véritablement de nourrir depuis un moment. Des projets qui boosteront davantage, selon lui, l’émergence de Gogotinkpon.
Commentaires