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« Le Porc-épic lance des flèches » : Non, cette croyance populaire n’est pas fondée

Publié le lundi 29 aout 2022  |  La Nation
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© Autre presse par DR
Le Porc-épic
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Par Fulbert Adjimehossou,

Il est souvent dit que le porc-épic lance ses piquants sur ses ennemis, comme des flèches. Mais ce n’est rien de plus qu’un mythe. Voici plutôt comment l’espèce Hystrix cristata se défend, selon les spécialistes.
Le porc-épic est un animal craint à cause de ses piquants. Les récits de chasse, les assertions populaires font de l’animal un « lanceur de flèches ». C’est un animal ciblé par les acteurs de la médecine traditionnelle pour traiter certaines pathologies humaines. « Quand on veut tirer sur le porc-épic, on ne reste pas derrière. Sinon, quand l’animal se sent agressé, il laisse ses piquants vous coller à la peau comme des flèches. Il étale ses piquants. On reste alors en face», raconte Roch Hounnnou, un tradi-thérapeute. Le Hystrix cristata ( nom scientifique du porc-épic), nocturne et crépusculaire, vit et se reproduit dans des tanières. Dans sa thèse de doctorat sur l’écologie et les connaissances ethnozoologiques du porc-épic à crête dans les réserves de biosphère de la Pendjari et du W du Bénin, Séraphin Mouzoun a décrit l’animal. « Le porc-épic à crête (Hystrix cristata) est la seule espèce existante du genre Hystricidé au Bénin. Il a une longueur et un poids atteignant respectivement 80 cm et 20 kg, il présente un crâne fortement bombé, de petits yeux et de petites oreilles, les pattes courtes, avec des pieds larges, portant un corps massif et trapu. La tête, la nuque, les épaules, les membres et le dessous du corps sont garnis des soies grossières et tactiles dont la longueur augmente vers l’arrière. L’extrémité caudale des piquants est pourvue de soies très fortement modifiées formant des capsules carnées creuses et pédonculées », précise la thèse.

Les piquants représentent des structures morphologiques spécialisées développées par certaines espèces de mammifères pour dissuader les prédateurs. C’est le cas des porcs-épics chassés et capturés au Bénin à des fins alimentaires et médicales. Et selon la croyance populaire, l’animal, pour se défendre, lance ses piquants comme des flèches. Dr Séraphin Mouzoun n’approuve pas l’assertion. « Dire que le porc-épic lance des flèches, ce n’est pas la réalité. Quand il est en danger, il commence par taper des pieds le sol, les piquants peuvent se détacher. Pour vous pourchasser, l’animal court à reculons et on finit très rapidement par être en contact avec lui », explique le chercheur. De nombreux autres spécialistes contactés vont aussi dans le même sens. « Quand quelqu’un vous dit que le porc-épic lance des flèches, il faut réfuter ça. Ce n’est pas scientifique. Les piquants sont collés à la peau. Il n’y a pas de ressort. Quand par exemple le chien s’approche, il tourne la tête et fait bouger les piquants», insiste Bakary Sonko, retraité des parcs nationaux du Sénégal et spécialiste des oiseaux.

Le porc-épic présente l’armure en plumes la plus complexe et la plus dense qui lui sert à se défendre. Les tactiques utilisées ont fait l’objet d’une étude dénommée: « Quand les piquants tuent: la stratégie de défense du porc-épic Hystrix cristata L., 1758». Les auteurs Emiliano Mori, Ivan Maggini et Mattia Menchetti ont détaillé le mode opératoire dans leur publication scientifique parue dans la revue Mammalia en 2013. Quatre types de parades présentées par l’espèce y ont été identifiés. «Le cliquetis de la queue semble être suffisant pour repousser les prédateurs solitaires, tandis que les attaques d’arrière-cour / latérales ne se manifestent que dans des situations extrêmes, ou lorsqu’une disparité numérique entre les proies et les prédateurs potentiels se produit », précise la publication. Ainsi, selon les auteurs, lorsqu’une réaction de défense est déclenchée, les muscles se contractent et soulèvent les piquants qui restent coincés à l’intérieur des muscles de l’agresseur avec lequel l’animal est en contact, provoquant des blessures mortelles ou des infections. « Bien que les croyances populaires attribuent aux porcs-épics la capacité de tirer des piquants contre d’éventuels ennemis, les piquants ne sont libérés que par contact ou tombent lorsque l’animal secoue son corps, car ils sont lâchement enracinés », détaille l’étude.

Verdict
Les porcs-épics ne lancent donc pas des flèches. En cas de menace, l’animal tape du pied et crépite bruyamment avec des piquants pour dissuader le prédateur. Ensuite, il recule vers l’ennemi pour essayer d’enfoncer les piquants dans la peau de celui-ci. Cela se fait si vite qu’il peut sembler que le porc-épic a tiré des piquants sur l’ennemi. Ce qui n’est pas le cas.

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