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Le nouveau visage du faux médicament

Publié le samedi 17 septembre 2022  |  La Nouvelle Tribune
Médicaments
© Autre presse par DR
Médicaments contrefaits
Procès médicaments contrefaits : Les grossistes seront fixés le 27 novembre
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La vente de médicament est un phénomène bien connu au Bénin à laquelle le gouvernement du président Patrice Talon s’est résolument attelé à y mettre fin. Malgré la répression, des poches de résistance persistent toujours du fait des nouvelles méthodes que les contrevenants ont adopté pour écouler leurs produits factices. Le régime de la Rupture peut se targuer à juste titre d’avoir brisé l’élan de ces pharmacies à ciel ouvert qui pullulaient à travers le pays. Il n’est plus question de voir des dizaines d’étalages au marché Adjégoulè, lieu tristement réputé pour la vente de produits pharmaceutiques de contrefaçon. Dans la rue, on ne rencontre plus les femmes transportant sur leur tête, des bacs de médicaments de la mort.

Pourtant, le commerce illicite de médicaments se poursuit en catimini et de façon perfide. En lieu et place de la vente à découvert, les contrevenants ont développé un autre mode d’écoulement de leurs produits. Ils procèdent par des mots codés que seuls les « initiés » peuvent décrypter. De jour comme de nuit, ils circulent dans la rue, le sac en bandoulière, passant de maison en maison et proposent à demi-mots les médicaments. Lorsqu’on les rencontre dans la rue, il faut montrer pattes blanches avant d’être servi s’ils ne vous connaissent pas. Le cas contraire, ils continuent tranquillement leur chemin. Dans les marchés, les bonnes dames dissimulent les médicaments dans des sacs de jute qu’elles recouvrent de denrées alimentaires. Seuls les fidèles clients sont servis. Il est difficile de les repérer et de les identifier. L’échange se fait en toute discrétion. Même l’observateur le plus averti peut s’y méprendre. Dans un quartier de Cotonou, un contrevenant a développé une idée originale. Vivant au premier étage d’un immeuble, il a suspendu un panier retenu par une corde. Lorsqu’un « client » arrive, il fait descendre le panier dans lequel se trouvent un bout de papier et un stylo. Celui-ci écrit le nom du produit voulu et l’argent. Le panier remonte et revient avec le médicament et la monnaie si besoin. Et le tour est joué. Quant aux fournisseurs, ils ne passent plus par les points de passages frontaliers ordinaires dans des véhicules remplis de cartons de produits pharmaceutiques contrefaits en raison des nombreux contrôles. Ils utilisent les couloirs poreux des frontières des pays voisins dans des véhicules chargés de sacs de denrées alimentaires sous lesquels sont dissimulés les faux médicaments.

Problématique du faux médicament
Le secteur pharmaceutique a longtemps pâti du faible contrôle de l’Etat et d’une régulation insuffisante. Mais, depuis son élection en mars 2016, le président Talon a fait de la lutte contre le trafic de faux médicaments une priorité, dans la droite ligne de l’appel lancé par le défunt président français Jacques Chirac dans le cadre de sa fondation 2009 à Cotonou, afin d’œuvrer pour l’éradication, la production, le trafic et la commercialisation des faux médicaments. Près d’un tiers de faux médicaments distribués en Afrique subsaharienne transitaient par le port autonome de Cotonou, selon l’Organisation mondiale de la santé. Chaque année, la prise de ces médicaments factices causerait la mort de 100 millions de personnes. D’après la même source, un médicament sur dix dans le monde est une contrefaçon, une moyenne pouvant atteindre sept sur dix dans certains pays africains.

Le chiffre d’affaires généré par la contrefaçon est estimé au minimum à 10 ou15% du marché pharmaceutique mondial soit 150 à 200 milliards de dollars, affirme une étude du World Economic Forum. Les grossistes-répartiteurs béninois s’approvisionnaient dans les pays des Grands Lacs et les pays voisins. En 2017, le Bénin a ratifié la convention Médicrime adoptée par le Conseil de l’Europe pour criminaliser le trafic de faux médicaments. Suite à cette ratification l’opération Pangea IX organisée avec Interpol a permis de démanteler un réseau de trafiquants et de détruire une centaine de tonne de faux médicaments dans le marché Adjégoulè à Cotonou, réputé pour ce trafic. En mai 2018, lors d’un discours donné à la Conférence internationale sur l’accès aux médicaments et autres produits médicaux de qualité en Afrique francophone, le président Patrice Talon estimait que le Bénin « s’est engagé courageusement dans l’éradication des circuits illicites de médicaments » et avait appelé les partenaires régionaux à une meilleure coopération en matière de lutte contre ce fléau.

Combats sans merci

En alerte permanente, l’Agence béninoise de régulation pharmaceutique mène régulièrement des opérations inopinées dans différentes communes du pays en collaboration avec la police. Ces opérations ont permis la saisie de 350 kg de produits pharmaceutiques contrefaits à kloukamey dans le département du Couffo en 2020. Au cours de la même année précisément le 27 août, la douane avait saisie sur la route inter-Etat Hilla-Condji-Cotonou 1, 4 tonnes de faux médicaments dissimulés dans un bus et le 11 septembre un autre véhicule a été appréhendé à Guézin. A son bord, les douaniers avaient saisis plus de 80kg de faux médicaments.

A Sonahoulou, localité située au nord du pays à la frontière avec le Togo, la douane avait saisi également plus de 3 tonnes de faux médicaments dans un autre véhicule. Ces opérations ont permis non seulement l’arrestation et la condamnation de dizaine de personnes, mais aussi, l’incinération de centaines de tonnes de ces produits pharmaceutiques factices. Ce n’est là que quelques résultats des nombreuses opérations menées par les autorités béninoises pour éradiquer ce fléau. A cela, il faut ajouter les nombreuses actions judiciaires. Le 13 mars 2018, cinq grossistes-répartiteurs avaient été condamnés par le tribunal de première instance de première classe de Cotonou à quatre ans de prison ferme et 100 millions de francs Cfa de dommages et intérêts pour « vente de médicaments falsifiés, exposition, détention en vue de la vente, mise en vente de substances médicamenteuses falsifiées ». La lutte paye donc. Mais le chemin est encore long.
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