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Création d’un Bureau d’Embauche unique pour les dockers et tâcherons au port de Cotonou: Yannick Somalon félicite le gouvernement et invite à plus de fermeté

Publié le vendredi 23 septembre 2022  |  L`événement Précis
Bénin:
© Autre presse par DR
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Agent occasionnel à la Société Béninoise des manutentions portuaires, journaliste et auteur du livre ‘’DOCKERS BÉNINOIS’’ publié en juillet 2021, Yannick SOMALON n’est pas resté insensible à la décision du conseil des ministres du 14 septembre 2022 à propos de la mise en place d’un bureau d’embauche unique des dockers dans les ports et plateformes logistiques portuaires en République du Bénin. Pour celui qui a fait un plaidoyer dans ce sens à travers son ouvrage, ‘’DOCKERS BÉNINOIS’’ c’est une décision salutaire qui est la preuve de ce que le chef de l’État Patrice Talon est à l’écoute de son peuple. Dans une interview accordée à certains médias locaux, il félicite le gouvernement, mais reste méfiant quant à la mise en œuvre et invite à plus de fermeté pour une réussite totale du projet.
L’Evénement Précis : Il y a un an environ, vous avez publié un ouvrage ‘’DOCKERS BÉNINOIS’’ dans lequel vous avez abordé les conditions de vie dans lesquelles travaillent les dockers. Le gouvernement décide un an après, de créer un guichet d’embauche unique pour ces travailleurs que vous estimez marginalisés sur la plateforme portuaire de Cotonou, quels sont vos sentiments ?
Yannick SOMALON : Je dirai que c’est un acte salutaire de la part du gouvernement. Je dis bravo et félicitation. C’est la preuve que notre cri de cœur, le plaidoyer que nous avions fait il y a un an à travers le livre ‘’DOCKERS BÉNINOIS’’, occasionnels à vie, des sacrifiés à la mer, des témoignages émouvants, c’est la preuve que cet ouvrage n’est pas tombé dans les mains d’un aveugle. Nous avons déposé des exemplaires à des endroits spécifiques. C’est vrai qu’il y a eu un long silence, on était inquiet, on se disait qu’est-ce qui va se passer et juste un an après il y a cette décision du gouvernement. Ce décret qui officialise la création du bureau d’embauche unique pour la gestion des dockers, c’est un soulagement, c’est une fierté. Cela montre que le gouvernement est à l’écoute de son peuple et que tout ce qui se dit ou se fait, le chef de l’État est à l’écoute. Il prend son temps et prend les décisions qui s’imposent.
Est-ce que vous pensez que c’est de cela que les dockers ont besoin en ce moment précis?
Je ne vous dirai pas le contraire parce que depuis que la décision est sortie, ça jubile dans le hall des dockers. Ils sont très contents. Juste le fait d’apprendre qu’il y a un décret qui statue sur la création du bureau d’embauche unique. Mais moi, je pense que c’est un pas, car le plus difficile reste à venir. Je le dis parce que dans ce pays, sous un autre régime, il y a eu un décret, le bureau d’embauche unique a été mis en place, mais ça a échoué. Pourquoi ça avait échoué ? Avec ce qui s’était passé en 2009 et 2010, est-ce que le gouvernement a véritablement étudié la question pour ne plus commettre les mêmes erreurs qui ont été faites dans le temps ? Si les sociétés agréées de la plateforme portuaire ont accepté la création de ce bureau, il faut que cela soit effectif. C’est-à-dire il ne faut pas qu’ils acceptent seulement la création de ce bureau et que par derrière ils gardent encore les dockers sur eux avec des menaces. Comme quoi : « si vous allez là-bas on va vous sanctionner ou vous punir, on va vous radier ». S’il y a ce chantage-là qui se reproduit comme ce fut le cas en 2009 et 2010, je vous dirai que ce sera encore un échec.
Cependant, j’ai foi en ce gouvernement qui fait ses preuves depuis 2016 et qui ne fait rien à moitié. J’espère que le président Talon va prendre les taureaux par les cornes et travailler à ce que rien ne se fasse dans la clandestinité, que rien ne se fasse avec hypocrisie. Si aujourd’hui, monter sur un navire et travailler pendant 8heures pour gagner moins de 5000F CFA, moins de 4000F CFA et que le bureau d’embauche vient et que cela reste sur le même tarif ce n’est pas la peine. Ils n’auront rien de plus. Il faut que le tarif de la tranche horaire augmente. Donc la création du bureau d’embauche unique doit prendre en compte le large champ de la vie des dockers et savoir que oui ce sont des humains, on ne doit pas les utiliser à user.
Au-delà déjà de la création de ce bureau d’embauche unique, qu’est-ce que vous proposez?
Nous avons proposé déjà dans le tome 1 de notre ouvrage ‘’DOCKERS BÉNINOIS’’, qu’il y ait une convention collective. Je prends l’exemple de deux sociétés. Quand vous prenez Bolloré Africa Logistics, ils ont une convention qui est suivie de près, ils sont payés, ils ont l’assurance santé avec d’autres avantages. A la Sobemap c’est la même chose, mais en même temps pour les deux sociétés, Bolloré a une autre société qui lui fait la sous-traitance des agents occasionnels. Si le bureau d’embauche unique est créé et que cette société continue de fournir des agents occasionnels à Bolloré, c’est qu’il y a toujours un problème. Au niveau de la Sobemap c’est également la même chose, car elle a son service d’embauche qui s’occupe des occasionnels. Il faut qu’une convention collective soit mise en place. En plus de cela il faut qu’il y ait un suivi rigoureux, il faut qu’il y ait des plans de formation qui soient mis en place pour permettre à cette catégorie de personnes de travailler sans risque. Les gens se lèvent, on les embauche et puis on les envoie dans les navires sans aucune formation. Quand ils se retrouvent devant un navire rizier, ils ne savent même pas comment faire. Ils apprennent sur le tas. Mais déjà les premiers jours, vous imaginez les risques qu’ils encourent ? Il suffit juste de tirer un sac de riz dans un coin et tout le reste s’écroule sur vous. Ils meurent sur-le-champ. Si c’est un navire-conteneur, quels sont les comportements à avoir ? Il faut un casque, des chaussures de sécurité, il faut un gilet… Il y a tellement de choses que le bureau d’embauche a à faire pour satisfaire les dockers et si cela commence avec la légèreté cela risque de s’effriter. Nous souhaitons que ce début avec le décret puisse aller à terme, mais avec beaucoup de rigueur et que tout s’accompagne de la convention collective, le plan de formation et une rigueur. Il ne faut pas qu’il y ait des embauches parallèles au niveau des sociétés agréées parce que c’est cela qui va tuer le bureau d’embauche unique comme cela a été le cas par le passé.
Quel appel avez-vous à lancer à l’endroit des dockers et des hauts responsables des sociétés portuaires ?
Si j’ai un appel à lancer, c’est d’abord d’appeler les dockers, la masse des occasionnels à la patience. Nous n’avons pas été compris, depuis 1an que nous avons sorti le livre. J’invite les dockers à la patience et d’éviter les produits prohibés. Aux responsables des diverses sociétés agréées de la plateforme portuaire, que ce soit Bolloré ou la SOBEMAP, je demande d’accompagner le gouvernement dans cette initiative, et de travailler à ce que le bureau d’embauche unique soit effectif et que cela puisse vraiment aider les dockers à sortir de la précarité.
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