Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Société
Article



 Titrologie



Educ'Action N° 0025 du

Voir la Titrologie

  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Société

Yves Kouaro Chabi, DRH/MESFTPRIJ : « Les responsables syndicaux sont des personnes responsables, patriotes qui écoutent et qui savent qu’à un moment donné, il y a quelque chose qu’il faut sauver »
Publié le mardi 14 janvier 2014   |  Educ'Action


La
© Ministère par DR
La tour administrative abritant le Ministère de l`Enseignement Secondaire et de la Formation professionnelle


 Vos outils




 Vidéos

 Dans le dossier

Les interventions autour de la grève d’avertissement de 48h déclenchée par les centrales syndicales continuent de faire des vagues. Chacun y va selon son bord et avec ses convictions. Yves Kouaro Chabi, le Directeur des Ressources Humaines du Ministère de l’enseignement Secondaire, de la Formation Technique et Professionnelle, de la Reconversion et de l’Insertion des Jeunes, répond ici à nos questions en appelant les syndicalistes à laisser tomber l’arme de la grève et à œuvrer pour le maintien d’un dialogue permanent responsable.

Educ’Action : Comment appréciez-vous les motifs de la grève générale de 48 heures des confédérations syndicales ?



Yves Kouaro Chabi : Je ne suis pas content. En tant que acteur du système, Directeur des Ressources Humaines, vous comprenez bien que je ne sois pas content que le personnel, les enseignants débrayent. Mais en fait, il faut dire que le mouvement de grève a été déclenché par les responsables syndicaux. La motion que nous avons lue, mentionne comme motif principal, des problèmes de droits de l’homme qui ne seraient pas respectés. Les libertés syndicales qui ne seraient pas respectées. Je pense à mon humble avis que c’est discutable. Il y a certainement eu des problèmes lorsque les travailleurs ont voulu marcher mais, d’une part, je ne crois pas qu’on puisse en conclure que les droits de l’homme et les libertés syndicales sont bafoués au Bénin. D’autre part, dans le secteur de l’éducation, ce n’est pas du tout une vérité. Quand je prends le sous secteur de l’enseignement secondaire, nous avons au moins 54 syndicats. Il y a environ 5 ans, nous avions à peine 14 syndicats. Vous voyez le rythme de création des syndicats. C’est un indicateur très parlant du fait que les libertés syndicales sont réellement respectées. Il y a également le fait que nous avons une instance où nous dialoguons beaucoup qu’on appelle le conseil sectoriel pour le dialogue et qui tient trois sessions ordinaires par an. La dernière session 2013 a eu lieu les 23 et 24 Décembre 2013. Et c’est une structure naissante où les problèmes sont posés, il y a une franche collaboration, discussion entre l’ensemble des partenaires sociaux, et l’ensemble des responsables administratifs à travers le ministère. Nous établissons ensemble une plateforme de discussion et nous travaillons sur cette plate forme. D’ailleurs cette session est souvent préparée par le bureau exécutif du conseil sectoriel qui est fortement constitué des responsables syndicaux. Il y a 4 responsables syndicaux et 4 représentants de l’administration. Donc, c’est une structure paritaire. Au regard de ce dispositif, vous comprenez qu’on soit très surpris que le motif de la grève soit des problèmes de droit de l’homme et de libertés syndicales.



Est-ce que les syndicats de l’enseignement avaient le choix surtout que la grève a été déclenchée par les confédérations ?



Ce n’est pas une première. Vous voyez, il y a un problème au niveau des organisations syndicales. A priori, les organisations de bases sont affiliées aux centrales quoique ce ne soient toutes les organisations de base. Lorsque les centrales déclenchent donc un mouvement de grève, les autres suivent le mot d’ordre. Mais nous avons déjà vu dans ce pays, que ça ne s’est pas souvent passé comme ça. Nous avons vu dans ce pays où les syndicats de l’éducation sont allés en grève sur mot d’ordre du front d’action des trois ordres d’enseignement où les responsables syndicaux ont voulu arrêter la grève parce qu’ils n’en partageaient pas les motifs, mais ça n’a pas abouti.



C’est vous dire que le lien n’est pas évident. Ce qui veut dire que les centrales peuvent décider d’aller en grève et au niveau de l’éducation, ce ne soit pas respecté. Surtout qu’au sein de l’éducation, ce motif ne peut pas être soutenable.



Les enseignants parlent aussi de la rétrocession des défalcations antérieures pour faits de grève qu’en dites-vous ?



A ce sujet je voudrais vous dire que tous les syndicats réunis au sein du conseil sectoriel pour le dialogue social, ont unanimement décidé d’introduire un recours gracieux auprès du Chef de l’Etat. Le recours a été effectivement introduit et est en instance au niveau du gouvernement. Pendant que ce recours est en instance, vous comprenez que c’est un problème que ce soit encore un motif d’aller en grève. Voilà pourquoi, nous ne sommes pas à l’aise avec ce mouvement.



Avez-vous pris des initiatives au niveau de votre sous secteur pour rétablir le dialogue avec le front ?



Non, c’est encore frais. Lorsque nous parlons du front, c’est le regroupement qui a le plus d’organisations syndicales. Sinon le front n’est pas le seul regroupement, il est le plus important. Le creuset le plus important c’est le conseil qui détient un organe appelé le Bureau exécutif dont je suis le secrétaire exécutif. Nous allons nous réunir dès le début de cette semaine.



Qu’allez-vous proposer à cette rencontre ?



Nous savons tous que la meilleure solution, c’est de dialoguer. Forcément il faut dialoguer. Nous sommes très confiants, et nous connaissons les responsables syndicaux que ce soit au niveau des centrales ou de notre secteur. Ce sont des personnes responsables, patriotes qui écoutent et qui savent qu’à un moment donné, il y a quelque chose qu’il faut sauver. De toute façon ce qui nous unit est plus que ce qui devrait nous diviser.



Pendant que vous souhaitez un dégel, le gouvernement brandit l’arme de la défalcation, cela pourra-t-il faciliter le dialogue ?



La défalcation ne devrait pas être un problème et je vais vous dire pourquoi. Les responsables syndicaux, en invitant les travailleurs à observer le mouvement, ont pensé aussi à la défalcation. Déjà, sous le régime Soglo on a opéré des défalcations.



Que dites-vous alors du droit de grève quand la défalcation devient une réponse systématique ?



Le droit de grève, il est là et il doit être respecté et je pense qu’il est respecté. Lorsque vous prenez les textes sur le droit de grève, il y a des conditions où on ne fait pas de défalcation. Il a des conditions où on fait défalcations. Lorsque ce sont des droits acquis par exemple les salaires, on ne doit pas défalquer mais lorsque ce n’est pas ça alors, c’est possible. Vous avez le droit d’aller en grève mais le gouvernement a le droit de faire des prélèvements parce que le salaire est la contrepartie du travail fait.



Que faites-vous pour prévenir les grèves au niveau du conseil sectoriel de dialogue social, parce que finalement le Bénin est devenu un pays de grève ?



Je ne dirais pas finalement. Malheureusement, nous avons eu cette habitude de grève au Bénin et cela date de plusieurs années. Ceux qui inscrivent leurs enfants dans le privé, ce n’est pas forcément parce que c’est meilleur là-bas. Tout le monde sait que les enseignants les mieux formés, c’est dans le secteur public. Et pourtant, on préfère inscrire ses enfants dans le privé. Entre autres c’est à cause des grèves parce qu’on a peur des grèves. C’est devenu une habitude. Je dis que c’est dommage. Je laisse tomber tout ce que cela a de négatifs sur l’économie, sur le temps scolaire et le reste. Même en termes de stratégies syndicales, je ne suis pas syndicaliste, mais je sais que la grève est le dernier recours. Lorsque ça devient le recours le plus courant qu’est-ce qui reste d’autres. Je crois qu’on en est arrivé à un niveau où il faut forcément changer de stratégies. Avec les dernières défalcations, je me suis dit que c’est le moment de comprendre qu’il ne faut pas s’amuser avec cet outil qui est très important en matière de luttes syndicales.



Vous avez certainement un message à l’endroit des syndicats.



Je travaille beaucoup avec les syndicats, par rapport à mes fonctions, en tout cas ceux qui sont dans mon secteur, je sais que j’ai à faire à des personnes responsables qui aiment le secteur, qui se battent pour le développement du secteur et çà je vous le dis très sincèrement. Il y a certainement des problèmes, on ne peut pas nier qu’il y a des problèmes. Mais je dis une fois encore la grève ce n’est pas la solution. La grève elle met en péril tout ce que nous mettons en place pour les enfants. Parce que tout ce que nous faisons c’est pour les enfants. C’est pour les élèves. Ministre, DRH, enseignants, syndicats, tables, bancs, matériels didactiques, tout çà prenez le comme des intrants et le produit c’est l’enfant bien formé. L’enfant n’appartient pas au gouvernement, il appartient à tout le monde. Toutes les fois qu’il y a des problèmes, il faut s’assurer que la grève est bien fondée. Vous allez voir que si c’est ainsi, la société de façon unanime va soutenir la grève. Si vous avez suivi la grogne matinale, vous verrez que beaucoup ne sont pas d’accord avec cette grève. Je voudrais pour finir inviter les syndicalistes à laisser tomber cette arme de la grève ; il y a plusieurs autres moyens de manifester son mécontentement, je voudrais les inviter à laisser tomber cette arme et qu’on se retrouve véritablement autour de la table du dialogue.

 Commentaires