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Le Matinal N° 4270 du 20/1/2014

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Gbènamèto flingué par son ami Yayi
Publié le mardi 21 janvier 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le Procureur de la République près le Tribunal de Première Instance de Cotonou, Justin Gbènamèto


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En attendant d’exploiter les voies de recours qui s’offrent à lui, c’est fini pour Justin Gbènamèto. On ne le verra plus en toge noire, non plus au Tribunal dans l’exercice de ses précédentes fonctions de magistrat. L’homme vient d’être rattrapé par une affaire dans laquelle il s’est défendu bec et ongles, mais qui a finalement eu raison de lui. Le magistrat est accusé de blanchiment d’argent suite à des transactions financières découvertes au Crédit agricole en France.


C’est la Police française qui a révélé la domiciliation d’un compte bancaire dans cette institution pour un montant de 100 millions F Cfa. D’où provient ce montant ? Interrogé, le fonctionnaire de justice se défend en arguant qu’il s’agit du produit de la vente d’un immeuble à Cotonou appartenant à une proche qui réside en France. Cette présumée propriétaire de compte se trouve être une aide-soignante. Justin Gbènamèto a même brandi des actes notariaux lors des investigations. Mais, tout cela n’a pas suffi pour être blanchi par le Conseil supérieur de la Magistrature (Csm). Une instance présidée par le chef de l’Etat, Yayi Boni avec comme vice-président, Ousmane Batoko, président de la Cour suprême. Ce qui signifie que la sanction est tombée du haut. Il ne reste qu’à la confirmer en Conseil des ministres. Justin Gbènamèto s’est déjà vu notifier la décision du Csm et il a plein droit pour formuler un recours devant la Cour constitutionnelle. Seulement, on doute fort que sa requête produise l’effet escompté. Ceci en raison des faits très accablants qui le plongent. Cette affaire suscite en tout cas des interrogations sur la provenance des fonds. Mais, à l’étape actuelle des choses, personne sauf peut-être la Commission ayant investigué sur le dossier, n’arrive à faire le lien avec une décision de justice rendue par le magistrat. Depuis qu’il a été suspendu de ses fonctions en octobre 2013, beaucoup continuent de s’interroger sur les contours de l’affaire. Mais chose curieuse, un semblant de rapport peu accablant pour Justin Gbènamèto a été agité dans les colonnes de certains quotidiens de la place le jour même de l’annonce de la décision de radiation. C’est-à-dire, hier lundi 20 janvier 2014. Pour certains observateurs, c’est fait à dessein, parce que le mis en cause connaissait déjà le sort que lui a réservé le Csm.

C’était dans le vent

Pour ceux qui suivent cette actualité depuis qu’elle alimente la presse et suscite des débats dans les bars, cafés, restaurants, services et d’autres milieux, ils diront que la décision était dans le vent. Au début de la semaine dernière, la rumeur a circulé avec insistance que le magistrat, ex-Procureur près le Tribunal de première instance de Cotonou a été radié. Mais très tôt, elle s’est estompée créant la confusion dans la tête de l’opinion publique. Une autre rumeur est venue s’y greffer, en annonçant que Justin Gbènamèto était plutôt muté dans une autre juridiction. Dans le même courant, l’affaire s’est déplacée au domicile de l’ancien ministre des Transports de Yayi Boni, Richard Sènou, qui selon la Police aurait offert un refuge au magistrat qui serait en fuite. Alors que le magistrat est assigné en résidence surveillée depuis trois mois. Même si la présence des hommes en uniforme au domicile de Richard Sènou a provoqué des réactions de désapprobation accusant le régime de violation des droits de l’homme, elle a permis à l’ancien Procureur de Cotonou de braquer les projecteurs sur sa personne. Approché par la presse, il avait raconté l’enfer qu’il vivait. Justin Gbènamèto avait-il, monté lui-même son scénario ? Toujours est-il que l’affaire est revenue au devant de l’actualité en l’espace d’une semaine à la faveur d’une série de faits. En clair, le feuilleton a livré des épisodes très épiques avant d’aboutir à une telle fin. Quiconque en suivant ce dossier ne pourrait parier sur un tel dénouement. Beaucoup étaient alors à mille lieues d’imaginer que le président du Conseil supérieur de la Magistrature, Yayi Boni allait laisser son ami finir aussi facilement sa carrière. Considéré pendant longtemps comme le valet du président de la République, Justin Gbènamèto a énormément risqué pour sa carrière en sauvegardant, parfois sans se rappeler de Dieu, les intérêts du Chef de l’Etat. Comment dans ces conditions, parier sur ce qui vient de lui arriver ? Lui qui, pour plus que ce qu’on lui reproche a passé son temps au Tribunal de Cotonou à sauver la face du président de la République. Est-ce donc, ce qu’il mérite ? C’est la justice qui s’est retournée contre lui. Sans doute.

Fidèle Nanga

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