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Crise au Niger: les probables raisons de l’engagement du Bénin dans la résolution

Publié le lundi 14 aout 2023  |  www.banouto.bj
Coopération
© Autre presse par présidence du Niger
Coopération Niger -Bénin: Visite d’amitié et de travail du Président de la République au Bénin
Le Président de la République, Chef de l`État, SEM Mohamed Bazoum, est arrivé lundi 13 mars 2023 à Cotonou, pour une visite d`amitié et de travail de 48 heures, à l`invitation de son homologue béninois SEM Patrice Talon
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Participation du chef de l’Etat en personne aux différents sommets de la CEDEAO, prise de position dans les médias étrangers, rencontre d’explication avec les médias locaux…. Banouto a essayé de trouver des réponses à cette nouvelle posture de Cotonou à partir de trois angles d’analyse.

Petit rappel contextuel.

Pourquoi le Bénin est-il si engagé dans la résolution de la crise au Niger? La question est au bout des lèvres dans des cercles d’observateurs avertis de l’actualité ouest-africaine. Laquelle actualité est marquée, depuis le 26 juillet 2023, notamment au Niger, par le putsch contre le président démocratiquement élu Mohamed Bazoum, sa prise en « otage » par la junte (pour employer le terme de la CEDEAO), la fermeté de l’organisation sous-régionale avec une batterie de sanctions contre le pays, sur fond de menace d’intervention militaire pour le rétablissement de l’ordre constitutionnel, puis l’entêtement des putschistes, emmenés par le général Tchiani, à aller au bout de leur « topo ». Et depuis, le Bénin se montre particulièrement engagé dans la résolution de la crise, notamment la nécessité d’un retour à l’ordre constitutionnel et démocratique, avec le rétablissement du président Bazoum.



Fiabilité.

La proactivité du Bénin dans la résolution de la crise nigérienne peut s’expliquer par le fait que le pays est membre à part entière de la CEDEAO. Il est donc tenu par les décisions de l’organisation sous-régionale. La position du Bénin est donc celle de la CEDEAO, contenue dans les communiqués ayant sanctionné les deux sommets de la conférence des chefs d’Etat et de gouvernement déjà consacrés à la crise nigérienne. Olushegun Bakari le nouveau ministre des affaires étrangères l’a d’ailleurs souligné dans une interview à RFI début août. « Bien sûr que le Bénin, en tant que pays membre de la CEDEAO comme les autres pays de la CEDEAO, est prêt à participer à la résolution de cette crise si on devait arriver à cette solution qui serait déplorable », déclarait-il. En restant dans la droite ligne des positions prises lors des deux sommets d’Abuja, le Bénin se positionne comme un pays fiable.

Activisme diplomatique et leadership.

La deuxième raison plausible de l’engagement du Bénin dans la résolution de la crise nigérienne est qu’elle survient dans un contexte où le chef d’Etat béninois se montrait déjà un peu plus actif sur le plan diplomatique, notamment pour le relèvement des défis socio-économiques et sécuritaires de la sous-région. Contrairement à son premier mandat au cours duquel il a reçu très peu de ses homologues, depuis le début de son second mandat, Patrice Talon a déjà accueilli plusieurs chefs d’État en visite officielle au Bénin. C’est le cas du Bissau-guinéen Oumarou Sissoko Embalo, le Nigérien Mohamed Bazoum (actuellement aux main des putschistes), le français Emmanuel Macron et le Rwandais Paul Kagamé. Le chef de l’Etat s’était lui-même rendu au Burkina Faso pour une visite de quelques heures.
Lors du sommet de la Cedeao à Bissau le 9 juillet 2023, les présidents du Bénin, du Nigeria et de la Guinée-Bissau avaient été désignés pour réfléchir et proposer des solutions face aux questions de sécurité dans la sous-région. Le groupe de travail présidentiel s’est ensuite retrouvé au Nigeria pour sa première réunion. A l’issue de ce conclave, le Béninois Patrice Talon a été chargé de renouer le dialogue avec les autorités militaires qui dirigent les transitions au Mali, Burkina Faso et en Guinée. Et ce, en droite ligne avec « l’engagement de la CEDEAO à apporter son soutien pour l’organisation d’élections démocratiques, crédibles et inclusives dans chacun des trois pays », comme le rappelle le communiqué final du sommet de la troïka à Abuja le 18 juillet.

Craintes d’une aggravation de l’insécurité. Le Niger, pays voisin du Bénin, fait face au terrorisme. Le Bénin lui-même connait des incursions des groupes armés terroristes depuis fin 2021, notamment dans les espaces frontaliers du nord où il fait frontière avec le Niger. L’engagement des autorités béninoises dans le dossier nigérien pourrait enfin s’expliquer par des craintes de l’aggravation de la situation sécuritaire au Niger, du fait de l’instabilité socio-politique et même sécuritaire que risque d’engendrer ce putsch. Une telle situation pourrait davantage affecter la sécurité au Sahel et dans les régions nord de certains pays du Golfe de Guinée dont le Bénin.

Par ailleurs, du côté du Bénin, qui reste attaché à l’alternance par la voie des urnes, les autorités peuvent légitimement craindre que ce putsch affecte les engagements entre les deux pays dans la lutte contre le terrorisme. Ce qui occasionnerait une perte de temps pour les états, avec un risque d’expansion des groupes terroristes. Toute la zone pourrait alors se retrouver en contexte humanitaire et non de développement. Tout compte fait, l’aggravation éventuelle de la situation sécuritaire va nécessiter encore plus de dépenses pour la riposte, qui a aussi son coût humain. Pourtant, ces ressources humaines et financières peuvent servir ailleurs pour l’amélioration des conditions de vie des populations.
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