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Edito du 18 mars 2013: Vers un Etat d’exception
Publié le lundi 18 mars 2013   |  L`événement Précis




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Ceux qui ne croient pas au coup d’Etat peuvent me croire : Boni Yayi ne sera plus le même. Sonné par ce qu’il croit être la deuxième tentative d’assassinat directement dirigée contre sa personne, il se barricade de plus en plus derrière une foule de mesures de sécurité. Ses services sont sur les dents, soupçonnant tout le monde de lui en vouloir. Son régime se bunkerise et court le risque de perdre pied dans la réalité. Bienvenue en Paranoïa !
C’était prévisible. Tous les Chefs d’Etats africains ayant subi ces assauts n’ont pu s’empêcher de céder à la complotite aiguë. Rappelez-vous janvier 1975 avec le coup d’Etat manqué de Janvier Assogba et surtout le 16 janvier 1977. Ces épisodes ont transformé le régime du PRPB qui avait gardé jusque-là une sobriété relative. Il s’est radicalisé, devenant du coup l’un des bastions du marxisme-léninisme en Afrique. Sans même s’en rendre compte, bon nombre de jeunes cadres de l’armée, ceux-là même qui avaient pris le pouvoir avec Mathieu Kérékou, ont été pris dans la tourmente d’un régime d’exception. Le virage à gauche et la veine révolutionnaire qui en furent les marques de fabrique, ont propulsé le pays au cœur de ce qu’on sait.
Il en fut de même pour Gnassingbé Eyadéma au Togo ou même Laurent Gbagbo en Côte-d’Ivoire. Après avoir échappé à des tentatives de putsch ou résisté à des rebellions violentes, leurs régimes se sont enfoncés dans une phase d’hystérie sécuritaire difficilement contrôlable. On comprend aussi que Nicéphore Soglo fraîchement élu premier ministre par la conférence nationale, n’ait pas pu s’empêcher de nourrir une méfiance affichée vis-à-vis de ses proches, lorsqu’il faillit laisser la vie dans un empoisonnement… à la béninoise. Son épouse refuse depuis lors de saluer de la main pour ne pas se faire empoisonner à son tour. On peut se demander si les tensions multiples connues sous son régime ne proviennent pas pour une bonne part de cette peur originelle, celle de la main assassine qui attend dans l’obscurité le moment opportun pour frapper.
Nos princes ne sont certainement pas des demi-dieux. Ils ont tout aussi peur que nous, et parfois plus que nous, de finir sous une balle ou empoisonnés par leurs proches. Loin du Boni Yayi provocateur qui assurait, suite à la tentative présumée d’empoisonnement, de ne pouvoir mourir que lorsque l’heure de Dieu sonnera, il y a aujourd’hui qu’il s’entoure de toutes les précautions pour ne pas être surpris. Selon des sources sûres, la dernière tentative de putsch a failli réussir. Menée en sourdine par un officier dont la haute hiérarchie militaire n’ignore pas la compétence, l’opération a été ingénieusement conduite jusqu’au moment où le Chef d’Etat-major de l’armée de terre a été mis au courant. Il n’en fallait pas plus pour que le Chef de l’Etat et ses partisans découvrent la main de Dieu derrière cet échec.
La vision divine est un palliatif commode pour expliquer ce qui peut désespérer à ce point un citoyen jusque-là honnête pour qu’il tente de se saisir du pouvoir. Malgré les risques énormes qu’il encourt, lui, sa famille et ses amis. Mais cette vision cache surtout la frayeur des pontes du régime. Même s’ils ne le disent pas ouvertement, ils se savent tous menacés. S’il a pu y avoir échec par le passé, il n’en sera pas toujours ainsi.
Cette peur du lendemain peut virer à tout moment. Nous sommes témoins des dérives que cela a pu occasionner ailleurs. Au Bénin, l’armure démocratique semble nous protéger d’une remise en cause profonde de la structure de notre appareillage politique et institutionnel. Elle nous épargne de ce qu’en usant de la psychose ambiante, l’on instaure un régime d’exception. Et la constitution de notre pays a déjà mis les verrous nécessaires pour endiguer de pareilles aventures. Néanmoins, quelques esclandres surgissent çà et là, provoquées par quelques fous du pouvoir qui tentent de nous faire croire au retour vers les années de braise.
Les radicaux ne nous feront certes pas reculer. Et le Chef de l’Etat, plus que tout autre, est conscient des dangers de tels choix suicidaires. Il lui appartient désormais de donner des gages de sa volonté à utiliser l’appareil d’Etat pour nous rassurer tous.

Olivier ALLOCHEME

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