Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Les confessions de Boni Yayi

Publié le samedi 15 juin 2024  |  beninwebtv.com
Politique:
© AFP par ISSOUF SANOGO
Politique: les Présidents Faure, Talon et Yayi reçus en audience par le président ivoirien Alassane Ouattara
Le Président ivoirien Alassane Ouattara a reçu en audience à sa Résidence les président Faure Gnassingbé du Togo, Patrice Talon du Bénin et l`ancien président Béninois Yayi Boni ce Lundi 18 Avril 2016
Comment


Tenues souvent à voix basse et en privé, elles ont pour mission de se décharger de ce qui devenait un fardeau lourd à porter sur la conscience. Cependant, il arrive que ce soit à haute et intelligible voix en public qu’elles sont professées. Dans ce cas de figure, cela résonne comme un aveu après moult accusations. Car il peut s’agir d’implorer l’indulgence, mais aussi et surtout de donner sa part de vérité, quitte à l’assistance de se faire sa propre religion.


Lorsqu’aux lendemains des législatives de 2023 au Bénin, un nouveau bureau a été concocté à la tête du parti d’opposition Les Démocrates, la lecture du jeu de chaise musical opéré avec le plébiscite par acclamation de Boni Yayi a été vite perçu comme un retour à la guéguerre Yayi-Talon.

C’était sans compter pour plus d’un les enjeux en vue du parti, et de qui en était à même de porter la charge, afin d’aboutir aux résultats escomptés. Un peu comme Eric Houndété a été l’homme de la situation en marge de sa constitution et de sa participation in-extremis aux législatives de 2023 en étant à sa tête et Boni Yayi alors président d’honneur.



Les mésaventures récentes de plusieurs partis et personnalités dont Yayi en personne ont montré comment une fois président d’honneur, l’on pouvait devenir étranger du jour au lendemain à ce que l’on a bâti soi-même pierre sur pierre. Mais avec le cours des événements, on pouvait se rendre à l’évidence qu’il y avait une feuille de route élaborée à dessein, dans cette nouvelle aventure de l’ex président de la République.

L’immobilisme du chef de file de l’opposition déjoué
Ayant les moyens de sa politique, l’aura qui va avec et libre des contraintes d’un chef de file de l’opposition aux attributs se résumant à un statut sans moyens, Boni Yayi déjoue les pronostics d’un opposant des plateaux de télévision et communiqués via les réseaux sociaux.


Constamment en tournée, il parcourt le pays du nord au sud à la rencontre de ses concitoyens et occupe du terrain. Entre évènements politiques de son parti et activités apolitiques, il ne ménage aucun effort. De quoi inquiéter et faire dresser contre lui à tort ou à raison des griefs et toutes sortes de campagnes. La récente tournée gouvernementale à bien d’endroits n’a été qu’un procès de sa gouvernance de 2006 à 2016.

Face aux intensions qui lui sont prêtées Yayi sait qu’il est temps pour lui de donner le change.

- Publicité-

En communication, l’essentiel n’est pas ce que vous dites mais ce que les gens comprennent. Fort de cela, il va dans la posture qui lui est connue s’épancher auprès de l’opinion. Une lourde artillerie de contre-attaque face aux allégations faites à son endroit.

Le change aux intrigues des procès en sorcellerie
Dans un régime démocratique, devrait-on se préoccuper de l’activisme d’un ancien chef d’Etat sur l’échiquier politique national de son pays, fut-il Boni Yayi ? Si en quittant le pouvoir en 2016, l’homme avait annoncé qu’il devenait pasteur et consacrerait sa retraite à la vie religieuse, face à des militants de son parti le 5 juin dernier à Porto-Novo, Yayi confesse sa posture actuelle comme inspirée de son prédécesseur Nicéphore Soglo, qui après avoir quitté la Marina s’était impliqué pour diriger le parti Renaissance du Bénin (RB).


Ce dernier qui, frappé par la limitation constitutionnelle d’âge, a été maire et presque chef de l’opposition durant son mandat. Soutenant n’être candidat à rien, face aux rumeurs qui l’annoncent candidat à la présidentielle à venir de 2026, comme il n’en a d’ailleurs songé en 2021, suivant les prescriptions de la constitution béninoise. Comme pour dire qu’il n’a rien inventé et si tant est que sont prédécesseur n’a pas été condamné pour sa posture d’alors, on ne devrait lui en vouloir à son tour. Lui qui essaie de mettre ses pas dans ceux de ce dernier avec qui aujourd’hui il s’entend d’ailleurs pour le moins si bien.

Mais, si Yayi a soulevé sa tunique en public, au temps fort de la tournée gouvernementale qui battait alors son plein au Bénin, il y a à peine quelques jours, c’est qu’il n’attend pas moins de son successeur qu’il interpelle sur un sujet qui le préoccupe, car suscitant controverse.

La rengaine du confessionnal
C’est un secret de polichinelle qu’en règle générale, la raison des crises en Afrique au sud du Sahara n’est nullement liée à une volonté manifeste d’apporter le mieux être aux populations, mais plutôt à des querelles politiques et politiciennes au sommet des Etats.

Déterminé à éviter de nouvelles exclusions du jeu électoral au Bénin, comme celles connues dans le pays en 2019 et 2021 avec ses corolaires, Boni Yayi ne cesse de trouver des parades pour inviter la classe politique, notamment la mouvance majoritaire au parlement avec à sa tête le chef de l’Etat Patrice Talon à réviser leur position, pour un toilettage du code électoral adopté en mars dernier.

Une loi électorale dont certaines des dispositions mettent en alerte bien d’observateurs, qui vent debout font des appels insistants, pour déjouer les tendances lourdes qui pointent à l’horizon, aux élections générales de 2026 qui s’annoncent déjà à grands pas.


Entre volonté de conservation du pouvoir, et ouverture du jeu démocratique, le destin de tout un peuple se joue, dans un contexte sociopolitique tendu, dans une sous-région en proie à des incertitudes. Un enjeu qui semble l’emporter sur le mutisme attendu d’un Boni Yayi par certains, notamment de la mouvance au pouvoir.

Le sous-entendu
Pour Yayi, dans sa forme actuelle, le code électoral porte les germes des exclusions électorales, des frustrations et ne garantit pas la paix lors des prochains scrutins de 2026. Il ne s’en cache d’ailleurs de l’exprimer et sa posture s’apparente à une mise en garde implicite. Aux éventuels procès d’intentions à son endroit, il a trouvé les moyens d’en découdre dans le ton et la forme qu’on lui connait. Il ne passera pas par quatre chemins pour rabattre les caquets à ses détracteurs en indiquant ne pas avoir à diriger le pays pendant 10 ans et demander aux gens de venir le brûler. Déclinant ainsi toute éventuelle responsabilité, bien que persuadé qu’on ne saurait lui donner le bon Dieu sans confession.

Les enjeux électoraux s’approchant, les intrigues avec, Yayi défriche le boulevard de la caution morale qui pesait sur lui jusqu’ici. Lui qui ne veut pas rester reclus, bras croisés à attendre l’équité et l’égalité des règles de la compétition tomber du ciel.

Mieux, à l’évidence, le challenge semble se profiler à nouveau sous une certaine forme en 2026 entre lui et son successeur à qui il a passé le relai à la Marina, malgré les controverses en 2016. Ce dernier qui a déjà annoncé pour sa part ne pas rester inactif quant à sa succession, sera-t-il réceptif à ses appels ?

Après la confession, et dans l’attente il y a une constante : Les humains prient, mais c’est Dieu qui touche le cœur du souverain. Cependant, devant l’évidence, la volonté s’incline, et chacun d’eux devrait en faire son bréviaire.
Commentaires