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Fraternité N° 3533 du 31/1/2014

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Le Dr Joseph Lanwassonou sur Canal 3 Bénin : « Notre grève engendre des sacrifices humains »
Publié le lundi 3 fevrier 2014   |  Fraternité




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Le président du Collectif des praticiens hospitaliers a été reçu hier sur le plateau de la chaîne de télévision Canal 3. Au centre des échanges, le mouvement de grève des médecins déclenché depuis 4 mois. Et dès le 10 février prochain, « l’opération hôpitaux morts » va rentrer dans sa phase active. Le Dr Joseph Lanwassonou a donc éclairé l’opinion sur les tenants et aboutissants de ce mouvement qui n’a que trop duré.

Qui sont les praticiens hospitaliers ?
Les praticiens hospitaliers sont des médecins spécialistes qui exercent uniquement dans les hôpitaux du pays. Mais notre grève concerne tous les médecins du Bénin, aussi bien ceux qui sont en périphérie dans les centres de santé que ceux qui sont dans les hôpitaux.
La semaine écoulée, vous avez lancé au cours d’une conférence de presse « l’opération hôpitaux morts ». Quelles sont les réelles motivations de cette opération ?


Ce n’est pas de gaieté de cœur que les médecins sont en grève depuis le 1er Octobre 2013. C’est avec un grand pincement au cœur que nous en sommes arrivés là. Nous avons d’abord commencé par une grève de 48h avec service minimum. Cela a duré un mois. Après, nous sommes passés à 72h toujours avec service minimum pendant trois semaines puis nous sommes passés à 96h sans service minimum. Mais la loi dit que les services comme la santé, l’énergie, la communication ne peuvent pas faire une grève sans réquisition. Depuis, les hôpitaux fonctionnent avec le système des réquisitions. C’est ce qui fait que la machine tourne toujours.

Vous voulez dire alors que la grève est restée sans effets…
La grève a des effets. C’est la population qui n’appréhende pas encore la gravité de cette réduction de travail. Il y a des malades dont les cas requièrent un collège de spécialistes et avec la situation actuelle des réquisitions, il n’y a qu’un seul médecin qui puisse prendre soin de leur santé. Ce qui fait que ces malades ne sont pas correctement suivis. Il y a d’autres cas comme les traumatisés, les accidentés qui ne bénéficient plus d’un suivi médical adéquat du fait de la grève.

Le gouvernement n’a donc pas cerné l’ampleur des dégâts dans les hôpitaux…
Je vous dis ce qui se passe. Les blocs tournent au ralenti car il n’y a plus de programme opératoire du fait du service minimum. Les malades sont laissés dans les lits, puisque le chirurgien ne peut pas les programmer tout seul. Il n’y a que les urgences qui fonctionnent.

Depuis quatre mois que la grève a été déclenchée, quelles démarches avez-vous menées ?
C’est le lieu de le redire encore. Notre ministre de tutelle, le Pr Dorothée Kindé Gazard s’est battu. Comme nous n’avons pas encore gain de cause, d’aucuns pensent que le ministre n’a rien fait. Ce qui n’est pas le cas.


Nous avons eu des rencontres avec le cabinet du ministre de la santé et avec des membres du gouvernement. Notre ministère a fait de son mieux pour réactualiser le dossier. Une nouvelle commission interministérielle a été mise sur pied et des travaux ont été effectués et depuis le 13 novembre dernier, le dossier a été déposé à la présidence. Mais force est de constater que jusque-là, rien n’y fit.

Que peut-on attendre de la suite ?
Nous déclenchons « l’opération hôpitaux morts » à partir du 10 février prochain. On espérait que le Conseil des ministres allait statuer sur notre cas pour éviter qu’on en arrive à cette extrémité. Nous en étions là lorsque les défalcations ont été opérées. Plusieurs d’entre nous ont retrouvé sur leurs fiches de paie le quart de leurs salaires. Loin de nous abattre, ceci a galvanisé la troupe. Nous avons convoqué une assemblée générale extraordinaire qui a draîné du monde et les confrères sont plus que jamais mobilisés pour la cause.

Tout ça nous amène où ?
Nous avons donné une chance au gouvernement pour qu’il puisse réagir. Malheureusement chez nous, le sacrifice est suprême. Nos grèves même avec service minimum engendrent des sacrifices humains. Nous sommes disposés à reprendre le travail à condition que le gouvernement applique le protocole d’accord qui a été signé depuis 2008.
Le vrai débat, c’est que celui qui n’a que le Bepc a une indemnité de logement qui est trois fois supérieur à celle d’un médecin. Il faut mettre fin à cette injustice. A la retraite, ce que nous gagnons, c’est deux fois moins que celui qui a le Bepc.

Votre mot de fin…
Les médecins ne sont pas des sauvages et ce que nous soignons sont nos compatriotes. Et nous souhaitons vivement que ce dossier puisse connaître sa fin.

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