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Le Matinal N° 4283 du 6/2/2014

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Retard dans l’organisation des élections communales:Un coup contre la décentralisation béninoise
Publié le jeudi 6 fevrier 2014   |  Le Matinal




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La cérémonie traditionnelle de présentation de vœux à l’autorité préfectorale a été une occasion pour les différents acteurs de se vider. Face au Préfet, Salamatou Kora Ponou, le mardi 28 janvier 2014, le porte-parole des maires a lancé une boutade concernant leur mandature. Au cours de la même cérémonie, le vrai visage de la préfecture a été découvert.


« Nous sommes fatigués de jouer les prolongations. Nous sollicitons votre appui de femme-mère à plaider auprès des autorités centrales pour l’organisation des élections municipales et communales ». C’était le message inédit et inattendu que le représentant des maires, Inazan Orou Mora, maire de la commune de Ségbana et président de l’Association pour la promotion de l’intercommunalité du département de l’Alibori (Apida) a porté à l’attention du préfet des départements du Borgou et de l’Alibori à l’occasion de la cérémonie de présentation de vœux 2014. Etait-il sincère en le proclamant haut et fort ? Seule la providence peut en répondre. Au regard de ses qualités de président de l’Apida, maire de Ségbana et porte-parole circonstanciel de ses pairs, tous appartenant à la mouvance présidentielle, cette déclaration, à tout le moins troublant, a donné du tournis à plus d’un. La réaction de l’assistance, entre approbation et rire ironique en disait bien long. Et pour le préfet des deux départements à qui le message est adressé, elle en était embarrassée. Elle avait l’air très peiné quand la boutade est sortie de la bouche du représentant des maires. Elle ne pouvait avoir une autre attitude. C’est dans cette logique, qu’en formulant en retour ses vœux aux différents représentants des corps constitués, elle a évité de donner une réponse hâtive. Auprès de qui peut-elle plaider ? De Yayi Boni ? Tout le monde connaît les réponses à l’avance. Elle ne peut avoir cette outrecuidance. Le risque, c’est le limogeage. Pour les maires, qui n’ont pas manifesté ouvertement une désapprobation, il était important de rappeler à l’attention du pouvoir central, l’organisation de ces élections qui donne l’occasion aux populations de faire le choix de leurs nouveaux dirigeants. Au demeurant, cette situation, sans issue dans les conditions actuelles, qui dure depuis bientôt un an, porte un coup sur la décentralisation béninoise. Est-ce déjà un retour indirect à la centralisation du pouvoir d’Etat comme sous l’ère des Chefs de districts ou des sous-préfets ? La question mérite d’être posée quand on sait que le régime de Yayi, a tout mis en œuvre pour ôter les maires de leur légitimité populaire. Au plan politique, tous les maires des 14 communes des départements du Borgou et de l’Alibori, appartiennent à la mouvance présidentielle. Depuis juin 2013, ils ne sont plus des élus. Ils n’ont plus de mandants. Ils tirent leur légitimité de la loi. Ces derniers sont devenus, le prolongement du pouvoir central. A ce titre, ils participent aux meetings, marches de soutien, prières kermesse pour le Chef de l’Etat. Ils participent même aux conseils des ministres, un couvent de l’Exécutif, et prennent place autour de la table. Et quand des élus communaux peuvent arriver à ce stade au point d’adopter ces comportements, ils ne doivent plus rien à leurs mandants. La décentralisation qui est l’expression de la démocratie à la base a été voulue par le peuple et soutenue par les partenaires techniques et financiers. L’article 6 de la loi portant règles particulières applicables aux élections des membres des conseillers communaux, municipaux et à la désignation des membres des conseils de villages ou de quartiers de ville en République du Bénin dispose : « le vote pour le renouvellement des conseillers communaux doit intervenir 30 jours au plus tard avant la fin du mandat ». Mais à l’allure où vont les choses, si la décentralisation béninoise ne relève déjà pas du passé, elle se débat donc pour survivre.

Jean-Claude Kouagou

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