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La Nation N° 5924 du 12/2/2014

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Journée mondiale de la radio 2014 : L’avenir est à inventer ….
Publié le jeudi 13 fevrier 2014   |  La Nation




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J’ai été maintes fois interrogé sur l’avenir de la radio en ce début de XXIe siècle que la télévision, l’ordinateur et l’Internet semblent avoir pris en otage …. Pour certains, la radio a vécu son âge d’or et paraît assez démunie face à "l’arrogance" et la séduction du tout-numérique. Pour d’autres, le fait que la radio poursuive son bonhomme de chemin et connaisse même un développement exponentiel ces quinze dernières années, relève du miracle…


Aux uns et aux autres, ma réponse est invariable : la radio bénéficie de sa nature de technologie adaptée à la culture orale africaine et se révèle être le média audiovisuel le plus facile d’appropriation par son auditoire : et ce n’est pas pour rien que ce soient les radios de proximité ou les stations locales, associatives ou communautaires, qui portent désormais l’étendard de cette prolifération.
Il est symptomatique qu’en 2012, afin de mettre en relief la puissance de la radio comme plateforme pour l’éducation et la liberté d’expression ainsi que son rôle vital dans la réponse aux crises et aux catastrophes, l’UNESCO ait appelé à célébrer le 13 février de chaque année, une Journée mondiale de la radio.
Média peu coûteux, nécessitant la mise en œuvre d’une technologie relativement simple, la radio atteint des auditeurs éloignés sur tous les points du territoire et même les groupes nomades. Selon l’Union internationale des Télécommunications, plus de 75% des foyers des pays en développement possèdent au moins un récepteur radio.
Notre pays peut s’enorgueillir de son avancée sur le plan du pluralisme radiophonique même si le tableau de la répartition géographique des radios locales reste encore à compléter.
L’Atacora – Donga dispose de neuf radios non commerciales, le Borgou-Alibori, les Collines de cinq comme l’Atlantique et l’Ouémé-Plateau sur les 36 radios réunies au sein de l’Union des radios communautaires et associatives du Bénin : (www.urcab.bj). Sur les 77 communes que compte le Bénin, 33 disposent de radios locales.
Une typologie à diversifier :
Mais là où le bât blesse, c’est au niveau de la diversité typologique : nos radios sont encore trop généralistes pour vraiment remplir leur mission de catalyseur de développement.
Pour avoir contribué à la mise en place des schémas – directeurs du pluralisme radiophonique dans plusieurs pays africains, je m’explique encore difficilement l’inexistence au Bénin de radio des femmes, par des femmes et pour des femmes alors que d’autres pays, dans notre Afrique de l’Ouest, disposent même de réseaux de radios pour femmes.
C’est dire que notre corporation et nos associations professionnelles et faîtières ne sauraient vraiment s’associer à l’UNESCO qui a voulu que l’édition 2014 de la Journée mondiale de la radio soit consacrée à "la promotion de l’égalité des genres et de l’autonomisation des femmes à la radio".
Mes consœurs de la Cellule des femmes de l’Union des professionnels des médias du Bénin (CFU), récemment dynamisée n’ont pas encore réussi à convaincre leurs interlocuteurs, du public, du privé, comme de l’institutionnel, (l’UNICEF, PLAN BENIN, UNFPA, PNUD…) de la nécessité d’un soutien inconditionnel pour la mise en place d’une radio des femmes au Bénin … Cependant cette radio est nécessaire au regard de la contribution des femmes à l’animation, la production, la présentation et la direction administrative des organes de presse dans notre pays.
Cela dit, il revient cependant à Clémentine Lokonon et à nos autres consœurs de la CFU d’abandonner leurs craintes et leurs attitudes timorées pour se lancer dans l’aventure que représentent toujours l’implantation et la gestion quotidienne d’une radio thématique. Outre une radio pour les femmes, il persiste un besoin de diversifier la typologie des radios au Bénin en complétant l’existant "avec des radio-santé, radio-sports, radio-théâtre, radio-tout-infos", tout en généralisant les radios municipales et les partenariats pour échanger de programmes et de coproduction entre stations pour enrichir les grilles des programmes.

Haro sur l’incantation numérique

La radio entre à présent dans le deuxième siècle de son histoire, et en Afrique comme au Bénin, l’horizon a pour nom : 2020, l’année fatidique du passage au numérique. Malgré mes quarante-six ans d’expérience concrète de producteur-journaliste, et peut-être à cause de tout mon parcours professionnel, je me refuse à céder à la panique: le numérique, plus qu’un danger, est une opportunité pour la radio ; et ceci sur deux plans cruciaux : le développement de la radio ces vingt dernières années s’est effectué sans plan ni rigueur, car émanant du processus de démocratisation qui, lui-même a pris le monde politique et administratif de court …
Il y avait subitement un vaste espace des médias à occuper alors qu’il n’existait pas de personnel qualifié pour le faire. D’où les dérives constatées partout avec l’entrée, par effraction, dans la profession, de bon nombre de personnes qui n’avaient que cure de la qualité ou de l’éthique qu’exigeait et qu’exige encore le métier. Mais cette ruée vers les médias n’a pas eu que des effets négatifs ; pour ne se limiter qu’à la radio, l’irruption de ces nouvelles générations a apporté un nouveau ton, plus convivial, plus moderne, plus aéré. Mieux, des formats beaucoup moins copiés de l’extérieur ont fait leur apparition, et le taux d’audience de la radio a connu un bond exponentiel à faire rêver les annonceurs.
Les populations, toutes catégories confondues, y ont trouvé l’expression d’une renaissance culturelle locale et le sentiment d’appartenance à une communauté dans sa diversité et sa proximité.
En fait, le défi lancé par le numérique à notre profession, est d’inventer l’avenir. Nous sommes tous d’avis que le renforcement des compétences en matière de radio a été mal conçu et n’a pas donné les résultats escomptés.
Il ne sert à rien de se morfondre, car à bien l’utiliser, le numérique palliera ce constat de la professionnalisation ratée en offrant et en imposant le saut vers l’inéluctable "spécialisation".
L’opportunité qu’offre le numérique à la production radiophonique ne ressemble en rien à ce qu’il nous a été donné de faire jusqu’ici …
Tout d’abord, il brise la barrière entre le Journal parlé et les programmes : il permet une production par modules qui donne plus de latitude pour couvrir les thèmes et les sujets spécifiques : il libère l’auditeur de la contrainte-temps en lui permettant d’écouter son émission préférée à convenance… J’arrête là les possibilités qu’offre le tout-numérique pour m’appesantir sur un aspect non moins important qui concerne le nouveau profil du journaliste-producteur ; les écoles, instituts, centres de formation et facultés qui prolifèrent, modélisent un profil multimédia qui sera de première nécessité pour la radio de demain : et je ne suis pas peu fier de voir bon nombre de mes étudiants de l’ENAM ou de l’ISMA changer d’option pour se spécialiser désormais en radio, eux qui étaient venus à la profession, attirés par le mirage et les sirènes de la Télévision …
Plus encore rassurant est le nombre de ces jeunes qui comptent exercer en partie leur carrière dans les radios communautaires des zones éloignées. La radio continuera donc d’évoluer dans l’ère numérique et touchera un public de plus en plus large même si de global, il deviendra local, et de local, il passera à la "niche" au plus grand bonheur de l’auditeur qui n’aura que l’embarras du choix. Bonne journée mondiale de la radio 2014 à tous.

* Président d’honneur de l’Union des radios communautaires et associatives du Bénin


Par Soulé ISSIAKA*

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