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Le Matinal N° 4290 du 17/2/2014

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Chronique : parachever le coup d’Etat
Publié le mardi 18 fevrier 2014   |  Le Matinal




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J’écris ces lignes toutes les fois avec le même bonheur. Mais j’ai une frustration, celle de ne plus pouvoir analyser les tares et atavismes de notre société malade. J’en ai plus la force, l’envie, l’inspiration. C’est au-delà du dégoût !


En d’autres temps, j’aurais tant de choses à dire. J’aurais dix mille raisons de m’extasier. Nous sommes, depuis Louis Hunkanrin, croyons-nous, le pays le plus intelligent de la planète. Une sorte de phare de l’humanité que la planète entière admire…

La preuve, nous sommes à juste titre, le berceau du vodun. Il n’y a pas à tortiller, nous sommes un cadeau des dieux. C’est pourquoi nous savons tout mieux que tout le monde. Nos dirigeants ne sont pas à la hauteur de notre incroyable talent, leur laisser entre les mains un pays comme le Bénin, c’est donner de la confiture aux cochons. L’Europe a la France et l’Afrique a le Bénin. Nous en sommes les joyaux.


J’aurais décrit cet homo-béninicus qui fait du rentre-dedans dans l’imaginaire, donne des coups de pieds aux conventions, bouscule le regard et dérange les boîtes de pop-corn. J’aime ça. J’aurais largement fait le portrait de l’individu-roi qui s’est émancipé de l’ordre ancien, de l’harmonie, c’est peu de le dire, et qui est une calamité pour notre société.

La violence ouverte envahit la rue. La malveillance, l’insulte, la calomnie, la délation, les violences sournoises, envahissent l’espace public, ses prétoires et son forum médiatique. Contre nos vitrines, bourdonne sans cesse un tourbillon de haines ordinaires. Le Bénin est en crise. L’Egypte au bord de la rupture.


Le phare est éteint. Malgré les démentis, le Maréchal d’opérette Al Sisi entend se faire introniser pharaon. L’Egypte dans les ténèbres. L’impasse est totale, la violence omniprésente et les attentats terroristes quasi quotidiens. Depuis le renversement du Président démocratiquement élu, Mohamed Morsi, le 3 juillet dernier par l’armée, les attentats imputés à des radicaux islamistes ou salafistes se sont multipliés.

La sanglante répression des frères musulmans nourrit le terrorisme, notamment dans le Sinaï aux portes de Gaza et d’Israël. Les salafistes « justifient » leurs actions par le régime de terreur instauré par l’armée et dont la journée du 14 août 2013 qui vit le massacre de centaines de manifestants désarmés, est le symbole. Depuis, toute la direction des frères musulmans et des milliers d’Egyptiens qui se sont opposés au coup d’Etat sont emprisonnés. On est loin des idéaux de la « révolution » qui a balayé les trente années du régime autocratique de Hosni Moubarak, le 11 février 2011.

La contre-révolution menée par l’armée qui détient le pouvoir d’Etat depuis 1952 et l’éviction du roi Farouk par Nasser, a prospéré. Les douze mois de présidence Morsi n’auront été qu’une parenthèse. La présidence Morsi a tracé les sillons de la controverse et de la désillusion, parce que la planche fut savonnée par les militaires, les anciens du régime Moubarak qui avaient conservé d’indéniables capacités de nuisance.
Le pays est plus que jamais divisé entre frères musulmans et sympathisants, salafistes, radicaux laïcs occidentalisés cocus de bonne foi et militaires.

On peut ici dénoncer le jeu trouble des puissances occidentales qui ferment les yeux sur les errances despotiques des auteurs du coup d’Etat au nom de la lutte contre l’islam politique. On sait maintenant ce que peut coûter leur aveuglement anti-islamiste à la planète. C’est cela qui a plongé l’Algérie dans une terrible décennie noire. C’est aussi cela qui a complexifié la question palestinienne et poussé à la création d’une enclave à Gaza.

Quelqu’un imagine t-il le traumatisme qu’aurait provoqué une répression infiniment minimale en Chine ou en Russie ? Les militaires égyptiens, eux, ont reçu un permis de massacrer en paix. Un blanc seing. Ce n’est donc pas la démocratie ou la défense des droits de l’homme qui font s’agiter et pousser des cris d’orfraies aux capitales occidentales, mais des logiques bassement géopolitiques ! Ainsi va le monde !


Je pense comme beaucoup que du fait de leur impréparation et de leur incompétence, les partis islamistes ; frères musulmans et Ennadah, Hamas, en Egypte, Tunisie et à Gaza, n’avaient aucun avenir au pouvoir. Ils finiraient par être chassés de toute façon par des peuples désabusés et dans les urnes. Il fallait les laisser mourir de leur belle mort. Les renverser, c’est conspirer contre la démocratie. Il n’y a pas de coups d’Etat vertueux.

Les peuples doivent conserver leur souveraineté, y compris le droit souverain de se tromper.
Les démocrates seraient bien inspirés de méditer le précédent algérien, quand, sur le point d’aboutir à la victoire du Front islamique du salut (Fis), le processus électoral fut brutalement interrompu. Non que l’exclusion, puis la radicalisation des islamistes égyptiens soient susceptibles de provoquer une guerre civile aussi longue et meurtrière.

Les temps et les circonstances ont changé. Mais tous ceux qui libéraux, nationalistes, républicains ou simplement occidentalisés s’étaient réjouis à l’époque en Algérie, attendent toujours, vingt ans plus tard, l’émergence de cette Algérie démocratique et libérale qu’ils appelaient de leurs vœux.

Winner Abbecy

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