Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Benin    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Art et Culture
Article




  Sondage



 Nous suivre

Nos réseaux sociaux



 Autres articles



Comment

Art et Culture

Le Bénin accueille le premier musée d’art contemporain d’Afrique
Publié le mercredi 19 fevrier 2014   |  AFP


Musée
© AFP par CHARLES PLACIDE TOSSOU
Musée Zinsou
29 Janvier 2014. Benin-Ouidah.


 Vos outils




La petite ville côtière de Ouidah, au Bénin est tristement célèbre pour avoir été un des grands centres africains d’embarquement d’esclaves vers l’Amérique. Elle accueille aujourd’hui le
premier musée d’art contemporain d’Afrique, une fierté pour les artistes du continent, comme une revanche de l’art sur l’histoire.
Quatorze grands artistes africains sont exposés dans la majestueuse villa Ajavon, inaugurée en novembre, en plein coeur de cette bourgade d’à peine 60.000 habitants, à une quarantaine de kilomètres de Cotonou. Déjà présents pour la plupart dans les plus prestigieux musées d’Europe et d’Amérique, ils sont très rarement montrés en Afrique.
Ce pari audacieux est celui de la Fondation Zinsou, créée en 2005 par la très dynamique et volontaire Marie-Cécile Zinsou, avec l’appui financier de son père, Lionel Zinsou. Ce franco-béninois, normalien et économiste, est à la tête du fonds d’investissement PAI Partners, à Paris, après être passé par le cabinet de Laurent Fabius à Matignon et la Banque Rothschild notamment.

- Les enfants au musée -

Lors d’une mission au Bénin pour l’ONG SOS village d’enfants, sa fille Marie-Cécile avait voulu emmener les enfants au musée.
"J’ai découvert qu’il n’y avait aucune structure pour leur montrer des oeuvres de leur continent aujourd’hui", dit Marie-Cécile Zinsou, petite-nièce
d’un des premiers présidents béninois, Emile-Derlin Zinsou.
La Fondation Zinsou a d’abord créé un réseau de mini-bibliothèques et un espace d’exposition à Cotonou dont l’accès est gratuit.
En huit ans, la fondation a accueilli quatre millions de visiteurs, dont une majorité a moins de 15 ans, à Cotonou, avec des expositions de grande qualité d’artistes béninois et étrangers, dont le peintre pop américain d’origine haïtienne Jean-Michel Basquiat, en 2007 --une première sur le continent africain.
Parallèlement, la fondation a acquis une collection d’oeuvres et s’est mise
en quête d’un lieu dans le but de créer un premier musée entièrement dédié à
l’art contemporain africain du continent.
C’est la villa Ajavon, construite en 1922 par un riche commerçant d’origine
togolaise, véritable trésor d’architecture afro-brésilienne, qui a guidé les
pas de la fondation Zinsou vers Ouidah, pour y installer son musée.
"Quand on a su que cette maison sublime était libre, on a sauté sur
l’occasion", raconte Marie-Cécile Zinsou, présidente de la fondation. "Il
s’agit d’un style symbolique, très spécifique de cette région: ce sont les
descendants d’esclaves qui sont revenus de Bahia et ont créé cette
architecture à partir de leurs souvenirs d’Afrique et de leurs influences
brésiliennes" explique-t-elle.
L’imposante bâtisse à étage est située au bout d’une route en terre battue
bordée d’échoppes et de vieilles maisons au charme suranné, à quelques
centaines de mètres de la basilique et du temple des pythons, un des hauts
lieux du culte vaudou.
Au moment de la rénovation, le souci premier de la fondation Zinsou a été
d’être le plus fidèle possible à la maison d’origine.

- Créer un public d’amateurs d’art -

Pas de climatisation, donc, dans le bâtiment principal, pour ne pas
défigurer la façade. On est loin de la température très contrôlée de 22 degrés
et 50% d’humidité que la fondation maintient dans sa salle d’exposition de
Cotonou.
Ici, à Ouidah, l’air circule à travers les fenêtres, dans les coursives
baignées de soleil, qui donnent sur des pièces en enfilade où sont exposées
les oeuvres de l’Ivoirien Frédéric Bruly-Bouabré, du Congolais Chéri Samba, et
de l’Ethiopien Mickaël Bethe-Sélassié, notamment.
Y figurent également plusieurs artistes béninois, dont Romuald Hazoumé,
dont les "masques bidons" ont fait le tour du monde, Cyprien Tokoudagba, Aston
et Kifouli Dossou.
Seules les photographies en noir et blanc des Maliens Malick Sidibé et
Seydou Keita ont été placées dans une annexe climatisée, à l’abri de la
lumière du jour.
Du haut de ses huit ans, Achmine Atindéhou, qui vient au musée pour la
deuxième fois, a déjà des goûts très affirmés.
"J’aime le dessin ’Mémoire vive’ (de l’artiste britannique d’origine
sud-africaine Bruce Clarke), parce que c’est joli. Ca parle de la mort",
dit-elle très simplement.
Une de ses amies du même âge dit préférer les autoportraits colorés du
photographe Camerouno-Nigérian Samuel Fosso.
En accueillant les classes et en laissant gratuit l’accès au musée,
l’objectif est de créer un public d’amateur d’art contemporain: ces enfants,
qui viennent souvent avec leur classe puis reviennent tout seuls, finissent
ensuite par prendre l’initiative d’emmener leurs parents, se réjouit Claude
Akotomé, le responsable du musée.
En trois mois, le musée de Ouidah a attiré environ 13.000 visiteurs, des
Béninois en majorité, mais aussi quelques touristes des touristes du Togo et
du Nigeria voisin, et même de France, d’Angleterre ou des Etats-Unis.
Pour l’artiste Romuald Hazoumé, dont les oeuvres sont exposées à Londres, Paris et New York, c’est une fierté immense d’être enfin montré dans un musée
de son pays.
Il se souvient avec émotion de sa première exposition à la Fondation Zinsou.
"C’était la première fois que je voyais des gamins béninois venir admirer mes travaux, j’ai pleuré ce jour-là, j’étais tellement ému!" raconte-t-il.

cdc/cac

 Commentaires