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La Nation N° 5929 du 19/2/2014

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Conférence nationale 24 ans après : La gouvernance a besoin d’être revue, selon Timothée Adanlin
Publié le mercredi 19 fevrier 2014   |  La Nation


Thimotée
© Autre presse par DR
Thimotée Adanlin, ancien Président de la Haute Autorité de l`Audiovisuel et de la Communication


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Timothée Adanlin, ancien président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication avait pris part aux travaux de la Conférence des forces vives de la nation de février 1990 en tant que président du parti Union démocratique des Forces du Progrès (UDFP). Membre du présidium, il y avait occupé le poste de secrétaire général. Il passe ici en revue les attentes des composantes du peuple, les principaux résultats atteints à l’issue des travaux et fait un bilan critique du Renouveau démocratique après 24 ans de mise en œuvre

Par Alain ALLABI

En décidant d’aller aux assises nationales en février 1990, le peuple béninois avait des aspirations.
Il faut distinguer, selon le secrétaire général du présidium des travaux de la Conférence, Timothée Adanlin, trois niveaux d’attentes. D’abord, la situation difficile avait conduit le régime du Parti de la Révolution populaire du Bénin (PRPB) à sentir la nécessité de convoquer les assises. La Révolution sans attendre la Conférence, a décidé de ce que le marxisme cesse d’être l’idéologie de l’Etat
La mise en œuvre du Programme d’ajustement structurel conclu par le pouvoir en place avec la Banque mondiale et le Fonds monétaire international avait fait apparaître des difficultés.
Ensuite, le monde syndical, notamment le Syndicat national des enseignants du supérieur(SNES) voulait tout simplement le départ du régime. Pour les responsables de ce syndicat en ce temps-là, rappelle Timothée Adanlin, même si le PRPB payait tous les arriérés de salaire, le travail ne reprendrait pas. «Il faut qu’il s’en aille», rapporte-t-il. Cette position était aussi celle des Forces de gauche qui n’attendaient plus rien du gouvernement en place.
Enfin, lorsque le comité préparatoire de la Conférence a été mis en place, il a demandé aux forces socio-politiques de lui faire parvenir leurs attentes. Ce comité dirigé par Me Robert Dossou a recueilli les aspirations de tous, notamment celles de ce que l’on a appelé les sensibilités politiques.
Même les partis politiques vivant dans la clandestinité en étaient sortis pour apporter leurs contributions. «Si on veut savoir ce que veut le peuple, il faut donc se référer à toute la moisson de contributions provenues des trois sortes d’acteurs à savoir le gouvernement, les forces sociales et les forces politiques», signale-t-il.
Les désirs des uns et des autres ont été pris en compte et les travaux ont abouti à un consensus.
La première manifestation du consensus aura été la désignation de Mgr Isidore de Souza comme président du présidium de la Conférence des forces vives de la nation. L’autre manifestation de ce consensus est la Constitution du 11 décembre 1990.
De même, le départ du régime du PRPB a été gagné avec l’instauration d’une nouvelle expérience dénommée le Renouveau démocratique. C’est une nouvelle expérience sociale, politique et économique, explique-t-il. Ainsi, le multipartisme intégral a été adopté comme nouvelle option politique en lieu et place du monolithisme politique qui avait régné de 1972 à février 1990.

Des corrections méritent d’être faites

A la question de savoir si les objectifs ont été atteints 24 ans après les assises, Timothée Adanlin répond que le peuple peut se réjouir de la stabilité et de la démocratie. Mais analysant la situation actuelle, il estime que des corrections méritent d’être faites. « La démocratie n’est pas un système achevé », souligne-t-il. Entre autres, il fait observer que l’option du multipartisme intégral est à revoir. Cela fragilise la démocratie, car les partis se créent sans idéologie au point où aujourd’hui, on peut en compter deux cents et ça continue de se créer.
« C’est le pluralisme infantile », ironise le secrétaire général du présidium de la Conférence nationale citant Ali Houdou.
Par ailleurs, il relève que la liberté de la presse est si mal gérée qu’il en vient à penser qu’elle n’est qu’une illusion. «Les acteurs de la presse se vendent au pouvoir de l’argent», regrette-t-il en tant qu’ancien président de la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication (HAAC) qui pense avoir contribué, en son temps, à libérer la presse du diktat du pouvoir politique.
Par rapport aux dérives du gouvernement qui font dire à certains qu’on s’écarte du consensus et de l’esprit de la Conférence, il fait savoir qu’il n’y a pas de liberté sans limite
Le gouvernement, qu’on le veuille ou non, a des prérogatives qui le mettent dans une position de suprématie par rapport aux autres acteurs socio-politiques. Il semble trouver cette situation normale. Toutefois, il se désole que l’administration publique soit anormalement politisée. A titre d’exemple, il mentionne que les responsables administratifs appartenant à différentes formations politiques proches du pouvoir ou non, sont portés à mettre le pouvoir administratif au service exclusif de leurs intérêts politiques. Normalement, rectifie-t-il, l’administration devrait afficher de la neutralité et de l’équité dans le traitement des affaires publiques. «Plus que de la politisation à outrance, je parlerai de politisation perverse», relève-t-il.
Sur le plan économique, la situation n’est pas non plus rose. La grande insuffisance du Renouveau démocratique réside, à l’en croire, à ce niveau. Cette nouvelle option n’a pas réussi à mettre l’économie au service du peuple.
On a parlé de libéralisme économique, mais cela ne se ressent pas dans le panier de la ménagère. Selon Timothée Adanlin, il ne suffit pas de mettre en œuvre le libéralisme, il faut aussi et surtout que l’économie se développe et que le citoyen puisse y trouver son compte.
Quand on parle aujourd’hui d’émergence, cela a un aspect économique, souligne-t-il avant d’identifier à la base de cette contre-performance économique, la mauvaise gouvernance, la corruption avec les scandales qui se succèdent. Pourtant, la Conférence nationale a recommandé la moralisation de la vie publique. «Qu’est-ce qui est moral maintenant dans le pays?» s’interroge Timothée Adanlin. La solution, suggère-t-il, appartient à tous. Aussi invite-t-il les citoyens en général à y réfléchir et les gouvernants en particulier à faire preuve de patriotisme et à se mettre au service de la nation pour induire les changements tant souhaités.


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