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Le Matinal N° 4292 du 19/2/2014

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Céphise Béo Aguiar : « Notre démocratie est plongée dans l’obscurité »
Publié le jeudi 20 fevrier 2014   |  Le Matinal




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« D’une façon générale, les acquis de la Conférence des forces vives de la nation de février 1990 au Bénin ont sur la durée, subi beaucoup d’attaques. Je crois que depuis 1991, il y a eu des couacs par rapport à ces acquis de la Conférence.

Les acquis sont notamment dans le politique, économique surtout. Dans le domaine politique, c’était un système pluraliste à mettre en place. Donc, de la démocratie tout simplement. Je ne peux pas dire qu’on a évolué en 24 années. Si nous avons pu faire souvent des élections depuis 1991 jusqu’à une date récente, si nous avons observé des alternances dans le pays, si on a progressé du point de vue politique d’une façon mitigée, on peut parler d’acquis.


Mais sont-ils préservés ? Non. Aujourd’hui par exemple, les élections ne sont pas organisées depuis quelques années. Par rapport à la vie politique du pays, nous avons dit pluralisme politique. Mais à quoi on assiste aujourd’hui ? Nous n’avons pas mis de balise à ce pluralisme et nous assistons à une véritable fragmentation de notre vie politique à telle sorte que toutes les familles vont avoir bientôt leurs partis politiques dans le pays.

Donc, le seuil de fragmentation politique est suffisamment avancé et on ne peut pas dire de ce point de vue, dans la conduite de la vie politique, que les acquis sont préservés. Ce n’était pas forcément les rêves de ceux qui ont fait cette Conférence. Certains sont encore là mais ils regardent ça avec beaucoup de peines.

Dans le domaine économique, nous avons parlé de libéralisme économique. Donc, le système économique doit être ouvert à l’individualisme d’une manière ou d’une autre, à la propriété privée, à la libre initiative, à la libre concurrence. Mais on observe aussi qu’à ce niveau, nos hommes d’affaires, nos opérateurs économiques, nos investisseurs nationaux ne sont pas protégés.

Et le premier détracteur est l’Etat notamment le gouvernement qui se met un peu trop à la trousse de ces hommes d’affaires et qui croit que ce sont les expatriés qui doivent faire le développement du Bénin. C’est à eux qu’on fait beaucoup de facilités, c’est eux qu’on magnifie quand on sort du pays.

Or dans des démocraties normales, dans des pays normaux comme la France, le premier agent commercial du pays, c’est le Chef de l’Etat. C’est lui qui va à la recherche d’opportunités pour ses investisseurs nationaux. On assiste aussi aujourd’hui à l’hyper-présence d’hommes d’affaires dans la sphère politique.

Cela pose un problème. C’est un cancer à la démocratie. Si c’est le pouvoir de l’argent qui va venir en politique, il y aura un diktat de l’argent et nous passerons de la démocratie à la ploutocratie c’est-à-dire le pouvoir des riches.

Nous avons en nostalgie, la première législature de 1991 à 1995. La qualité des débats à l’Assemblée nationale, la qualité de notre vie politique plaisaient et passionnaient les gens. On avait des cadres, des universitaires, des chercheurs, des ingénieurs, des agronomes, des diplomates… et cette qualité intellectuelle faisait rêver les Béninois.

Aujourd’hui, ces gens n’ont plus les moyens de venir dans la vie politique parce que c’est la charité politique qui gagne. Maintenant, j’en arrive au symbole physique de la Conférence, l’hôtel Plm Alédjo. Avec les amis de l’Observatoire des jeunes pour un Bénin nouveau que je dirige, nous avons voulu débroussailler le Plm Alédjo. Nous nous sommes rendus dans la salle des plénières où cette Conférence s’est tenue. Je peux vous dire que c’est un nid de reptiles, de chauve-souris, d’araignées, de serpents… plongé dans l’obscurité.

Cela voudra dire que la maternité du renouveau démocratique, de notre constitution, de la démocratie béninoise, de notre pays est dans l’obscurité. Je crois qu’on peut comprendre ce qui se passe au Bénin si cette salle de dialogue, de consensus se retrouve dans cet état. Pour les libertés, aujourd’hui, ça vire dans le rouge et il ne faut pas que la fatalité que nous avons évitée en 1990 ressuscite. Il ne faut pas réprimer les libertés.

Les Béninois n’aiment pas qu’on leur parle mal. Même si vous ne leur donnez pas à manger, il faut les rassurer. Ce qui est ambiant aujourd’hui, c’est que les gouvernants parlent mal à leurs compatriotes. Pour ce qui est de la jeunesse, nous nous avons le sentiment que nos ainés qui ont fait les projections en 1990, ont beaucoup plus pensé à la vie politique du pays et n’ont pas tracé les sentiers sociaux qu’il faut.

Nous avons l’impression qu’un vaste complot a été orchestré et continue d’être entretenu par nos ainés pour nous maintenir dans des conditions de vie précaires, dans le chômage, le sous-emploi, la précarité afin de continuer à pratiquer l’esclavage politique. Ils pensent qu’ils peuvent continuer à faire cette manipulation, à utiliser les jeunes comme des chairs à canon médiatique, comme des serpillères de leurs manifestations politiques.

Donc, nous nous faisons un travail d’éveil. Nous demandons à tous les jeunes de se libérer de l’esclavage politique et de s’intéresser à leur devenir, à l’avenir du pays, à la postérité, à nos enfants… ».

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