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La Nation N° 5930 du 20/2/2014

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Conséquences de la grève générale sur l’année scolaire : Les établissements privés entre désespoir et crainte
Publié le jeudi 20 fevrier 2014   |  La Nation


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Avec la reconduction des grèves de 72 h chaque semaine, le respect des 36 semaines de cours recommandées par la loi d’orientation de l’Education nationale pour la validation de l’année scolaire n’est plus possible. A priori, les établissements privés qui ne suivent pas le mouvement n’ont rien à craindre. Mais c’est bien une erreur de penser ainsi. Car, les conséquences de la grève dans les établissements publics ne les épargnent pas. Conscients de la menace d’année blanche et du prolongement du calendrier qui plane, les responsables de certains de ces établissements appellent au dialogue.


Par Maryse ASSOGBADJO et Alain ALLABI

Les écoles privées ne font pas grève, mais elles ne seront pas à l’abri de ses conséquences. En dehors de l’année blanche dans le pire des cas, les promoteurs d'écoles privées redoutent, dans le meilleur des cas, la prolongation de l’année scolaire.
Pour le censeur du Collège catholique Père Aupiais, Emile Godonou, les premières conséquences sont surtout d’ordre moral. L’on se soucie bien, dit-il, du mouvement de débrayage, qui jusque-là ne laisse présager d’aucune perspective. «Les cours évoluent normalement mais nous avons peur de connaître une année longue ou blanche.
De telles situations nous épuisent et ne nous donnent pas souvent le temps de préparer la nouvelle année scolaire», fait-il observer. Pis, la situation crée généralement des charges supplémentaires en matière pédagogique et d’énormes dépenses sur le plan économique aussi bien pour les enseignants que pour les parents.
«Si nous devons poursuivre les cours au-delà du calendrier scolaire initialement retenu, cela affectera énormément notre budget», redoute-t-il rappelant que l’année scolaire devrait prendre fin en juin prochain. N’ayant pas fait grève, ceux-ci disent avoir toujours mal vécu le fait qu’on leur fasse subir ses conséquences. Pour ce responsable d’école, les établissements d’enseignement privés ne disposent d’aucune arme pour faire arrêter la saignée. Seule l’humilité pourrait favoriser le retour à la normale de la situation, estime-t-il.
«J’ai l’impression que chacun s’assoit sur son ego et ne veut pas ramener la balle à terre», déplore le censeur du collège catholique père Aupiais.
Mêmes craintes au Complexe scolaire protestant (CSP). Cela met les apprenants sous stress. «On avance dans les programmes, sans être sûr d’aller à l’examen», indique Gabriel Ganhoutodé, directeur du CSP. La crise sociale qui secoue le pays commence par émousser l’ardeur des établissements privés.
«En tant qu’acteurs du secteur privé de l’enseignement, nous nourrissons de plus en plus des inquiétudes, parce que nous avions pensé au départ que la paralysie serait de courte durée», confie le directeur du CSP.

Les privés ressentent la douleur

La douleur de la paralysie des écoles publiques est également ressentie par les privées. La preuve, c’est que ce collège fonctionne suivant des prescriptions et peut évaluer en interne lorsqu’il s’agit des classes intermédiaires. Si les évaluations ne posent aucun problème pour les classes intermédiaires, il n’en est pas de même pour les classes d’examen.
«Lorsqu’il s’agit des classes d’examen, nous ne pouvons rien, parce qu’ils sont nationaux», explique-t-il. A partir de ce moment, lorsque le secteur public se porte mal, souligne-t-il, on a également d’énormes difficultés. Or, note-t-il, la vitalité des écoles privées est liée aux résultats des examens de fin d’année. Depuis le début de la grève, «nous sommes stressés et au fur et à mesure que nous évoluons dans le programme, l’inquiétude des élèves se fait remarquer.
Les groupes d’études qu’ont constitués les élèves à la rentrée ne fonctionnent plus et ces derniers se cherchent», regrette le directeur du CSP qui ajoute qu’avec la situation actuelle, les enseignants sont obligés de toujours mettre la pression sur les élèves jusqu’au dénouement de la crise. C’est sans compter avec les conséquences psychologiques que pourraient connaître les apprenants.
De plus, à compter du mois de juin jusqu’en août prochain, les enfants sont exposés à toutes formes de maladies, avertit Gabriel Ganhoutodé. En temps normal, cette période n’est pas favorable à l’apprentissage, et si on doit jouer les prolongations, ce serait grave pour les apprenants.
Evoquant une situation pareille survenue en 2005, il rappelle que son établissement a dû, en concertation avec les parents qui le peuvent, envoyer les élèves candidats au baccalauréat composer au Burkina Faso. Il ne manque pas de faire remarquer que les «années n’ont pas les mêmes vérités». Ainsi, il craint qu’on ne puisse pas avoir les mêmes possibilités pour sauver l’année scolaire pour les enfants.


Ne pas pénaliser les établissements privés


Etant donné que les établissements privés n’ont pas observé la grève, ses promoteurs n’admettent pas devoir priver leurs apprenants des examens de fin d’année.
Pour Emile Godonou, censeur au collège Aupiais, les établissements privés pourraient envisager de se porter vers la justice pour voir pourquoi l’Etat ne peut pas organiser pour eux lesdits examens.
«Si nous avons respecté le calendrier scolaire établi par l’Etat, nous avons le droit d’exiger les examens de fin d’année», note-t-il. Toutefois, il reconnaît que les acteurs publics ont aussi le droit de faire grève.
Poursuivant ses explications, le censeur du collège Aupiais fait observer qu’une fois au Sénégal, la situation s’était présentée. Les autorités de ce pays ont dû faire composer les apprenants des établissements n’ayant pas fait grève à la date fixée. Quant aux autres, ils ont bénéficié d’une rallonge pour avancer dans les programmes. Et ce n’est qu’après cela qu’ils ont pu aller à l’examen. «Je pense que cela est plus juste», estime-t-il. Si l’on s’en tient à ces explications, seuls les pouvoirs publics ont la situation en main et peuvent agir pour sauver l’année scolaire.
Ce qui se passe fait partie des heures difficiles que vivent généralement les présidents de la République à la fin de leurs mandats, conçoit-il. De ce fait, le chef de l’Etat, selon lui, a la possibilité de faire le nécessaire pour éviter le pire.
Analysant la situation, Gabriel Ganhoutodé, directeur du collège CSP à Cotonou, avoue que l’année blanche mettra les établissements privés dans d’énormes difficultés. Selon lui, vu que le CEP et le BEPC ne sont pas exigibles pour les élèves du CM2 et ceux de la 3e, ces derniers peuvent être admis en 6e et en seconde sous réserve de se rattraper, s’ils avaient réuni la moyenne. Mais au niveau des élèves de terminale, cela devient compliqué. «La grande difficulté et l’hécatombe, c’est au niveau des classes de terminales». Il n’y a pas de possibilité de les faire passer en année supérieure sans le Baccalauréat.
Conscients de cette situation, ils ne peuvent qu’avoir le moral très bas.
En effet, ils se disent que les sacrifices consentis par les parents ne peuvent être continuels. Si les élèves ne passent pas les examens, dans les classes terminales, il y aura deux promotions. Evoquant l’expérience de 2005, il trouve qu’il ne soit plus possible de la rééditer. Dès lors, sans trahir aucun secret, le directeur du collège CSP informe qu’il est envisagé une concertation des promoteurs d'établissements privés. Ces derniers se rencontreront, sous peu, pour décider des actions à poser pour dégeler la situation.
Mais en attendant, il invite le gouvernement à avoir de franches discussions avec les syndicalistes pour dénouer la crise. Les syndicalistes, qu’il dit comprendre, doivent se soucier des réalités du secteur privé qui fait 40% du système éducatif.
Quant aux apprenants, ils n’ont pas, selon lui, à baisser les bras. «Qu’ils continuent le travail», leur recommande-t-il.

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