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La Nation N° 5933 du 25/2/2014

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L’éducation non formelle au Bénin : Une expérience valorisante pour les analphabètes
Publié le mardi 25 fevrier 2014   |  La Nation


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Définie comme l’enseignement et l’apprentissage dans les langues nationales, l’éducation non formelle s’adresse aux personnes déscolarisées et aux personnes illettrées. Les connaissances acquises dans ce sous-secteur de l’éducation leur permettent de développer des compétences qui n’ont pas grand-chose à envier aux apprenants du sous-secteur dit formel.


Par Alain ALLABI


Tout n’est pas encore perdu pour les analphabètes et les déscolarisés. Grâce à l’éducation non formelle basée sur l’enseignement et l’apprentissage dans les langues nationales, cette catégorie de personnes a encore une nouvelle chance d’apprendre à lire et à écrire en langues nationales et même en langue française.
Au Bénin, ce type d’éducation est assuré par le Réseau national des opérateurs privés pour la promotion de l’alphabétisation et des langues (ReNOPAL).
Précisant les caractéristiques de ce type d’enseignement, Franck Arnauld Sédjro, directeur exécutif du ReNOPAL, indique qu’il s’agit d’enseignement apprentissage en langues nationales ou d’enseignement apprentissage de métier.
Dans ce lot des personnes ciblées, figurent celles dont s’occupe spécifiquement le ReNOPAL en leur apprenant à lire, à écrire, à calculer et même à poser des actions en langues nationales. «L’alphabétisation concerne surtout les adultes d’un certain âge (de 16 à au-delà)», dira-t-il.
Au niveau du ReNOPAL, les cours durent deux fois six mois. Les six premiers mois consacrés à l’alphabétisation initiale avec l’enseignement apprentissage en lecture, écriture et calcul en langues nationales auquel s’ajoute le fondamental français oral. Les autres six mois sont consacrés à la post-alphabétisation qui porte sur le renforcement des notions du niveau initial auquel s’ajoutent le français écrit et l’utilisation des méthodes de gestion d’activités génératrices de revenus, la numération, l’utilisation de l’heure et de la calculatrice.
En dehors des compétences linguistiques, les apprenants sont édifiés sur diverses thématiques dont l’hygiène sous toutes ses formes, l’éducation civique sur le droit à l’éducation, aux loisirs, à la sécurité, au respect du bien public et de l’autorité, etc.
Les langues dans lesquelles sont dispensés les cours sont le Fon, le Dendi, le Baatonu, le Fufuldé, le Adja et le Nago auxquelles s’ajoutent le Mina et le Goun. Mais le nombre de langues s’accroît grâce aux recherches et à la production de documents.
«Des ONG évoluant avec nous utilisent aussi d’autres langues propres aux milieux», souligne-t-il.
Au bout de la formation, il est délivré à l’apprenant une attestation pour l’alphabétisation initiale et une attestation pour la formation post-alphabétisation. Ces attestations sont, selon Franck Arnauld Sédjro, certifiées par l’Etat sous la signature du ministre de tutelle dont relève l’alphabétisation. Par rapport à la documentation, même si tout n’est pas rose, il indique qu’elle est disponible et aborde plusieurs thématiques telles que la démocratie, l’environnement.
Toutefois, il signale que les apprenants ne sont pas encore satisfaits. Ils attendent qu’il y ait des publications sur le processus de transformation des produits agricoles, les réalités du terroir, les relations de leurs cultures par rapport à la leur.

Les bienfaits de l’éducation non formelle

Quant à l’utilité de ces connaissances, Franck Arnauld Sédjro assure qu’elles permettent aux bénéficiaires de mieux agir. Ainsi, à travers la lecture, l’apprenant acquiert des connaissances sur ce qu’est la démocratie, ce qu’il faut faire pour éviter les maladies. Grâce aux connaissances, les relations de couple peuvent aussi s’améliorer. Portant un témoignage sur l’apport de l’éducation non formelle, il fait savoir que l’époux d’une apprenante s’est réjoui du progrès noté, voire de la métamorphose au niveau de son épouse.
En effet, il a remarqué que son épouse après avoir suivi un cours à Hlazounto, s’est améliorée dans l’entretien de la maison.
Cette dame qui oubliait les noms des visiteurs de son époux absent, dispose désormais d’un cahier dans lequel elle note ces derniers de peur de les oublier. Toutes choses qu’elle ne saurait faire si elle n’avait pas suivi les classes d’alphabétisation. Emerveillé par les changements positifs chez son épouse, l’homme l’a fait inscrire dans une auto école.
Et après l’obtention de son permis, elle a été gratifiée d’une voiture RAV4. Ainsi, c’est elle qui s’occupe du transport des enfants pour l’école. Avec son niveau de culture, elle parvient désormais à suivre l’évolution de ses enfants à l’école.
De même, l’éducation non formelle permet à certains apprenants d’accéder à l’éducation formelle. «C’est une transition pour accéder à l’éducation formelle», soutient-il. A ce propos, Franck Arnauld Sèdjro témoigne que des apprenants du système n’ayant jamais mis pied à l’école ont pu obtenir leur CEP. Dans ce cadre, il y a un programme dans le Borgou et l’Atacora piloté par Contact Suisse. Grâce à ce projet, les apprenants peuvent se présenter au CEP et même aller au-delà.
Dans un documentaire sur le bilan des actions de sa structure dans le Nord Bénin, Séverine Donnet Descartes, directrice résidente suppléante de la Coopération suisse souligne que l’alphabétisation est un outil qui permet aux adultes n’ayant pas eu la chance d’aller à l’école d’avoir accès au savoir qui dépasse l’apprentissage de la lecture et de l’écriture.
«Ils ont une meilleure connaissance de leurs milieux, de leur environnement, des questions de santé, d’agriculture. Cela a aussi d’impact sur leurs activités économiques et le développement du pays et surtout sur leur confiance en eux, et leurs sentiments d’être citoyens», témoigne-t-elle.
Parlant des départements du Borgou et de l’Alibori, la directrice résidente suppléante de la Coopération suisse révèle qu’ils ont les taux les plus élevés de l’analphabétisme au Bénin. Pour cette raison, explique-t-elle, la Coopération suisse y a concentré ses actions. Mais elle se réjouit des résultats. De 2004 à 2013, les ONG partenaires ont pu impacter 20.452 personnes dont 8485 femmes, soit un taux de 44%. Parmi les bénéficiaires, Bakou Issa, apprenante de Sinendé, assure qu’elle peut désormais lire et écrire en peulh. Mieux, elle sait lire les panneaux et les noms de ses parents.
Comme elle, Naparo Bani, éleveur de Wari, lit sans difficultés les étiquettes des boîtes de produits destinés aux soins de ses bœufs. «J’arrive à détecter rapidement les boîtes périmées», affirme-t-il avec fierté en indiquant qu’il n’a plus recours à personne pour ce faire.

Difficultés du ReNOPAL

Au total, le réseau compte près de 100 ONG membres. Mais toutes ne sont pas actives. Les actifs font à peine la quarantaine ou la cinquantaine et ce sont seulement une trentaine qui s’acquitte de sa cotisation. Cet état de choses empêche le réseau d’aller loin dans sa mission. A ce sujet, il salue la Coopération suisse dont l’appui n’est pas à négliger.
Mais conscient de l’ampleur des défis à relever dans le sous-secteur, il estime que des efforts restent à faire en matière de financement des activités.
Quant à l’Etat, il signale que le budget alloué est moins de 1% du budget de l’éducation nationale. «C’est exactement 0,24% du budget de l’éducation qui est affecté au sous-secteur. C’est triste et ridicule», estime-t-il ajoutant que pourtant plus de 60% de la population sont analphabètes.
Cela montre que malgré sa volonté de promouvoir le sous-secteur, il lui reste des efforts à faire pour marquer son engagement. Or, selon lui, l’UNESCO a recommandé que le sous-secteur bénéficie d’un taux de 3% du budget national. Cela est indispensable pour sortir les 60% de la population de cette situation. Ces difficultés n’émoussent pas l’ardeur du ReNOPAL qui envisage faire face à l’autre analphabétisme lié aux technologies de l’information et de la communication. «L’environnement lettré en matière d’alphabétisation n’est pas seulement une question de livre.
L’autre défi a rapport avec l’introduction des TIC dans l’enseignement en langues nationales», annonce Franck Arnauld Sédjro. Il est possible d’aller fouiller le dictionnaire dans lesdites langues, de faire en sorte que les apprenants en langues nationales puissent envoyer des sms. Dans cette perspective, il lance un appel aux partenaires pour que les 60% de la population concernée ne soient pas en marge de l’évolution technologique.


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