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Le diplomate Théodore Comlanvi Loko, ambassadeur du Bénin près le Saint Siège: « L’Etat doit avoir les moyens de protéger les citoyens et de les laisser pratiquer le culte de leur choix »
Publié le mercredi 5 mars 2014   |  L`événement Précis




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Expressément arrivé au Bénin dans le cadre de la visite de travail du 03 au 05 mars de Son Eminence Jean-Louis Cardinal TAURAN, ancien Ministre des Affaires étrangères du Pape Jean-Paul II et actuel président du Conseil Episcopal pour le Dialogue Inter-Religieux de la Curie Romaine, l’ambassadeur du Bénin près le Saint Siège, Théodore Comlanvi Loko s’est prononcé sur le dialogue inter religieux et la conférence épiscopale annoncée prochainement pour Cotonou.

Pour lui, il faut qu’il y ait une liberté de religion, une législation qui régit leur existence et que l’Etat assure l’ordre public et la sécurité des religions.



Dans son message, le cardinal a expliqué qu’il est ami de l’Afrique. Il n’a pas prétendu être venu comme professeur du dialogue religieux, mais qu’il s’agit d’abord de dialogue entre croyants et non de dialogue entre religions. Quand il s’agit du dialogue entre croyants, pour que ce soit une démarche qui porte des fruits, il faut que ceux qui sont en dialogue se connaissent eux-mêmes, connaissent leurs religions et soient dans une démarche honnête l’un vis-à-vis de l’autre. Dans notre monde, il y a beaucoup de conflits qui ont pour base la religion, et parfois, quand ce n’est même pas le cas, les religions sont instrumentalisées.

En ce qui concerne le Bénin, particulièrement, et le Président de la République l’a rappelé dans son intervention, « au Bénin, le dialogue est une réalité » et ça a été remarqué par le pape Benoit XVI. Mais trois ans avant 2010, c’est-à-dire en 2007, quand les évêques du Bénin sont allés au Vatican, le Pape Benoit XVI leur a dit ‘’attention, je sais que chez vous au Bénin, il y a le dialogue religieux qui est une réalité mais vous devez faire attention, c’est en temps de paix que vous devez préparer des personnes compétentes pour la prévention de conflits parce qu’on ne sait pas quand ça arrive’’. Le Mali lui a donné raison. Peu de temps après, Boko-Haram lui a donné raison.



Est-ce qu’il y a véritablement un problème entre religions pour que le Bénin soit choisi à côté d’un pays comme la Centrafrique où la question se pose ?

Non, c’est parce que le Bénin est perçu comme un pays où il y a la paix. N’oubliez pas que c’est un prélat qui a présidé la conférence nationale. Pour eux, c’est un signe positif. Ce qui est bon ici doit pouvoir être communiqué ailleurs. C’est bien de travailler sur un terrain où il y a un minimum de paix, de dialogue et dans l’espoir qu’il y ait un effet de ruissellement sûr, un peu comme si nous travaillons par cercle concentrique.

S’il y a la paix au Bénin et qu’on peut faire les débats, ce n’est pas pour rien qu’on a invité les conférences épiscopales de la sous-région. Si vous regardez au cœur du programme, à un moment donné, les évêques de la sous-région parleront entre eux des religions traditionnelles africaines pour voir dans quelle mesure, l’Africain étant forcément croyant, ça puisse quand même éviter qu’il y ait des crises dans des zones où il y a des gens qui croient en Dieu. Donc, il considère que le Bénin est comme une terre dans laquelle il a besoin de planter un arbre qui porte des fruits. En tant que pasteur, il y a ça en toile de fond. Mais, dans le même temps, il trouve qu’on ne peut pas évangéliser quelque part où il y a la guerre.

Quel est l’enjeu ?

Il y a deux enjeux fondamentaux. Il y a la juste conception de la laïcité et l’implication de la liberté religieuse dans nos Etats. La juste conception de la laïcité religieuse signifie que les confessions religieuses et l’Etat sont autonomes. Deuxième chose, même si l’église et l’Etat sont autonomes, dans la mesure où l’individu est à la fois citoyen et croyant, la bonne gouvernance impose qu’il y ait un minimum de dialogue. C’est même pédagogique. Tout le monde parle de laïcité comme s’il n’y a pas d’affaire de Dieu, non.

Parce que l’individu est à la fois citoyen et croyant, le gouvernant doit faire en sorte qu’il y ait un dialogue entre l’Etat et les confessions religieuses. C’est cela qui permet d’éviter les replis communautaristes. Si nous assistons au terrorisme aujourd’hui, ça s’analyse comme un repli communautariste contre la société. Donc, pour éviter ces genres de situations, il vaut mieux que ce soit une laïcité de dialogue et non une laïcité qui sépare les choses. Quand on parle de l’implication de la liberté de religion, c’est un principe politique qu’il revient aux Etats de traduire en leur droit positif.

Dans le même temps, l’Etat est obligé de prendre ce qu’on appelle impératif de service minimal, c’est-à-dire que, malgré son caractère laïc, il doit faire en sorte qu’il y ait une législation qui précise comment les religions ou confessions sont enregistrées. Chez nous, pour s’installer comme religion, il faut s’inscrire au Ministère de l’intérieur. Au niveau des textes et règlements, il y a l’obligation de s’inscrire mais après ça, il y a aussi que l’Etat qui assure l’ordre public doit faire en sorte d’assurer la sécurité quand les religions sont en conflit.


Est-ce que vous avez une idée des pays où il y a vraiment un problème de religion aujourd’hui ?

Le Cardinal n’est pas venu au Bénin pour faire de la géopolitique. Il est venu pour un dialogue entre croyants. C’est pour ça qu’il a essayé de définir le terme dialogue au départ. Il s’agit, pour moi, de rencontrer des gens.

Il a eu l’humilité de dire qu’il est venu pour apprendre mais dans son discours, il a précisé que l’Afrique est un continent de peuples croyants et qu’il est sûr que cela favorise le nectar même de ce peuple qui est forcément croyant, favorise même le dialogue inter religieux. Et en dernière analyse, il a ajouté qu’il veut voir dans quelle mesure Jésus-Christ est une bonne nouvelle sur ce continent comme sur celui-là.

Mais, est-ce qu’on va perdre de vue les réalités, par exemple, au Nigéria où il y a un véritable conflit entre les religions locales ?

C’est justement pour ça que le Président de la République, à la fin de son discours, a précisé que le gouvernement du Bénin envisage d’organiser une conférence régionale à Cotonou en collaboration avec les organisations sous régionales sur la dignité humaine et la liberté de la religion parce que, pendant longtemps, on parlait de sécurité d’Etat. Donc, ce sont les ONG et autres qui militent pour les droits de l’homme.

Mais finalement, on s’est rendu compte avec le cas du Mali que la sécurité humaine n’a pas de sens quand l’Etat n’a pas les moyens de protéger la population.

Donc, il y a un lien entre la sécurité humaine et la sécurité d’Etat. L’Etat doit avoir les moyens de protéger les citoyens, doit avoir la liberté de donner aux citoyens la possibilité de pratiquer le culte de leur choix et prendre une législation claire, en même temps capable de les protéger. Donc, cette conférence que le gouvernement propose pour Cotonou peut-être pour cette année ou l’année prochaine, avec la participation du Saint Siège, va créer ces conditions pour que les Etats sachent quels sont leurs devoirs et que les citoyens aussi sachent leurs droits et devoirs.

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