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Le Matinal N° 4301 du 4/3/2014

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Du Changement à la Refondation : le concept « Autorité de l’Etat » vidé de son contenu
Publié le mercredi 5 mars 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le chef de l’Etat Beninois, Yayi Boni.


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Selon le petit Larousse, l’Autorité c’est la personne ou l’organisme qui exerce cette autorité. La personne à laquelle on se réfère, qu’on peut invoquer pour justifier quelque chose. C’est la qualité par laquelle quelqu’un se fait obéir.

Et faire Autorité, c’est s’affirmer comme référence indiscutable. Pour récapituler, l’Autorité c’est l’incarnation du leadership, du respect. C’est un modèle. Mais une question. Suivant l’actualité sociopolitique au Bénin depuis 2006, le concept Autorité a-t-il encore tout son sens avec le gouvernement dit du Changement, de l’Emergence puis aujourd’hui de la Refondation ?

Ce que l’on sait le plus est qu’à l’avènement du régime dit du Changement, le pouvoir a quitté le Palais de la République pour descendre dans la rue, c’est-à-dire proche des populations à la base. Le chef de l’Etat n’est plus le mythe entretenu pendant longtemps au Bénin. Pour tout dire, le pouvoir a été désacralisé et de vils individus peuvent être reçus à la présidence, discuter directement avec le chef de l’Etat, se servir de son image à des fins inavouées.

L’on a encore à l’esprit les montages de photos du président Yayi Boni retrouvées avec les responsables du scandale financier Icc-services. L’autre fait qui caractérise le régime, c’est sa propension à la communication et ses voltefaces après des propos tenus, des décisions ou engagements pris. Lorsque l’Autorité qui rougit la veille au point de bondir sur ses sujets et le lendemain exhibe un sourire, on finit par dire que c’est du déjà vu.

Elle ne fait plus peur. La preuve, quand on se réfère à la dernière décision prise par le chef de l’Etat au sujet des grèves dans l’administration publique, à son appel à la reprise des classes et aux menaces proférées par son ministre du Travail à l’endroit des grévistes ainsi que la suite réservée à ces sorties de Yayi Boni et de Martial Sounton, la question posée supra se justifie aisément.

L’autorité a parlé, mais c’est à croire qu’elle a prêché dans le désert. Les travailleurs en grande majorité se sont alignés derrière le mot d’ordre des Centrales et Confédérations syndicales, sans se mouvoir malgré les probables sanctions que rendrait le gouvernement contre eux.

Le bras de fer se poursuit et advienne que pourra donc. Les secteurs qui ont suspendu momentanément la grève n’ont pas hésité à exiger du Chef de l’Etat des actes concrèts. Ceci, pour le prendre au mot après puisqu’ils ne lui font plus confiance.

C’est gâté

Mais en temps normal, est-ce qu’on devrait assister à une telle résistance quand l’Autorité parle ? Sans aucun doute, la réponse c’est non. Et qu’est-ce qui justifie alors cette attitude des travailleurs ? Pour nombre d’entre eux, le gouvernement et son chef se sont illustrés à plusieurs occasions dans des promesses sans suite.

Le fétiche est donc trop sorti et ne fait plus peur aux enfants. Les travailleurs se souviennent encore que le chef de l’Etat a traité les douaniers de « gonflés » et a déclaré que la réforme du Pvi-Nouvelle génération est irréversible. Contre toute attente, il est revenu sur ses propos en chouchoutant ces mêmes douaniers.

En 2010, il a donné espoir aux spoliés de Icc-services et consorts, mais à la date d’aujourd’hui, les victimes ne sont toujours pas rembousées. Les appelés au service militaire sont à la maison. Ils ne sont nullement des privilégiés pour l’entrée dans la Fonction publique comme on le leur avait miroité. Il y a trois ans, les enseignants et infirmiers avaient été déjà menacés d’être remplacés s’ils ne renoncent pas au mouvement de débrayage.

La suite, le gouvernement n’a pu mettre en exécution son plan. Il a dû négocier. Les exemples sont légion et visiblement, Yayi Boni et les siens n’ont toujours pas tiré les leçons de leurs erreurs. Ils se refusent d’aller à l’école de la « gestion du Béninois ». Le Béninois qui a vu plusieurs régimes passer à la tête du pays, de Maga à Nicéphore Soglo en passant par Zinsou sans oublier la période militaro-marxiste conduite par Mathieu Kérékou. Le prédécesseur de Yayi Boni n’a-t-il pas vu juste quand il déclarait en 2006 que « le Bénin est un petit pays mais lourd » ?

Ce n’est donc pas en vociférant, en écarquillant chaque fois les yeux ou en bastonnant nuit et jour ses enfants qu’on s’affirme. Certes l’Autorité c’est la rigueur, la fermeté mais surtout la constance dans les idées et les actes. A vouloir trop se dédire, nier ses propres engagements, on finit par verser l’Autorité qu’on incarne par terre. Et « dans un marigot où il y a des crocodiles et des caïmans », il faut faire très attention.

Jacques Boco

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