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La Presse du Jour N° 1860 du 5/4/2013

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Lutte contre l’insécurité au Bénin : Le faux débat autour de la collaboration des populations
Publié le lundi 8 avril 2013   |  La Presse du Jour




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Le Bénin n’est pas encore un pays développé. Mais le taux de criminalité dans ce petit pays du Golfe de Guinée coincé entre le Nigeria et le Togo inquiète. Outre la cybercriminalité qui a pris des proportions démesurées, on tue, on viole, on vole, on braque, parfois à la barbe des agents chargés d’assurer la sécurité des personnes et des biens. Et à chaque fois, survient cette épineuse question de la collaboration des populations pour traquer les hors-la-loi et les mettre hors d’état de nuire. Un vrai faux débat en sorte.

Le mercredi 3 avril 2013, la question de la collaboration des populations pour lutter contre l’insécurité grandissante au Bénin s’est invitée au débat. C’était à l’occasion de la présentation à la presse des gangsters qui ont semé la terreur dans la commune d’Abomey-Calavi, courant février-mars 2013. « Je vais demander à la population deux choses essentielles. La première, signaler aux autorités chargées d’assurer la sécurité toute présence de gens suspects dans leur environnement. La deuxième, se prêter aux interpellations des forces de l’ordre dans le cadre des contrôles de routine ». Ce sont là les deux exhortations de M. Louis Philippe Houdégnon, Commissaire central de Cotonou aux populations. Elles sont reçues cinq sur cinq quand bien même elles sonnent comme du déjà entendu. Mais en réalité, ces incantations sont loin de régler le véritable problème d’insécurité qui se pose à notre pays.
S’ils sont sérieux, les policiers et autres agents chargés d’assurer la sécurité des personnes et des biens et même leurs hiérarchies doivent témoigner que l’information qui leur faut pour traquer les bandits n’est pas ce qui leur fait défaut. Ce qui pose problème, c’est l’usage qui est fait de ces informations que fournissent les populations. Nombreux sont en effet les Béninois qui ont porté à la connaissance des policiers et autres, des informations sensibles mais qui en retour ont eu pour réponse : « nous n’avons pas de véhicule, nous n’avons pas de carburant ». Et en ce moment, le braqueur a déjà opéré. Les cas sont légion. Et par rapport au cas d’Abomey-Calavi, on a entendu le patron de la brigade de gendarmerie de la localité dire que le véhicule de patrouille qu’il a à sa disposition ne répond plus correctement parce que vieux de plusieurs années. A analyser tout ceci, il se pose inéluctablement un problème de sous équipement des unités opérationnelles de sécurité.

Manque d’engagement

Restons toujours à Abomey-Calavi pour signaler un fait gravissime. La maison qui a été récemment visitée par les gangsters enfin arrêtés par la police se trouve non loin de la maison d’un ministre hyper-militarisée. Qu’ont pu faire les militaires qui gardaient cette maison face aux braqueurs qui sont passés devant leur nez après avoir frappé ? Rien ! Cela pose un grand problème par rapport à l’efficacité opérationnelle de certains agents en arme. Et là-dessus, nous ne devons plus nous méprendre. Le mode de recrutement des agents chargés d’assurer la sécurité des personnes et des biens au Bénin ne se fait plus sur des bases normées. A la police, à la gendarmerie et dans une certaine mesure dans l’armée, on ne recrute que des fils à papa prêts à s’opposer aux ordres de leur hiérarchie à la moindre incartade, surtout lorsqu’ils sont soumis à un exercice difficile, mais formateur. Le résultat est que de nos jours, on a beaucoup plus d’agents rançonneurs des usagers de la route que des soldats au front. Ce ne sont pas les transporteurs qui se plaignent tous les jours qui nous démentiraient.
La question est donc beaucoup plus profonde et ce n’est pas la peine de claironner tout le temps qu’il faut que la population collabore.

Un contrôle sélectif suicidaire

Sur nos axes routiers par exemple, le contrôle que font les agents de sécurité n’est pas ce qu’il doit être. Il n’est pas rigoureux. Il est sélectif. Et très souvent, les véhicules qu’on laisse passer sont les plus suspects. Le jour où vous poussez votre toupet à relever cette incongruité, l’agent chargé du contrôle vous rétorque « si c’est vous qui allez lui apprendre à faire son boulot ». Comment les armes ne vont-elles pas circuler dans ces conditions ?
Dans leur mission de sécurisation des personnes et des biens, les policiers et les gendarmes doivent mettre un point d’honneur à contrôler rigoureusement tous les véhicules qui passent. Cela suppose que de gros moyens (mini-scanners par exemple) doivent être mis à leur disposition. Pendant qu’on y est, c’est une paisible citoyenne de Porto-Novo que des gangsters ont froidement abattu chez elle il y a 48 heures. Ils l’ont filé depuis Kraké, indiquent des sources. Trop c’est trop !

Le devenir des gangsters appréhendés

Que deviennent les malfrats et autres gangsters que les forces de sécurité publique arrêtent ? C’est la question que se posent aujourd’hui beaucoup de Béninois. Et cette question constitue le nœud gordien de la problématique de la lutte contre l’insécurité au Bénin. Dans notre pays en effet, beaucoup de bandits sont arrêtés et présentés à la presse comme un trophée de guerre. Ils sont par la suite confiés à la justice qui décide de leur sort. Certains d’entre eux écopent de lourdes peines. D’autres par contre sont vite relâchés dans la nature. Libres et mieux aguerris, ils récidivent et le cycle se perpétue. Ils deviennent plus dangereux qu’avant, tant pour la société que pour ceux qui ont contribué à leur arrestation sans que ceux-ci ne puissent bénéficier d’une certaine garantie de protection de la part des policiers, des gendarmes et autres. L’autre chose qu’il convient de souligner, c’est qu’il y a des agents de sécurité qui entretiennent des relations peu orthodoxes avec la pègre. Heureusement qu’ils sont connus de la justice. Ce qui fait qu’aucune importance n’est souvent taillée aux procès verbaux qu’ils dressent et envoient aux Procureurs.
Le mal est bien profond. Les populations font ce qu’elles peuvent. Il reste à l’Etat à qui beaucoup d’impôts sont versés d’assurer ses fonctions régaliennes dont l’une des plus importantes est la sécurité des personnes et des biens. Le taureau doit être pris par les cornes de façon permanente. Si non, les investisseurs risquent de partir.
Affissou Anonrin

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