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La Presse du Jour N° 1860 du 5/4/2013

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Relance du dialogue social : La Csa-Bénin et la Cstb saisissent le premier ministre
Publié le lundi 8 avril 2013   |  La Presse du Jour


Le
© Autre presse par DR
Le Premier ministre Pascal Iréné Koupaki


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Au Bénin, le dialogue social est au point mort. Entre l’Etat et ses partenaires sociaux que sont les confédérations et centrales syndicales, c’est le dialogue de sourds. C’est pour débloquer cette situation qui dure déjà trop que la Confédération des syndicats autonomes du Bénin (Csa-Bénin) dirigée par M. Lokossou Dieudonné et la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb) dirigée par M. Gaston Azoua ont décidé de saisir le premier ministre aux fins de relancer ce dialogue social. Quelle suite donnera le premier ministre à cette lettre des deux Confédérations syndicales qui date du 3 avril 2013 (Voir ci-dessous) ? On attend de voir.
CSA-BENIN CSTB
Cotonou, le 03 Avril 2013

A
Son Excellence
Monsieur le Premier Ministre
Cotonou
Objet : Demande de convocation de la Commission Nationale Permanente de Concertation et de Négociations Collectives

Gouvernement / Centrales et Confédérations syndicales
Excellence,
Nous, Secrétaires Généraux des Confédérations syndicales : CSA-Bénin et CSTB, à l’issue de plusieurs concertations, avons décidé au nom des travailleurs béninois, de saisir respectueusement votre Autorité par le présent courrier, aux fins de lui exprimer nos préoccupations essentielles face au blocage que nous observons depuis un certain temps du fait de l’indifférence qu’affiche le Gouvernement de la Refondation par rapport aux négociations collectives Gouvernement-Centrales et Confédérations syndicales. Cette inertie ne saurait en aucun cas se justifier face aux nombreuses doléances des travailleurs laissées en suspens depuis des lustres.
En effet, il ne serait pas superflu de rappeler à votre attention qu’à la suite des reports successifs des rencontres programmées par le Gouvernement, nous nous sommes finalement retrouvés le 19 Novembre 2012 à l’INFOSEC. Au terme de nos échanges, les différentes revendications sociales des Agents Permanents de l’Etat (APE) portées à la connaissance du Gouvernement n’ont reçu aucun écho favorable.
Pendant que les conditions de vie et le pouvoir d’achat des travailleurs de tous les secteurs d’activités dans notre pays ne cessent de s’effriter de façon drastique, le Gouvernement de la Refondation se complaît dans un silence étonnant avec à la clef, la rupture unilatérale du dialogue social avec les partenaires sociaux que nous sommes. Nous ne saurons en aucun cas, de par notre silence, accompagner le Gouvernement dans cette attitude négative sans être traités de renégats par les travailleurs qui ont commencé par nous interpeller de toute part.
Monsieur le Premier Ministre,
Sans être des oiseaux de mauvais augure, il n’est pas exagéré d’affirmer ici que la tension sociale dans le monde du travail qui s’est beaucoup dégradée ces dernières années a atteint de nouveau son paroxysme, surtout en raison du refus obstiné du Gouvernement d’appliquer sans discrimination aucune à tous les Agents Permanents de l’Etat, les effets découlant du décret N°2011-505 du 05 Août portant revalorisation de l’indice de traitement. Malheureusement, nous ne pouvons pas, dans le cadre de cette correspondance, citer tous les points de discorde qui fondent la colère et la grogne des travailleurs.
Par ailleurs, malgré les déclarations et autres professions de foi des autorités, la corruption, dans notre pays, prend tous les jours des proportions alarmantes. Tandis que l’impunité est accordée automatiquement aux amis du pouvoir, les honnêtes citoyens sont attraits devant les tribunaux et condamnés pour des délits d’opinion.
Le dernier scandale qui continue de polariser l’attention de tous les béninois est l’organisation calamiteuse et la proclamation, par le Ministère du Travail et de la Fonction Publique le 31 Décembre 2012, des résultats frauduleux issus des concours de recrutement d’Agents Permanents de l’Etat, sessions des 28 juillet et 25 Août 2012, au profit du Ministère de l’Economie et des Finances. Malgré les diverses réactions et dénonciations des organisations syndicales, des ONG et de certaines personnalités de la société civile, les organisateurs de ces fraudes massives sont encore maintenus à leur poste, comme si de rien n’était, en violation flagrante de l’article 15 de la loi portant lutte contre la corruption et autres infractions connexes en République du Bénin. Alors qu’il est clairement stipulé que : «Le recrutement, la promotion et la mise à la retraite des agents publics doivent reposer sur des critères objectifs et sur les principes d’efficacité, de transparence et non discriminatoire», nous nous retrouvons, avec les fraudes ayant émaillé ces concours, très loin des principes sacrés et autres vertus attendus des dirigeants politiques. Et pourtant, l’exemple doit venir d’en haut.
Bien que le Ministre du Travail et de la Fonction Publique interpellé ait décliné sa responsabilité à travers des correspondances adressées au médiateur de la République et au Président de l’OLC en accusant ouvertement ses collaborateurs, le Directeur du recrutement des agents de l’état et le Directeur Général de la Fonction Publique d’être les principaux auteurs de l’acte immoral de manipulation des résultats desdits concours, ceci n’a pas empêché le Préfet du Borgou-Alibori d’autoriser les nervis du pouvoir à organiser des marches à Parakou ou donner des interviews inspirées dans des journaux pour soutenir les responsables des forfaits ainsi commis. Dans le même temps, toutes les marches de protestations programmées par les victimes des fraudes sur le Ministère du Travail et de la Fonction Publique à savoir : les chômeurs, les étudiants, les diplômés sans emplois, les handicapés, les pauvres, etc … sont interdites ou tout simplement réprimées dans la partie méridionale de notre pays par des préfets dans des rôles d’excès de zèle.
Il y a lieu de faire le constat amer que tous les abus et violations des libertés publiques, notamment celles syndicale et de presse se font au mépris de la Constitution et de certaines conventions internationales souscrites pourtant par notre pays.
Face à ce tableau apocalyptique de la situation sociale, le mutisme n’est plus de mise. C’est pour cela que, conscients de nos responsabilités historiques et morales vis-à-vis des travailleurs, nous vous invitons, en votre qualité de Président, à convoquer dans les meilleurs délais, la Commission Nationale Permanente de Concertation et de Négociations Collectives, Gouvernement/Centrales et Confédérations syndicales (CNP-CNC) créée par décret N°2009-519 du 16 Octobre 2009 et qui est sous anesthésie pour des raisons que les travailleurs ignorent.
Au cas où notre requête rencontrerait votre adhésion, nous vous suggérons d’inscrire à l’ordre du jour de la concertation les points ci-après :
- Réexamen des problèmes liés à la revalorisation de la fonction enseignante ;
- Etude des modalités pratiques pour l’application à tous les Agents Permanents de l’Etat sans distinction du coefficient de revalorisation de 1,25 de l’indice de traitement conformément au décret N°2011-505 du 05 Août 2011 ;
- L’étude et le règlement en urgence de la situation des travailleurs de l’OCBN qui sont sans salaire depuis plus de 12 mois.
- Examen du dossier de la proclamation des résultats des concours frauduleux par le Ministre du Travail et de la Fonction Publique ;
- Restitution aux APE des fonds illégalement prélevés sur les salaires pour faits de grève licite ;
- Problèmes liés à la violation des libertés publiques par certains préfets ;
- Situation des agents contractuels reversés dont l’administration refuse de reconnaître les diplômes.
Il demeure bien entendu que ces points évoqués supra ne sont pas exhaustifs car, des discriminations existeraient dans l’application progressive des 25% de revalorisation de l’indice de traitement aux travailleurs de la fonction publique car, des indiscrétions qui nous sont parvenues font état de ce que, les travailleurs des Ministères de la Défense et de l’Intérieur bénéficieraient déjà des arriérés de 5% au titre de 2011 alors que tous les autres ministères attendent toujours.
En vous saisissant officiellement de la situation de malaise qui prévaut sur le plan social dans notre pays et qui pourrait dégénérer à tout moment, notre intention est de permettre à votre Autorité de prendre des mesures hardies pour prévenir le pire dans l’intérêt de la paix sociale.
En vous renouvelant notre sympathie, veuillez recevoir, Excellence, Monsieur le Premier Ministre, l’expression de nos sentiments respectueux.
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