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Lettre Ouverte de la diaspora au Chef de l’Etat
Publié le dimanche 16 mars 2014   |  24 heures au Bénin


Le
© Autre presse par DR
Le chef de l’Etat Beninois, Yayi Boni.


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Lettre ouverte à Monsieur YAYI BONI
Président de la République du Bénin


Monsieur le Président de la République,
La situation sociopolitique du Bénin marquée par une tension sociale très forte nous amène, nous membres de la Diaspora, à vous écrire.
Nous osons espérer que nos préoccupations sont partagées par la grande majorité de nos concitoyens, qui n’ont pas d’a priori politique et dont le seul souci est le bien-être du Bénin, le respect de sa constitution et des libertés fondamentales qu’elle garantit.

Nous nous adressons à vous non seulement en votre qualité de chef du gouvernement mais aussi en tant que chef de l’État et Président de la République. A ce triple titre, vous êtes garant de la cohésion sociale et du bon fonctionnement de l’État ainsi que du respect de notre constitution.

Or ces trois aspects fondamentaux de notre vie nationale, de par leurs dysfonctionnements, sont au cœur de la crise qui paralyse la société béninoise depuis plusieurs semaines. Paralysie génératrice de pertes économiques pour l’État, de mise en danger de la vie de nos concitoyens, de blocage de la scolarité dans tous les ordres d’enseignement, avec le risque d’une année blanche qui menace nos écoliers, collégiens, lycéens et étudiants.

Pour tout observateur attentif de la situation sociopolitique du Bénin depuis 2006, année à laquelle vous avez accédé à la magistrature suprême, ce n’est pas vous faire grief que d’affirmer que votre responsabilité est engagée dans les difficultés et blocages sociaux que connaît le Bénin aujourd’hui.

Votre gouvernance déroute nos concitoyens et jure avec les espérances qu’ils ont investies dans la culture et les pratiques héritées du renouveau démocratique. Vous êtes venu au pouvoir en 2006 avec la promesse du changement, et vous terminez votre premier quinquennat sans que rien ne change dans les mœurs politiques, sociales et dans les capacités économiques de la grande majorité des Béninois.

Après un maintien au pouvoir en 2011 qu’on peine à qualifier d’élection, vu les énormes irrégularités qui l’ont marqué, vous avez mis à l’honneur un nouveau slogan sous le nom de Refondation. Mais pour l’immense majorité de nos concitoyens, ces dénominations captieuses n’ont rien changé à leur vie, sinon qu’elle est abandonnée à elle-même, dans la débrouille, la pauvreté et la misère. Pendant ce temps, vos amis politiques ainsi qu’une minorité de profiteurs qui vous entourent s’enrichissent à vue d’œil et en toute impunité.

Votre gouvernance est scandée de scandales à répétition, marqués par une impunité outrageuse. Certaines affaires au sommet prennent une dimension internationale qui rejaillit de façon affligeante sur l’image de notre pays. Beaucoup de Béninois et de Béninoises ont de bonnes raisons de s’inquiéter de l’équité régionale dans le traitement et les chances qui sont offertes à chaque citoyen.

Ce palmarès affligeant est source de frustration, d’inquiétude et de mécontentement au niveau des populations, des organisations syndicales, de la société civile et des travailleurs. Dans ce contexte, les formes d’expression démocratique consacrées sont les seuls moyens pour le peuple de se faire entendre. Mais il n’est un secret pour personne que la parole au Bénin depuis 2006 n’a plus la liberté qu’elle avait jadis.

Les médias d’État rendent difficile l’expression des voix discordantes avec celle de votre régime. Ce n’est pas vous faire injure que de dire que l’ORTB, l’Office national de radio diffusion et télévision du Bénin est devenue une agence de publicité de votre régime, un cirque émotionnel de bas étage, qui ne donne la parole à longueur de journée qu’à vous seul et à vos amis politiques ; pendant que l’opposition, la pensée et la diversité y sont quasi inexistantes.

Sous votre régime, les émotions privées de quelques-uns ont pris le pas sur la pensée collective, et le débat a déserté le forum. Cette imparité médiatique a son pendant politique dans la part de lion que vous vous êtes habilement taillée à l’Assemblée nationale, à coups d’élections frauduleuses et d’achats de conscience.

Or l’origine des grèves qui se sont généralisées depuis quelques semaines vient de la mise en cause de ces libertés fondamentales. En décembre dernier, une manifestation des syndicats a été réprimée dans le sang. Elle portait alors quelques revendications d’ordre social et démocratique. Cette réaction brutale de la part du gouvernement a conduit le mouvement à se réaffirmer sous le signe évident de la défense des libertés fondamentales. Mais comme à votre habitude, au lieu de dialoguer en bon père de famille, vous avez choisi la méthode forte, le pourrissement et le bras de fer.

Puis tout récemment dans un discours censé calmer la tension, vous avez rabattu la motivation des travailleurs sur la seule question subsidiaire des défalcations, sans daigner considérer les motifs initiaux de leurs revendications. Ce détournement d’intention a été vécu par l’immense majorité des travailleurs comme une preuve de mépris et de mauvaise volonté de votre part.

M. le Président, après ce bref rappel des faits, il n’est pas superflu de rappeler aussi les points essentiels de la plate-forme revendicative des travailleurs et des syndicats :

1. Le limogeage du préfet de l’Atlantique, M. Placide AZANDE, et du commissaire Pierre AGOSSADOU

2. L’annulation du concours frauduleux, auquel le gouvernement a donné son aval.

3. Et d’une manière générale, la restauration d’un climat de liberté et de vie démocratique normale.

M. le Président, tels sont donc les causes immédiates de la crise qui paralyse le pays depuis plusieurs semaines et qui menace, si rien n’est fait, de faire sombrer le frêle équilibre socioéconomique de notre pays. Or, malheureusement, votre discours du 28 février 2014 n’a pas brillé par sa volonté d’ouverture sincère et de dialogue.

Puisqu’à maintes reprises, vous avez qualifié les grèves d’illégales et de politiques. Par ailleurs, alors que les représentants syndicaux et vos émissaires étaient en négociation, en violation flagrante des convenances, vous avez choisi l’occasion de votre discours pour faire des annonces anticipées. Cette façon de couper l’herbe sous le pied des partenaires sociaux laisse perplexe quant à la sincérité de votre volonté de dialogue.

La tonalité de votre discours, sans compter son insertion paternaliste, n’est pas un modèle de main tendue aux partenaires sociaux. Vous avez cru et espéré les avoir à l’usure. Ainsi pourrait-on comprendre le fait que vous les mettiez en face de négociateurs de complaisance, démunis des leviers indispensables à la résolution des problèmes soulevés.

Et il n’est pas jusqu’à la réduction de leurs revendications à la seule motivation pécuniaire que résume votre concession sur la question des défalcations, qui ne soit perçue comme un mépris de leur lutte et de leur sacrifice.

M. le Président de la République, n’est-il pas dans votre intérêt et celui de la nation de laisser derrière vous une situation sociopolitique digne d’être citée en exemple ? Le rappel des faits qui ont marqué votre gouvernance depuis 2006 ne plaide pas pour l’instant en faveur d’une postérité dont vous et vos amis puissiez être excessivement fiers. Bien au contraire, ces faits vous disqualifient pour prétendre continuer à présider aux destinées de notre pays, et ce sans préjudice de l’assomption de vos responsabilités devant la loi.

Monsieur le Président,

Le combat de nos concitoyens pour les droits fondamentaux de tous, sont pour nous autres de la Diaspora une raison de fierté. La démocratie est un chantier commun à l’édifice duquel leur combat apporte sa pierre salutaire. Leurs souffrances et leurs sacrifices sont dès lors pour nous source de tristesse.

Et, où que nous soyons dans ce monde devenu un village planétaire, nous ne pouvons jouir de paix tant que ces sacrifices et ces souffrances ne seront pas soulagés ou reconnus à leur juste valeur. La répression violente de la manifestation pacifique du 27 Décembre est une aberration démocratique et humaine que nous ne voudrions plus voir renouveler dans notre société.

Plus jamais, Monsieur le Président, nous ne voudrions que soit versé le sang de citoyens innocents agissant dans le cadre des libertés garanties par la Constitution. Notre solidarité à l’égard du peuple en lutte et de ses représentants syndicaux est pleine et entière.

Elle est la raison principale pour laquelle nous avons décidé de vous écrire. En donnant satisfaction à notre requête, Monsieur le Président, non seulement vous soulagerez les souffrances du peuple, mais vous donnerez à la Diaspora Béninoise motif d’espérer que la démocratie triomphera.

Veuillez croire monsieur le Président, en l’expression de nos sentiments patriotiques.

Paris le 09 mars 2014

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