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Le Matinal N° 4312 du 19/3/2014

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Soupçons de malversation à la Police nationale : Où vont les fonds de patrouilles ?
Publié le mercredi 19 mars 2014   |  Le Matinal


Le
© Autre presse par DR
Le Directeur général de la Police nationale (Dgpn), Louis-Philippe Houndégnon


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Le Syndicat national de la Police (Synapolice) a jeté un pavé dans la mare des autorités en charge de la sécurité nationale. Il leur est demandé des comptes au sujet de la gestion des fonds destinés aux opérations de patrouilles d’une part, et ceux des missions qu’effectuent les policiers d’autre part. Le Directeur général de la Police nationale (Dgpn), Louis-Philippe Houndégnon semble n’y comprendre grand-chose. Le débat réveille des soupçons.

« Les citoyens béninois et les policiers veulent savoir à quoi servent les fonds d’opération de patrouilles et les fonds liés aux missions. En dépit d’un salaire de misère, nous continuons par gagner 5000 FCfa pour primes de risques et les primes de grade sont à 10.000 F Cfa. Et nous serons davantage sollicités pour gérer les graves crises sociales… ».

S’interrogeant sur la destination des frais alloués à certaines missions des forces de sécurité, le secrétaire général du Synapolice, Waïdi Akodjènou exprime un sentiment de ras-le-bol qui s’est généralisé à la Police nationale. Il est rare d’entendre ce genre de propos sur la place publique. Si cela a pu être le cas lors d’une cérémonie à laquelle la presse était invitée, il y a lieu de comprendre le message livré.

Ils en ont marre d’être mal traités et de ne pas pouvoir toucher les primes qui leur sont destinées dans l’exercice de maintien de l’ordre et de sécurisation des personnes et des biens. Dans cette affaire, le Synapolice n’a fait que mettre sur la place publique ce que beaucoup savent dans la corporation. Malgré ses nouvelles responsabilités dans le commandement, Waïdi Akodjènou, actuel Commissaire de Sèmè Kraké a touché un point névralgique du fonctionnement de la Police nationale du Bénin.

Une affaire connue de tous, mais peu évoquée

C’est une affaire qu’on murmure très souvent dans les structures policières. Mais, c’est l’une des rares fois qu’on l’évoque dans un tel cadre pour la porter à la connaissance de l’opinion publique. Ce qui préoccupe le Synapolice, c’est la destination de l’enveloppe financière affectée aux opérations en question.

C’est une question capitale qui doit intéresser non pas que les agents, mais aussi toute la population du Bénin en raison du secteur qu’elle touche, connaissant les conséquences qui en découleront. Si le Représentant des flics se permet de hausser le ton, cela veut dire qu’on est en face d’une situation qui les exaspère depuis et qui pourrait les désarmer pour se montrer efficaces lors des opérations auxquelles ils sont appelés

Le syndicaliste a habilement montré que cette situation que vivent les policiers n’est pas de nature à les galvaniser, surtout en ces périodes de plus en plus marquées par des agitations sociales. Dans un tel climat où les conditions de travail sont très précaires, les fonctionnaires de police seront davantage sollicités pour gérer de graves crises sociales. Il y a urgence à faire face aux préoccupations exprimées par Waïdi Akodjènou. Le fait qu’il parle en ces termes, signifie qu’il est suffisamment informé que les fonds des opérations de patrouilles sont bloqués à un niveau donné de la chaîne de commandement des forces de sécurité publique.

Cela veut dire également que la pratique ne date pas d’aujourd’hui et qu’elle se passe au nez et à la barbe des autorités compétentes. Il s’agit d’un cri de détresse qui non seulement montre la Police comme l’enfant mal chaussé de la République, mais aussi met en évidence le jeu flou qui caractérise la gestion des fonds des opérations de patrouilles et de missions. Les informations rendues publiques à ce jour ne permettent pas de cerner la destination de l’enveloppe financière encore moins le montant. On n’aperçoit même pas la tête de l’argent avant de voir sa queue.

L’une des informations grappillées, est qu’une somme est destinée aux agents de sécurité et malheureusement est gérée dans un flou général. On ne saurait dire les orientations qu’on lui donne, mais elle n’est pas dispatchée aux ayants-droits. Selon certaines informations, le flou qui existe dans la gestion de ces fonds rend plus difficiles les opérations de patrouilles et constitue parfois un alibi dont se servent certains policiers pour rançonner les populations.

Indispensable
transparence

Ces informations ont étonné et même choqué le Directeur général de la Police nationale Louis-Philippe Houndégnon.

S’inquiétant de l’impact que pourrait avoir le discours du Synapolice dans le rang des flics, l’ancien Commissaire Central de Cotonou et ex-Commandant de l’Unité spécialisée Raid très sollicité pour les opérations de patrouilles et des missions, a répondu aussitôt en montrant que le syndicat a raison de poser ces problèmes. « Sur la question de primes d’opération de sécurité de patrouille, je voudrais vous rassurer que vous me trouverez à vos côtés, je me battrai contre tous, pour que tout ce qui doit revenir à la Police lui revienne parce que c’est vous qui êtes sous le soleil. Je suis prêt à tout sacrifier jusqu’au poste.

Je ne suis attaché à rien, vous me connaissez très bien. Il faut que ce qui revienne à la police lui revienne en son temps, s’il y a des fonds de patrouilles de sécurité. Ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui déploie la troupe sur le terrain. C’est bien la Police et je conçois légitimement avec vous que vous posiez ce problème. Et sans déclarer les secrets de commandement, j’étais sur le point de saisir les autorités du ministère pour qu’on discute clairement du fonctionnement de la Police… », a déclaré Louis-Philippe Houndégnon.

Ainsi, d’après le Dg de la Police nationale, la Police est en droit de se poser des questions sur ces fonds. Elle est en droit de connaître où va l’argent. Il a au passage souligné combien il est difficile de travailler dans de mauvaises conditions quand on est fonctionnaire de Police. Louis-Philippe Houndégnon a montré qu’il a hérité d’une Institution sans moyens, mais qu’il a l’obligation de travailler pour lui donner ces moyens. Le Dg/Pn a promis retrouver ces fonds s’ils sont effectivement destinés aux opérations de patrouille. Il veut œuvrer pour que toute la transparence soit faite sur ce dossier tel que le souhaite le Synapolice.

Une telle transparence est indispensable pour situer les responsabilités à chaque niveau de la chaîne de commandement. En cherchant à comprendre la façon dont les fonds destinés aux opérations de patrouille sont utilisés, ils interpellent la hiérarchie.

Louis-Philippe Houndégnon qui a non seulement marqué son étonnement face aux déclarations du Sg/ Synapolice a planté ne décor en indiquant que ce n’est pas le ministre de l’Intérieur qui déploie la troupe sur le terrain. Il est allé plus loin en disant qu’il était sur le point de saisir les autorités du ministère pour discuter clairement avec elles du fonctionnement de la Police. On pourrait déceler dans son propos, un certain niveau de responsabilité dans ce que dénonce le Synapolice. Mais on ne dit rien pour le moment.

Fidèle Nanga

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